Amadou Coulibaly (ministre de la Communication) : « Alassane Ouattara, c'est quinze ans de stabilité »
Porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly était hier l’invité du journal de TV5 Monde. Le ministre de la Communication est revenu sur les raisons qui ont motivé le RHDP à porter son choix sur Alassane Ouattara pour défendre ses couleurs en octobre prochain.

Question : Monsieur le ministre, bonsoir et merci d'avoir accepté notre invitation. Pourquoi les électeurs ivoiriens devraient-ils reconduire Alassane Ouattara à son poste ?
Amadou Coulibaly : Parce que les Ivoiriens ont besoin de paix. Les Ivoiriens ont besoin de stabilité. Les Ivoiriens sont fiers de leur pays. Ils ont décidé de continuer avec celui qui leur a apporté cette paix, cette stabilité, cette fierté. Alassane Ouattara, c'est quinze ans de stabilité, c'est quinze ans de rayonnement international, de crédibilité internationale de la Côte d'Ivoire, c'est quinze ans de stabilité. Si nous n'avions pas ce président, je dirais, nourri à la sève de la sagesse. Peut-être que la Côte d'Ivoire serait en conflit aujourd'hui avec ses voisins, quand vous regardez l'actualité au niveau sous régional.
Q : Alors, monsieur le ministre, tous les Ivoiriens ne partagent pas votre opinion. Néanmoins, comment comptez-vous convaincre les électeurs qui considèrent que quinze années de pouvoir suffisent pour toucher un État africain ?
AC : Si on estime que la fin de la démocratie, c'est l'expression du peuple, si les Ivoiriens ont décidé de continuer pour faire vingt ans de stabilité, vingt ans de paix, vingt ans de développement, on ne peut pas le leur en vouloir. Tout va se jouer au niveau des urnes. Ceux qui pensent que quinze ans, ce n'est pas assez, je respecte leur opinion. Mais ce n'est certainement pas l'opinion de la majorité des Ivoiriens qui ont appelé à la candidature du président Ouattara. Je voudrais le rappeler. Parce que nous avons vu à travers le pays tous ces appels à la continuité donc du régime de paix, de stabilité, de développement et de crédibilité internationale que le Président Ouattara a apporté à la Côte d'Ivoire.
Q : Alors, face aux critiques sur l'âge du Président Alassane Ouattara, quatre-vingt-trois ans aujourd'hui, quels arguments avancez-vous en ce qui concerne sa capacité à diriger le pays encore cinq ans ?
AC : Déjà, ce qu'il faut savoir, ce qui est important dans la gestion d'un pays, c'est l'expérience. Au regard des enjeux sous-régionaux, l'expérience est importante. Nous ne pouvons pas aller à l'aventure avec quelqu'un qui n'a pas la sagesse et l'expérience du Président Ouattara. Donc, contrairement à ceux qui pensent que son âge pourrait être un handicap, nous croyons, et ça, c'est l'Afrique qui le dit, que l'âge est aussi très souvent synonyme de sagesse et d'expérience.
Et donc, de ce point de vue, le Président Ouattara lui-même nous a assurés qu'il était en très bonne santé, c'était le plus important. Dès lors qu'il est en bonne santé et qu'il a toutes les aptitudes intellectuelles pour diriger ce pays, nous pensons qu'il doit continuer. C'est pour cela que nous l'avons appelé à continuer à gérer le pays.
Q : Lors de sa déclaration de candidature fin juillet, le président ivoirien a évoqué des défis sans précédent à relever. Que sont-ils concrètement et pourquoi nécessite-t-il sa continuité ?
AC : Déjà, il y a l'enjeu sécuritaire sous régional. C'est très important au regard des défis qui guettent la sous-région avec notamment la menace terroriste. Il y a également des enjeux monétaires. On le sait très bien, l'Afrique de l'Ouest s'est engagée sur l'adoption de l'Eco. C'est une politique monétaire qui nécessite la présence à la tête d'un pays comme la Côte d'Ivoire, locomotive de l'Afrique de l'Ouest francophone. En termes de développement économique, il faut bien quelqu'un qui a l'expérience de la gestion monétaire pour pouvoir conduire cette politique. Au-delà, il y a tous les enjeux économiques aussi, et puis les enjeux de cohésion sociale et de paix pour ce qui concerne la Côte d'Ivoire de façon spécifique, mais également toute la sous-région. Je parlais tout à l'heure de quelques politiques belliqueuses au niveau de la sous-région, mais il faut bien quelqu'un qui a la sagesse nécessaire pour pouvoir constituer un rempart face à toutes ces intentions belliqueuses.
