Marche autorisée de l’opposition : Triomphe de la démocratie sous Ouattara

Marche autorisée de l’opposition : Triomphe de la démocratie sous Ouattara
A  trois mois de la présidentielle de 2025, l’opposition ivoirienne a été autorisée à marcher

Aucun blessé. Aucun décès. Aucun cas de viol. En Côte d’Ivoire, les militants de l’opposition ont exercé leur droit de marcher en toute liberté, comme l’exige la Constitution. Les militants du PPA-CI, du PDCI ou encore d’autres formations politiques de l’opposition ont quitté leur domicile de Yopougon où a eu lieu la marche ou d’autres communes d’Abidjan et certainement de l’intérieur du pays pour répondre à l’appel de leurs leaders que sont Laurent Gbagbo (PPA-CI) et Tidjane Thiam (PDCI). Regroupés à Saguidiba, ils ont convergé vers Ficgayo. Ils ont ensuite regagné leur domicile respectif sans que leur intégrité physique ne soit touchée. 

Si tout s’est passé dans le calme, le mérite revient à Alassane Ouattara et à son gouvernement. Le pouvoir d’Abidjan a autorisé une marche, l’a fait encadrer par les forces de l’ordre. Une première dans l’histoire de la jeune démocratie ivoirienne. Car si les choses se sont passées ainsi, tout le mérite revient à Alassane Ouattara, le vrai vainqueur de cette marche. En Côte d’Ivoire, mais aussi dans beaucoup d’autres pays africains, les marches pacifiques de l’opposition sont perçues comme des évènements exceptionnels, tellement elles sont rares, surtout à quelques mois d’une élection présidentielle. En effet, en Côte d’Ivoire, l’histoire récente s’est écrite dans le sang et les blessures, notamment des militants du RDR, d’abord sous le PDCI puis sous le FPI.

 

Des marches réprimées dans le sang

Tout commence en 1995. Un an après la naissance du RDR, ses militants se mobilisent pour la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 1995. Contre toute attente, une réforme du code électoral intervient le  8 décembre 1994.  Les candidats à la présidence doivent prouver leur ascendance ivoirienne. L’ancien Premier ministre Alassane Ouattara est empêché de se présenter en 1995. Ses partisans et le FPI forme le Front républicain qui lance le boycott actif. La répression sera brutale.

 

En 1999, avant le départ d’une marche, toute la haute direction du RDR est arrêtée et jetée en prison. Le 26 octobre 2000, après les proclamations de Laurent Gbagbo comme Président de la République, à la suite d’une élection qu’il a lui-même qualifié de calamiteuse, les militants du RDR descendent dans les rues pour demander la reprise du scrutin avec la participation de leur mentor.  Une répression sauvage s’abat sur eux, avec comme point culminant la découverte d’un charnier de 57 corps à Yopougon.

Ce n’est pas tout. Le 4 décembre de la même année, le RDR organise une marche pour exiger la prise en compte de la candidature d’Alassane Ouattara aux législatives. Les hommes de Gbagbo sont sans pitié. Après une répression sanglante contre les militants du RDR, une vingtaine de morts est enregistrée, des centaines d’autres manifestants sont arrêtés. Des femmes qui ont décidé de manifester pour l’expression de la démocratie sont arrêtées et violées à l’Ecole de police, selon un rapport publié par l’Association ivoirienne des droits des femmes (AIDF). A cette occasion, Simone Gbagbo, Première dame d’alors, n’aura que pour seule mot de compassion : «Elles n'avaient pas à être sur les lieux de manifestations». Simplement pour elle, si les femmes ont été violées, c’est qu’elles l’ont cherché.

Une autre date, avec toujours la même barbarie. En mars 2004, des partis de l’opposition dont le RDR, le PDCI, le MFA et l’UDPCI décident de marcher pour réclamer l’application des accords de Linas Marcoussis. Des supposés militants de ces formations politiques  sont tirés de leur domicile. Le rapport de la Commission d’enquête sur les événements liés à la marche  25 mars 2004 à Abidjan, menée par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, indique que ce qui s’est passé le 25 mars et les jours suivants a été une tuerie aveugle de civils innocents de la part des forces de l’ordre.  « Sur la base de documents officiels, il y a eu 120 morts, 274 blessés et 20 disparus. Cette liste n’est pas exhaustive », peut-on lire dans le rapport.

Les forces de l'ordre fidèles à Laurent Gbagbo, l'un des deux présidents proclamés en Côte d'Ivoire, ont tiré à balles réelles sur des manifestants pro-Ouattara qui tentaient de prendre le contrôle de la radio-télévision d'Etat. Au moins trente personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire. Nous sommes le 16 décembre 2010. Cette violence contre les vies humaines va atteindre son paroxysme le 3 mars 2011. Alors qu’elles manifestaient à main nue pour réclamer le départ de Laurent Gbagbo, sept femmes d’Abobo seront déchiquetées par des éclats d’obus.  Fort heureusement, avec Alassane Ouattara, la courbe a été inversée. Et la pratique des valeurs démocratiques devient des réalités. Avant la marche, la libre expression est devenue une réalité en Côte d’Ivoire.

 

La démocratie, un tout

Si la démocratie autorise les marches, elle fait obligation aux citoyens de respecter les lois qu’ils se sont données. Cela semble être oublié par l’opposition. En même temps qu’elle se réjouit d’avoir marché, elle refuse de se soumettre aux décisions de la justice. L’un des objectifs de leur marche était d’inscrire Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam sur la liste électorale, au mépris de la décision de justice qui a fait obligation à la Commission électorale indépendante (CEI) de retirer les noms du président du PPA-CI et du PDCI de la liste électorale.

 

Les militants de ces deux formations politiques doivent redescendre sur terre et comprendre que la démocratie, ce n’est pas le désordre. Cela doit être accepté par l’opposition ivoirienne. Se focaliser uniquement sur l’inscription de ces  personnes sur la liste électorale, bien qu’elles tombent sous le coup de la loi, est une grave atteinte à la démocratie. Les Ivoiriens n’en veulent pas. Les démocrates disent non.  L’adage latin Dura lex, sed lex qui se traduit en français par  "la loi est dure mais c'est la loi" doit être respecté de tous, surtout par ceux qui se proclament démocrates,  pour la bonne marche du pays.

Thiery Latt