Interview-José Kéi Farlex (Promoteur des arts, de la culture et du sport en Afrique du Sud) : “Les artistes ivoiriens doivent songer à percer l’Afrique australe et anglophone”

Il est Ivoirien. Artiste chanteur, installé en Afrique du Sud, depuis plus d’une décennie, José Kéi s’est reconverti en manager, promoteur d’artistes et de spectacles culturels et sportifs. Dans cette interview, il présente les opportunités qui s’offrent aux artistes ivoiriens en perçant le marché sud-africain en dépit de la barrière linguistique qui, pour lui, ne peut être un obstacle. 

Interview-José Kéi Farlex (Promoteur des arts, de la culture et du sport en Afrique du Sud) : “Les artistes ivoiriens doivent songer à percer l’Afrique australe et anglophone”
José Kéï :

Le Patriote :  Dans le domaine culturel, quelles sont les opportunités qu'offre l'Afrique du Sud ? 
José Kéi Farlex : L’ntégration, en Afrique du Sud, n'est pas du tout facile, bien que le pays soit situé sur le continent africain. Dans la nation de Nelson Mandela, le professionnalisme est considérable et les artistes vivent pleinement de leur art avec de bonnes structures occidentales mises en place pour mener à bien leurs carrières artistiques, culturelles et sportives. Cela profite à un grand nombre d’artistes nationaux sud-africains. Quant aux opportunités, elles sont suffisantes mais il faudra que les promoteurs culturels, que nous sommes et avec l’appui des autorités de nos différents pays africains, créons un pont culturel entre l’Afrique du Sud et nos pays. Une coopération renforcée, dans le domaine artistique, culturel et sportif de ces pays avec l'Afrique du Sud peut nous permettre de mener à bien notre mission de mécène et d'ambassadeur de la culture dans ce pays. 

LP : Pour les francophones, la langue française ne constitue-t-elle pas une barrière dans ce pays où l’anglais est la langue usuelle ? 
JKF : Ce n'est pas facile, mais les artistes et les managers d'artistes d'Afrique francophone s'efforcent d'apprendre et parler l'anglais. Ce qui leur permet de bien mener leurs activités de promotion. Cela leur ouvre également d’autres horizons au-delà de l’Afrique du Sud. Ici également, les artistes et leurs managers apprennent le français pour percer l’espace francophone. Au regard de tout cela, pour nous, la langue n’est pas un frein pour l’éclosion d’un artiste à travers le monde. Dans le domaine de la musique, par exemple, l’on n’a pas forcement besoin de comprendre les paroles d’une chanson bien élaborée pour l’aimer et l’écouter. 
Personnellement, je n'ai aucun problème dans ce domaine. J’ai fait des études universitaires en Côte d’Ivoire, je m’exprime et j’écris parfaitement l’anglais. Aussi, la technologie a aussi beaucoup évolué et il existe de nombreux canaux de communication qui permettent de mieux comprendre les différents échanges dans différents langues officielles. 

LP : Vous avez été manager de la célèbre chanteuse sud-africaine, feue Zahara, bien connue et adulée en Côte d’ivoire. Comment s'est faite votre rencontre ? 
JKF : (Il marque une longue pause). Je travaille dans l'événementiel en Afrique du Sud depuis plusieurs années. J'organise des spectacles et des diners-gala de prestige. En 2015, nous avons invité la star mondiale Zahara à venir jouer en live lors de notre dîner de gala. Cette date coïncidait également avec le jour anniversaire de l'ancien président du Zimbabwe, feu Robert Mugabe qui l'avait également invitée. Alors que nous avions suffisamment communiqué sur elle pour notre gala. Mais, mon staff et moi avons donné droit à l’invitation du président Mugabe et nous l’avons laissée partir au Zimbabwe. Depuis ce jour, elle m’a pris en admiration et nous sommes devenus de très bons amis, même si je l'avais rencontrée déjà des années avant. En novembre 2022, lors de notre dîner-gala de Durban, mon patron M. Dosso Nessomin, un opérateur économique ivoirien qui fait la fierté de la Côte d’Ivoire, ici, m'a demandé aussi d'inviter Zahara. Elle a donc accepté et souhaité que ma structure "Afrik'ES TV+" fasse partie de son équipe de promotion dans l'espace francophone.  


LP : Vous aviez, naturellement, des projets avec elle ! 
JKF : Elle et moi préparions beaucoup de grands projets pour relancer sa carrière internationale avec un nouvel album inédit dont j'ai certains titres en mémoire. Nous devrions repartir en Afrique francophone et dans le reste du monde. Nous projetions des duo et "Featuring" avec Tracy Chapman, Angélique Kidjo, Alpha Blondy, Patrick Bruel, Youssou N'Dour, Monique Seka et bien d’autres sommités de la musique. Zahara est une star d'une simplicité légendaire. 

LP : Une polémique a enflé autour de son décès… 
JKF : Zahara, l'auteure du hit "Loliwe" est décédée dans un hôpital de Johannesburg, en Afrique du Sud, où elle est restée deux semaines pour des complications hépatiques. A ce temps, j'essayais de la joindre par téléphone mais c'était impossible, à cause des restrictions familiales et de l'hôpital. Sa mort laisse un grand vide dans le milieu du showbiz africain et dans le reste du monde. J'en ai pris un grand coup. 

LP : Est-il aisé, pour vous, d'organiser un spectacle dans un pays qui n'est pas le vôtre ? 
JKF : Rien n’est facile au monde, encore moins, ici ! Toutes les installations, pour les activités culturelles et sportives, sont là avec de grandes et belles salles, ainsi que de grands et beaux stades de sport. Mais, ce n'est pas du tout facile pour un étranger. Nous travaillons sans relâche pour avoir des soutiens et des sponsors car les nationaux passent avant tout. Ce qui est normal pour le développement de leur pays. Mais je peux vous dire que nous faisons encore de progrès, au regard de notre engagement et notre professionnalisme. Les Sud-Africains apprécient, le travail bien fait. 

LP : Quelle est votre actualité et vos projets ? 
JKF : Il y a beaucoup de talents partout en Afrique. Les jeunes artistes doivent se mettre au travail comme Josey, Samy Succes, Roseline Layo, Didi B, KS Bloom, DJ Mix, Kerozen, Adiyissa... Ici, les structures accompagnent les artistes et ces derniers vivent de leur art. Et je m’emploie, avec ma structure, à faire entrer certains artistes ivoiriens dans l’Afrique australe et anglophone. En clair, les artistes ivoiriens doivent songer à percer l’Afrique austral et anglophone ! 
Le showbiz sud-africain n'est pas facile à percer mais, lorsque votre musique est bien élaborée, elle est acceptée. En tout cas, la porte est ouverte à tous ceux qui souhaitent également mener une carrière internationale en Afrique du Sud, et à partir de ce pays. Pour cela, il est important d'avoir un bon staff managérial, ce que nous pensons offrir, avec nos partenaires à travers le monde. Et au nombre de ces partenaires, nous citons vous-même, le journal Le Patriote, qui faites beaucoup la promotion des arts et la culture. 


Réalisée par Jean Antoine Doudou