Rentrée scolaire 2025 : Les parents s’activent dans les librairies

Les préparatifs vont bon train. À quelques jours de la rentrée scolaire prévue le lundi 8 septembre 2025, les librairies d’Abidjan connaissent une affluence particulière. Dans une atmosphère humide, marquée par des crachins et un temps frais, les parents d’élèves s’activent pour doter leurs enfants en fournitures. Entre organisation anticipée, budgets échelonnés et appréhensions liées à la présidentielle, chacun se prépare à sa manière.
Ce vendredi 29 août 2025, dans l’après-midi pluvieux et légèrement frais qui s’abat sur le Plateau, la commune des affaires d’Abidjan, les couloirs d’une grande librairie grouillent des pas pressés des parents. Paniers en main, ils s’affairent dans les rayons, à la recherche des indispensables cahiers, livres et autres fournitures scolaires inscrits sur les listes dressées par les établissements.
Entre deux allées, Mme Marie-Laure Kobenan, mère de cinq enfants et tutrice de trois autres, s’exprime d’un ton rassuré. « On n’est jamais prêts à 100 % à chaque rentrée. Mais, depuis que les enfants sont en vacances, nous avons pris les devants. Les tenues scolaires sont prêtes et, puisque les listes des écoles privées sont disponibles assez tôt, nous n’avons pas d’autre choix que de nous mettre à la tâche. La rentrée se prépare dès la fermeture des écoles ».
Même organisation chez Mme Alice Kah, mère de deux élèves inscrits dans le privé. « Nous avons déposé nos listes à la librairie depuis plusieurs semaines. Dès que les manuels étaient disponibles, nous avons été appelés pour venir les retirer. Tout est prêt, et même la scolarité a été payée pendant les vacances. Cela nous évite d’être pris de court », explique-t-elle. Avant de préciser avoir choisi de payer les charges scolaires par tranches.
À Yopougon, dans une librairie proche du carrefour Ficgayo, l’ambiance est semblable. Mme Bruno Aka, rencontrée panier rempli à la main, insiste sur l’importance d’anticiper. « Pour la prochaine rentrée, je suis prête. Nous préférons acheter dans les librairies afin d’éviter la surenchère. Les prix sont abordables et la qualité est au rendez-vous. Heureusement, les tarifs n’ont pas augmenté. Mais dans certains établissements publics, les listes ne sont pas encore totalement disponibles, et cela complique un peu les préparatifs », déplore-t-elle.
Un autre parent, rencontré dans le même quartier et ayant souhaité garder l’anonymat, partage ce même sentiment de soulagement. « Les prix des livres et cahiers sont restés stables, ce qui soulage beaucoup de parents aux revenus modestes ».
A Adjamé, dans l’effervescence du marché Forum, la réalité est plus nuancée. Soumahoro Mamadou, père de trois enfants, confie ses inquiétudes. « Avec la présidentielle qui approche, je n’ose pas inscrire mes enfants. Je travaille dans l’informel, et ma maison a été détruite. Pour l’instant, je cherche d’abord un toit avant de penser aux fournitures scolaires. Nous avons peur de ce qui pourrait arriver, et cela bloque les préparatifs », nous confie-t-il.
Les libraires, de leur côté, constatent des comportements inhabituels. Mme Rose Kouassi, gérante d’une librairie au carrefour la Poste à Yopougon, se veut rassurante. « Nos stocks sont déjà disponibles. Les éditeurs sont plus nombreux, et l’État a fixé les règles, ce qui évite les hausses de prix. Cette année, les manuels sont variés et tout est bien encadré ».
À Adjamé, Doukouré Aboubacar, libraire au marché Forum, note cependant une baisse d’affluence. « D’ordinaire, à deux ou trois semaines de la rentrée, on n’a pas le temps de souffler. Mais cette année, les clients tardent. Peut-être à cause de l’élection présidentielle. Autre difficulté : le changement régulier des manuels par l’État, qui rend l’écoulement des anciens stocks compliqué ». Ainsi, entre parents organisés de longue date et d’autres freinés par des inquiétudes économiques ou politiques, les préparatifs de la rentrée scolaire 2025 dessinent un tableau contrasté. Dans les librairies d’Abidjan, l’effervescence est bien là, mais teintée de prudence et de calculs minutieux, preuve que chaque rentrée est un défi à part entière pour les familles ivoiriennes.
Malaoua Bertin