PDCI-RDA : La maison vert et blanc est en feu

Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) est en feu. Les flammes de la contestation et de la division sont vives et ravageuses. Ainsi, les évènements se succèdent et enfoncent le parti doyen dans la crise et dans l’instabilité. Lundi 18 août 2025, le parti fondé par le premier président de la République de Côte d'Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, a vécu des heures agitées. Pendant que des cadres influents du vieux parti organisés au sein du groupe « Initiative pour la Réconciliation et la Sauvegarde du PDCI-RDA », en abrégé « IRS PDCI-RDA » étaient devant la presse au Plateau pour dévoiler les plaies qui, selon eux, rongent leur formation politique, les portes du siège ont été hermétiquement fermées au président de la jeunesse urbaine, Valentin Kouassi, qui y avait prévu une conférence de presse. Une mesure prise, selon certaines sources au sein du parti doyen, parce qu’il serait un anti-Thiam. Un communiqué de la direction du parti, manifestement rédigé dans la précipitation, précise que désormais, l’accès aux salles du siège se fait uniquement sur demande écrite adressée au secrétariat exécutif.
Ce sont tous ces dysfonctionnements que les anciens du Mouvement des étudiants et élèves de Côte d'Ivoire (MEECI), militants du PDCI-RDA, menés par Anoman Kouaho Magloire, et la Coordination des délégués conduite par l’honorable Emolo Claude ont dénoncé lors de leur point-presse à la Maison de la presse au Plateau. Dans une déclaration au vitriol, les conférenciers ont, en effet, dressé un réquisitoire sévère contre la direction de leur parti égrenant dix points qui constituent, à leurs yeux, des problèmes à résoudre nécessairement en vue de remettre le PDCI sur les rails pour la reconquête du pouvoir d'État.
Ces cadres ont relevé, entre autres, le non-respect de certaines dispositions statutaires et réglementaires ; les pratiques internes qui étouffent la démocratie; l’absence de vision claire et de stratégie cohérente; une opacité dans la gestion du parti; l’éloignement de la base et des réalités du terrain: une communication opaque et inefficace ; des incidents politiques et controverses répétés et surtout la perte des valeurs héritées du fondateur du parti.
Selon eux, le PDCI navigue à vue sans vision claire. “Le PDCI est en péril. Nous ne pouvons pas rester silencieux face à la situation”, a martelé Amonan Magloire. Et de soutenir que les anciens meecistes ont toujours eu leur mot à dire dans la gestion du parti avec les présidents Félix Houphouët-Boigny et Aimé Henri Konan Bédié. Si les choses se sont plus ou moins bien passées avec les deux anciens présidents, ce n'est pas le cas avec la direction actuelle. Car, révèlent les signataires de la déclaration, cette direction ferme la porte au dialogue et crie au complot. “Nous avons été reçus par plus de 15 vice-présidents. Ensuite , nous avons approché le secrétariat exécutif. Après un forcing nous avons été reçus. Suite à notre rencontre, notre déclaration que nous avons remise s'est trouvée dans la presse et sur les réseaux sociaux. Pire, on nous traite de comploteurs. C'est une manière cavalière. Quand on ne peut pas gérer dans les règles de l’art, on rend le tablier”, s'est révolté Anoman Magloire.
Et au Pr Yao Kouamé Albert d’enfoncer le clou : “ Il est temps d'admettre que la trajectoire actuelle ne sert plus les idéaux et les intérêts de ceux que nous aspirons à représenter. Il faut sortir de l'immobilisme pour répondre aux attentes légitimes de nos militants et sympathisants. Le temps de l'hésitation est révolu. Celui de l’action et de la transformation a sonné”. C'est pourquoi, l’IRS-PDCI demande la convocation dans les plus brefs délais, et dans le respect des statuts, des assises extraordinaires, notamment un Bureau Politique de clarification et de préparation de la Convention de désignation du candidat du PDCI-RDA à l’élection présidentielle d’octobre 2025 et l’organisation en urgence d’une nouvelle Convention de désignation du candidat du PDCI-RDA à cette élection face l’incertitude de la participation effective du parti doyen à cette élection. « Notre démarche n'est pas un acte de défiance, ni une rupture, mais un appel pressant au sursaut, un cri d'alarme et une invitation à la mobilisation, pour réconcilier les militants et sauver le PDCI-RDA, notre patrimoine commun, notre ‘’ fétiche’’. Nous sommes prêts à nous investir pleinement dans un processus de transformation, à apporter nos idées et notre énergie pour que notre formation politique retrouve sa grandeur et sa raison d'être », a annoncé le professeur.
On le voit, le PDCI est dans la tournante. Les pro-Tidjane Thiam et les militants qui luttent pour la réconciliation et la sauvegarde du parti se livrent une guerre sans merci. Qui remportera la bataille? Les jours à venir nous le dira.
Lacina Ouattara