Q : La liste définitive des candidats sera connue au plus tard mercredi prochain. Concrètement, dans le domaine économique, considérez-vous qu’Alassane Ouattara est parvenu, après 15 ans de pouvoir, à changer la vie d'une majorité d'Ivoiriens ?
AC : Totalement. Déjà, rien qu'au niveau de la réduction de la pauvreté, nous sommes partis d'un taux de pauvreté d'environ 55% en 2011 pour passer aujourd’hui à 37%, avec comme objectif de le ramener à vingt pour cent à l'orée 2030. Il faut aussi noter que le revenu par tête d'habitants a été doublé, passant d'environ 800 mille à un million six cent mille francs CFA, donc pratiquement trois mille dollars US. Il faut voir aussi, rappeler que l’inflation est contenue. Elle tourne aujourd'hui autour de 3%. Le taux de croissance en moyenne est 6,5%. C’est vrai que d’aucuns diront que tout ça, c'est des chiffres. Il faut retenir que ces chiffres traduisent l'existence d'une véritable classe moyenne dans notre pays. Et cela se voit au niveau de la consommation avec justement toutes ces enseignes qui sont présentées dans notre pays, avec toutes ces grandes surfaces qui apparaissent de plus en plus dans notre pays, parce que nous sommes un pays crédible économiquement.
Q : Tous les Ivoiriens ne sont pas unanimes en ce qui concerne cette nouvelle candidature du Président Ouattara. Certains estiment même que l'exclusion de poids lourds comme Gbagbo et Thiam vident cette élection de son sens démocratique. Que leur répondez-vous ce soir ?
AC : La Côte d'Ivoire est un État de droit. L'État de droit suppose le respect des textes.
Je me souviens qu'en 1995, il a été introduit dans le code électoral, la clause de la résidence qui exigeait de séjourner cinq ans avant l'élection dans son pays. À l’époque, le Président Ouattara avait estimé que ce texte l’empêchait d'être candidat. Il n'a pas fait acte de candidature. Quand on est habitué à prendre les courtes échelles, on peut penser qu'on peut impunément gérer les textes de son pays. Nous sommes un pays qui veut faire respecter et appliquer ses textes. De ce point de vue, nous invitons ces personnes à respecter l'État de droit qu'est la Côte d'Ivoire.
Q : Certains Ivoiriens dénoncent une forme de déni de la démocratique en Côte d'Ivoire. En tant que ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, est-ce que vous percevez cette fatigue au sein de l'opinion ivoirienne ?
AC : Pas du tout. Rien qu'à voir l'enthousiasme qui accompagne cette élection, je m’inscrits en faux des propos que vous avancez. Je voudrais rappeler que nous avons une soixantaine de candidats. Ça montre bien l'ouverture de cette élection. Même si, évidemment, certains candidats ont déposé leur candidature en sachant qu'ils ne remplissaient pas les conditions. Ils savent pourquoi. Mais ce que nous savons, c'est qu'il y a un engouement. Il y a un engouement au niveau des populations, un engouement au niveau des électeurs, mais surtout de cette population qui a envie de continuer sa marche vers la paix, vers le développement.
Q : Enfin, monsieur le ministre, la Côte d'Ivoire s'est engagée avec le Stade Français Paris, le club de rugby du Top quatorze en championnat de France, un sublime Côte d'Ivoire, c'est le message qui apparaîtra sur les maillots de match. En quoi sponsoriser un club parisien français sert-il les intérêts de la Côte d'Ivoire ?
AC : Déjà, il faut savoir ce que représente le rugby en Occident. Il ne s'agit pas que de la France. Il s’agit de vendre la Côte d'Ivoire dans toute l'Europe. C'est vrai que beaucoup de pays africains, notamment, ont signé avec les clubs de football. Mais quand on connaît la place du rugby, nous nous félicitons. Je salue l'initiative du ministre du Tourisme de se diriger vers un club de rugby. Et je pense que nous sommes le premier pays africain à signer avec un club de rugby pour faire la promotion de sa destination.
Propos recueillis par TS (stagiaire)