Boulevard Félix Houphouët-Boigny : Deux mois après l’interdiction des motos et tricycles, l'incivisme persiste

Boulevard Félix Houphouët-Boigny : Deux mois après l’interdiction des motos et tricycles, l'incivisme persiste
Des motocyclistes continuent de déchirer la mesure du ministère des Transports ( ph MB)

Malgré la mesure d’interdiction entrée en vigueur le 15 mai 2025, les deux roues continuent d’emprunter le boulevard Félix Houphouët-Boigny. Le vendredi 18 juillet. Notre équipe a constaté sur le terrain une violation manifeste de la décision, souvent sous les yeux mêmes des forces de l’ordre. Il est 11 h 45, ce vendredi 18 juillet 2025. Le ciel est un peu gris, le soleil moins rigoureux que d’habitude. L'air ambiant est frais. Nous sommes au grand carrefour de Marcory, sur le boulevard Félix Houphouët-Boigny, principal axe reliant le Sud d’Abidjan à son centre. La circulation est dense dans le sens Port-Bouët-Treichville. Les véhicules de tout genre roulent lentement, les klaxons fusent, les bouchons menacent. Sur l’autre voie, dans le sens contraire est fluide et plus praticable.

Mais ce qui frappe, c’est la présence de nombreux motocyclistes et quelques cyclistes, circulant à vive allure, en pleine chaussée. Certains font des zigzags avec justesse pour échapper au regard des policiers. D’autres, plus audacieux traversent les intersections sous les yeux impassibles des forces de l’ordre, postées à quelques mètres de là. Même scène au carrefour Camp Commando, dans la commune de Koumassi où nous sommes arrivés vers 13 h. Là, des agents de sécurité sont stationnés à l’ombre d’un arbre, face à la nouvelle gare SOTRA dans le sens Koumassi Port-Bouët. Le ballet anormal de motos continue, sans la moindre intervention. Pourtant, cette circulation est formellement interdite depuis  plus de deux mois.  Déjà en fin d'année 2024 et en mai 2025, le ministère des Transports, à travers la Direction générale des Transports terrestres et de la Circulation (DGTTC), a annoncé l’interdiction stricte des deux et trois roues motorisés sur ce boulevard. Une décision motivée par une série d’accidents dramatiques. « Dans la seule nuit du 31 décembre 2024 au 1er janvier 2025, dix accidents impliquant des motos ont été enregistrés sur ce boulevard », rappelait Oumar Sacko, directeur général de la DGTTC. Selon lui, ces engins sont responsables de 45 à 50 % des accidents recensés entre 2023 et 2024, avec un taux alarmant de 37 % de décès. Deux mois après l’entrée en vigueur de cette mesure, le constat est sans appel : une partie des usagers ne s’y conforme toujours pas. Face à cette insoumission persistante, les autorités doivent durcir le ton ou renforcer les contrôles. En attendant, les motocyclistes semblent avoir encore de beaux jours sur l’axe  Félix Houphouët-Boigny sans gêne.

 

Malaoua Bertin