Spécialité culinaire ivoirienne : L'attiéké inscrit au patrimoine immatériel de l'Unesco
La Côte d’Ivoire vient de connaitre un autre rayonnement culturel ! En effet, au cours de la 19ème session intergouvernementale pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui se tient du 2 au 7 décembre 2024 à Asuncion au Paraguay, le plat emblématique ivoirien, l’attiéké, a été inscrit au patrimoine culturel de l’humanité. En le faisant, l’Unesco reconnait ainsi, officiellement, « les savoir-faire liés à la fabrication de l’attiéké », comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité, consacrant ainsi une pratique culinaire profondément ancrée dans l’identité des communautés ivoiriennes. Cette reconnaissance internationale célèbre, plus qu’un simple mets traditionnel, l’expression vivante d’un héritage millénaire, transmission précieuse des générations successives.
L’attiéké, il faut le noter, est une semoule de manioc, légèrement fermentée, élaboré à partir de tubercules épluchés. Ce plat reflète des techniques ancestrales sophistiquées qui transcendent la simple préparation alimentaire.
Les peuples lagunaires du sud ivoirien, véritables gardiens de ces savoir-faire, ont su préserver et transmettre des gestes précis hérités de leurs aïeux.
Présent dans les foyers comme dans les cérémonies importantes – mariages, baptêmes, funérailles et rassemblements communautaires – l’attiéké symbolise la cohésion sociale. Sa fabrication nécessite une maîtrise technique complexe : après le séchage et le broyage des tubercules, une étape de fermentation intervient avant la cuisson à la vapeur, garantissant ses propriétés gustatives uniques.
La reconnaissance, par l’Unesco, souligne la dimension culturelle de ce plat, qui dépasse largement sa fonction nutritive. Il représente désormais un marqueur d’identité qui traverse les frontières, exportant la richesse culinaire ivoirienne à travers le continent africain et au-delà.
Ainsi, après le thiéboudiène sénégalais, c’est au tour de l’attiéké ivoirien de faire son entrée au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
Une consécration qui suscite, non seulement, la fierté des Ivoiriennes qui perpétuent ce savoir-faire au quotidien, mais aussi celle des acteurs qui l’exportent hors de la Côte d'Ivoire.
Des localités telles que Dabou, Anono, Grand Lahou, sont réputées, également, pour la qualité de leur attiéké qui peut se manger seul, avec un bouillon, une sauce de la viande, du poisson frit.
En 2018, la filière de l’attiéké, encore majoritairement artisanale affiche un potentiel économique. Une étude estimait que la production d’attiéké représentait 56% de la valeur ajoutée générée par l’ensemble de la chaine des valeurs du manioc évaluée à 514 milliards de francs CFA.
Jean Antoine Doudou