Contribution : Et si le plan, depuis le départ, était de ne pas aller aux élections ?

A quelques mois de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, une question fondamentale s’impose : l’opposition ivoirienne a-t-elle réellement l’intention de participer à ce scrutin ? À l’analyse de ses discours, de ses manœuvres répétées et de ses appels à la tension, une impression grandit : celle d’une stratégie délibérée visant non pas à conquérir le pouvoir par les urnes, mais à créer les conditions d’une nouvelle crise. Une crise construite de toutes pièces, dont l’objectif serait de plonger le pays dans l’impasse institutionnelle pour tenter un passage en force.
Un scénario qui rappelle tristement les événements de 2020, lorsque la création illégale du Conseil National de Transition (CNT) avait plongé la Côte d’Ivoire au bord du chaos.
I. Un refus de jouer le jeu démocratique
Depuis le lancement officiel du processus électoral, certains partis d’opposition se sont enfermés dans une posture d’obstruction.
Au lieu de préparer leur base, de proposer un projet alternatif et de se battre sur le terrain électoral, ils ont multiplié les exigences irréalistes, les suspicions infondées et les discours victimaires.
Derrière le vernis démocratique, c’est en réalité une stratégie du retrait déguisé qui se met en place — un boycott sans l’assumer, un refus de compétir camouflé derrière des prétextes.
Ils dénoncent un processus avant même qu’il ne commence, crient à la fraude avant l’ouverture des bureaux de vote, et préfèrent l’agitation médiatique au travail de conviction.
II. Une stratégie de tension bien rodée : l’exemple de 2020
Ce n’est pas la première fois que cette tactique est utilisée. En 2020 déjà, certains leaders de l’opposition avaient choisi de contourner l’élection, pourtant garantie par la Constitution, en proclamant un Conseil National de Transition sans légitimité ni base légale.
Résultat : des violences, des morts, une paralysie institutionnelle et une image durablement ternie de la démocratie ivoirienne.
Cette tentative de subversion avait un objectif clair : délégitimer le pouvoir en place, rejeter le verdict populaire et s’imposer comme interlocuteur incontournable dans un rapport de force extraconstitutionnel.
III. Le retour du même scénario en 2025 ?
Aujourd’hui, les mêmes acteurs, les mêmes discours et les mêmes méthodes refont surface.
Plutôt que de se présenter au suffrage universel avec un projet, une vision et un leadership capable de rassembler, ils misent sur le chaos.
Rumeurs de fraude, déclarations alarmistes, appels déguisés à la désobéissance ou au boycott, attaques contre les institutions électorales : tout semble indiquer que l’opposition prépare non pas une campagne électorale, mais un choc politique.
Ce n’est pas la démocratie qu’on prépare, mais un KO politique voulu, recherché et scénarisé.
Or, dans une démocratie, l’alternance se construit dans les urnes, pas dans la rue.
IV. Un choix de responsabilité
Le peuple ivoirien mérite mieux que ces stratégies de blocage et de provocation.
Il mérite une opposition responsable, qui respecte les règles du jeu démocratique, qui se bat à armes égales dans l’arène politique et qui accepte le verdict des urnes — qu’il soit favorable ou non.
Rejeter une élection par peur de la perdre n’est pas un acte de courage politique. C’est un aveu d’échec.
L’histoire a montré que ces tentatives de passage en force n’apportent que douleurs et divisions.
À l’heure où la Côte d’Ivoire aspire à la stabilité, au progrès et à la paix, chacun — majorité comme opposition — doit faire preuve de maturité.
Le peuple jugera. Et l’histoire retiendra ceux qui auront joué avec le feu de la déstabilisation pour dissimuler leur incapacité à convaincre.
Arouna Dao
Membre du Bureau politique du RHDP
|