17ème édition de Ciné Droit Libre Abidjan : Le festival appelle à la paix et à la cohésion avant l’élection présidentielle

17ème édition de Ciné Droit Libre Abidjan : Le festival appelle à la paix et à la cohésion avant l’élection présidentielle
Entre projections-débats, atelier de formation et spectacle, cette 17ème édition de Ciné Droit Libre Abidjan s’est globalement bien déroulée

Le cinéma militant s’éveille dans la capitale économique ivoirienne. La 17ème édition de Ciné Droit Libre – festival de films sur les droits humains et la liberté d’expression – à Abidjan s’est tenue, du 10 au 13 septembre dernier. Organisé par l’association Ciné Connexion, en partenariat avec le Goethe-Institut, et avec le soutien de la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté, l’événement s’articulait autour du thème : « Allons à la paix ! ».  Il a donné lieu à des projections-débats au Goethe-Institut à Cocody, et à Abobo, sur le parking du Groupe scolaire Nord ainsi qu’un master class en MOJO (Mobile journalism) axé sur les droits humains et l’écriture de chanson engagée.

La soirée d’ouverture a été marquée par le projection, pour la première fois, à Abidjan du long métrage documentaire « Loin de moi la colère » du réalisateur ivoirien Joël Akaffou, lauréat de l’Etalon de Yennenga de Bronze au Fespaco 2025. Le film relate le combat d’une brave dame, Maman Jo, pour amener les populations de Ziglo à réapprendre à vivre ensemble, après les violences communautaires lors de la crise postélectorale de 2010-2011. La séance a été suivie d’un débat pertinent et passionnant sur les défis de la paix et de la cohésion sociale.

 Ainsi, sous la houlette du modérateur, Augustin Tapé, journaliste, les quatre panélistes à savoir Landry Kuyo (juriste et enseignant), Dr Séverin Yao (sociologue et directeur exécutif de l’ONG Indigo Côte d’Ivoire) et Mamadou Koné (PCA de l’ONG Action Justice) ont unanimement salué d’entrée l’initiative noble de Maman Jo. Tout en déplorant la polarisation du climat sociopolitique et la résurgence des dérives tribales, haineuses, ils ont insisté sur la nécessité pour les Ivoiriens, au-delà de leurs divergences ethniques et d’opinion politique, de préserver la paix et la cohésion. Ils ont engagé les populations en cette période électorale à tourner le dos à la violence. Non sans partager leurs expériences respectives sur le terrain.

Avant cette projection-débat, il y a eu la prestation de l’humoriste burkinabè Wel.vy la référence qui a fait tordre de rire la salle et, bien entendu, l’incontournable séquence des allocutions. C’est d’abord la directrice adjointe du Goethe-Institut, Mme Claudia Schilling, qui a relevé la pertinence de ce festival et réitéré l’engagement de son institution, partenaire historique, à l’accompagner. Ensuite, le coordonnateur de Ciné Droit Libre Abidjan, M. Yacouba Sangaré, a décliné l’ambition du festival d’engager, cette année, les populations à œuvrer pour une élection présidentielle apaisée.

Quant à Mme Béhira Bénédicte Koffi, chargée de programme à la Fondation Friedrich Naumann, qui représentait la directrice Afrique de l’Ouest, Mme Alexandra Von Schumann-Heldt, elle a dit la volonté de sa structure, à travers ce festival, de promouvoir le dialogue, renforcer la confiance et de construire ensemble les bases d’une paix durable au service des générations présentes et futures. Pour M.  Jean Eudes Pokou, qui s’exprimait au nom de Mme Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la Francophonie, Ciné Droit Libre Abidjan est plus qu’un festival de cinéma. « C’est un carrefour de débats, de réflexions, et d’engagement pour la défense des valeurs démocratiques et des droits fondamentaux. A l’approche de l’élection présidentielle, ce festival nous rappelle à la vigilance collective et la responsabilité individuelle. Il appelle à la promotion de la paix, au respect des opinions diverses, et de la diversité des expressions dans un esprit de fair-play et de civisme », a-t-il souligné.

 

Des débats intenses, des spectacles époustouflants et des engagements forts pour la paix

Après l’ouverture, le festival a pris ses quartiers à Abobo, les jeudi 11 et vendredi 12 septembre, pour deux soirées de projections-débats organisées sur le parking du Groupe scolaire Nord autour des thématiques suivantes : paix et cohésion sociale, migration irrégulière, extrémisme violent, etc. Avec en prime des échanges enrichissants avec le public. Pendant ce temps, une vingtaine de jeunes (étudiants, acteurs culturels et des médias, membres de la société civile…) ont été outillés en MOJO (Mobile journalism). La formation était axée sur la production de contenus sur les droits humains et l’écriture de chanson engagée.

Enfin, cette 17ème édition de Ciné Droit Libre Abidjan a refermé ses portes, le samedi 13 septembre, au Goethe-Institut avec la soirée de clôture meublée par une projection du film « Hyper connectés, les risques du trop d’informations », sur les dangers de l’infobésité et l’addiction aux écrans, suivie d’une discussion avec le journaliste Anderson Diédri. Et un concert de clôture qui a vu les artistes Wel.vy la référence, le groupe afro-jazz ivoirien Jarafro et le bassiste tanzanien Humphrey Mubba, qui ont fait vibrer le public dans une allégresse totale. Un final de toute beauté pour une édition 2025 qui a été globalement réussie, en dépit de nombreuses difficultés liées au manque de ressources.

 

Malaoua Bertin