Contribution-Moderniser la fiscalité locale par le numérique : un impératif d’efficacité, une promesse de souveraineté
Le chantier de la digitalisation des recettes propres des collectivités territoriales en Côte d’Ivoire s’inscrit désormais dans une dynamique irréversible. Plus qu’une réforme technologique, il s’agit d’un changement de paradigme : transformer la relation entre l’administration locale, le contribuable et le citoyen, pour bâtir une gouvernance de proximité plus transparente, plus efficiente, et plus juste. Norbert Kobenan, économiste de formation, nous en donne les raisons.

Et sur cette voie, le Gouvernement ivoirien a montré la direction, en mettant en œuvre la plateforme TrésorPay–TrésorMoney, aujourd’hui devenue le canal exclusif de recouvrement des recettes publiques. Interopérable, accessible, évolutive, cette solution digitale n’est pas qu’un outil de paiement : c’est une colonne vertébrale de la modernisation de nos finances publiques.
TrésorPay–TrésorMoney : la boussole numérique de la gouvernance locale
Dans un pays où la mobilisation des ressources propres est une condition sine qua non du développement des territoires, la généralisation de TrésorPay–TrésorMoney dans les collectivités représente un levier stratégique majeur.
✅ Exclusivité du recouvrement des recettes publiques : toute régie financière publique doit désormais passer par la plateforme, mettant fin à la dispersion, à la manipulation manuelle des fonds et aux circuits opaques.
✅ Interopérabilité avec les opérateurs mobiles et les banques : les contribuables peuvent régler leurs taxes locales via Orange Money, MoMo, cartes bancaires ou terminaux digitaux, en toute sécurité.
✅ Traçabilité et redevabilité : chaque somme encaissée est immédiatement répartie dans le circuit budgétaire national et local.
Ainsi, l’État impulse la norme, et les collectivités n’ont plus qu’à s’aligner, s’approprier l’outil, et construire leur autonomie fiscale sur des bases saines.
Collectivités territoriales : de la dépendance à la responsabilisation
Il ne peut y avoir de décentralisation véritable sans autonomie financière. L’époque où les communes attendaient tout de la dotation budgétaire centrale est révolue. Le citoyen exige désormais des routes, des écoles, de l’éclairage public, une gestion des déchets… Et pour cela, il faut des moyens.
Mais ces moyens existent : ils dorment parfois dans les taxes non perçues, les droits de voirie évaporés, les redevances foncières mal collectées. La digitalisation est l’arme silencieuse contre cette saignée invisible.
Défis et résistances à surmonter
Les avancées sont certaines, mais des obstacles subsistent :
La fracture numérique territoriale limite l’usage du digital dans certaines zones rurales.
Des acteurs locaux peu formés ou réticents à perdre le contrôle traditionnel du cash.
Un manque de communication citoyenne sur les avantages de cette transparence fiscale.
Il est donc urgent de renforcer la formation des gestionnaires locaux, d’impliquer les élus dans la sensibilisation des contribuables, et surtout de montrer que chaque taxe bien perçue sert le développement local.
Vers une culture du civisme fiscal local
Il ne suffit pas d’encaisser, il faut réconcilier le citoyen avec sa contribution. Cela suppose :
Une redevabilité publique plus active (panneaux d’affichage, rapports municipaux, plateformes citoyennes).
Une identification claire des dépenses financées par les taxes locales.
Une implication des jeunes et des femmes dans la chaîne budgétaire locale.
Comme le dit un proverbe bété : "Celui qui construit une case avec ses mains y dort mieux que celui qui s’y est invité."
Quand le citoyen comprend qu’il participe à la construction de sa propre école, de sa maternité, ou de son marché, alors il paie avec fierté, et non sous la contrainte.
Une révolution douce au service de la souveraineté locale
La digitalisation du recouvrement des recettes publiques n’est pas une simple modernisation technique. C’est un acte de souveraineté économique, un pilier de l’État moderne, une marque de respect envers le contribuable.
En promouvant TrésorPay–TrésorMoney comme instrument unique, exclusif et interopérable, l’État ivoirien a placé la barre haut. Il revient désormais aux collectivités territoriales de saisir cette opportunité, non comme une contrainte venue d’en haut, mais comme une chance historique d’affirmer leur leadership fiscal.
Par Norbert KOBENAN