Gbagbo - Thiam : du forcing… à l’anarchisme !

Gbagbo - Thiam : du forcing… à l’anarchisme !

Entre discrétion pour certains et exposition à la lumière pour d’autres, le bal des candidats à la candidature à l’élection présidentielle du 25 octobre a pris fin, le mardi 26 août. Comme indiqué dans le calendrier électoral. Cette année, la Commission électorale indépendante ne s’est pas tournée les pouces. Des hommes et des femmes, désireux de présider aux destinées de ce pays, y ont défilé pour déposer leurs dossiers de candidature à l’élection présidentielle prévue dans moins de huit semaines. Pas moins de 60 intentions de candidatures ont été enregistrées, ce qui dénote visiblement d’un engouement pour la course au fauteuil présidentiel. Du jamais vu ! Et dans la cohorte des dossiers réceptionnés par la CEI, deux intriguent particulièrement. Il s’agit de ceux de Tidjane Thiam et de Laurent Gbagbo, respectivement président du PDCI-RDA et du PPA-CI. Pourquoi ? La raison est simple : leurs noms ne figurent pas sur la liste électorale. Ils y ont été radiés, suite à deux décisions de justice. Tidjane Thiam, parce qu’au moment où il s’inscrivait sur la liste électorale en 2022, il était encore citoyen français. Or, l’article 48 du code de la nationalité, qui date de 1961, dispose clairement, en son alinéa 1, qu’un Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère, ou qui déclare la reconnaître, perd automatiquement sa nationalité ivoirienne.

Ainsi, le président du PDCI-RDA a été rattrapé par la patrouille lors du contentieux électoral, il y a quelques mois, au cours duquel des requérants ont contesté la régularité de son inscription sur ce fichier électoral et au terme d’un procès, la justice a acté sa radiation de cette liste. Quant à l’ancien président Laurent Gbagbo, il a perdu ses droits civiques et politiques, après sa condamnation par la justice ivoirienne à une réclusion de 20 ans, pour le braquage de l’agence principale de la Bceao à Abidjan, en pleine crise postélectorale de 2010-2011.

De facto, ces deux hommes ne sont ni éligibles ni électeurs. Pourquoi alors ont-ils fait déposer à la CEI leurs dossiers de candidature, sachant bien pertinemment l’issue de cette requête ? A la vérité, ces deux alliés, qui ont créé un « Front commun» de circonstance, s’inscrivent dans une démarche anarchiste, avec la volonté manifeste de conditionner leurs partisans à la violence au motif qu’ils seraient victimes d’injustice et donc de créer des troubles. Et cela, en faisant porter perfidement le chapeau au Conseil constitutionnel qui arrêtera, après examen des dossiers, la liste définitive des candidats au scrutin d’ici le 10 septembre prochain.

Manifestement, Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo - après avoir remué ciel et terre pour cette affaire d’inscription sur la liste électorale - veulent s’imposer aux institutions du pays ; ce qui est effarant dans une démocratie dont le fondement est le respect sacro-saint des textes. « L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais de fortes institutions», disait l’ex-président américain, Barack Obama, lors de sa visite au Ghana, en juillet 2009. Justement, le Président de la République, Alassane Ouattara, veut tourner définitivement la page des tumultes en dotant, afin d’y enraciner la démocratie, la Côte d’Ivoire d’institutions fortes, à l’image des grands pays du monde comme les Etats-Unis d’Amérique, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne pour n’en citer que quelques-uns. Evidemment, cela passe par la fin des arrangements politiques qui constituent un passeport de l’impunité pour les acteurs. C’est pourquoi, il faut saluer vivement la détermination du gouvernement à faire en sorte que ce soient désormais les acteurs politiques, fussent-ils des anciens chefs d’Etat, qui se soumettent aux textes ; et non qui les piétinent pour assouvir leurs ambitions. Cette fermeté est un message clair : la Côte d’Ivoire est au-dessus de tout le monde. Ne pas s’inscrire dans cette voie, c’est faire le pari du désordre et du chaos. De l’anarchisme. Et c’est dommage pour quelqu’un qui a dirigé ce pays ou rêve ardemment de le faire.

Y. Sangaré