Présidentielle 2025- Attaques gratuites contre le président de la République : Affi N'Guessan veut rééditer le chaos de 2020
Et ça recommence, pourrait-on dire. À 11 mois de l’élection présidentielle de 2025, l’opposition entame déjà sa surenchère. Dans une interview accordée à RFI mercredi dernier, Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), relance le débat sur une éventuelle nouvelle candidature d’Alassane Ouattara. Il agite le chiffon rouge et n’hésite pas à proférer des menaces voilées. Extraits choisis :"Le 3ème mandat a été assez chaotique et depuis, la situation s’est dégradée aussi bien au niveau intérieur qu’international. Ce serait un grand risque pour la Côte d’Ivoire qu’Alassane Ouattara soit encore candidat en 2025 pour un 4ème mandat. Sous Alassane Ouattara, l’indice de développement humain s’est dégradé, il y a beaucoup de pauvreté. Sur le plan politique, la réconciliation nationale est un échec. Sur le plan de la gouvernance, beaucoup de malversations, d’enrichissements illicites, de corruption. Il y a une forte attente de changement chez les Ivoiriens. Je ne pense pas qu’il ira pour les élections de 2025. Il est conscient du risque que cela représenterait pour lui-même et pour le pays." Mais, ce débat sur l’éligibilité d’Alassane Ouattara, déjà vidé de sa substance, n’a plus lieu d’être. La Côte d’Ivoire, entrée dans la troisième République avec la Constitution de 2016, a vu ses compteurs remis à zéro. La loi n’étant pas rétroactive, le chef de l’État est juridiquement fondé à briguer un nouveau mandat, qui serait son deuxième dans ce cadre constitutionnel, et non un quatrième, comme le prétend Affi N’Guessan.
Affi, la stratégie de la surenchère pour exister
Ce qui frappe davantage dans les propos du député de Bongouanou, c’est sa posture radicale, qui rappelle étrangement celle adoptée en 2020, lorsqu’il jouait le rôle de porte-parole d’une opposition vent debout contre le pouvoir. À l’époque, trois jours avant le scrutin présidentiel du 31 octobre, il déclarait déjà sur RFI : "Pour nous, il n’y aura pas d’élection samedi prochain. Nous nous battrons pour qu’elle ne se déroule pas. Il y aura des barrages, les bureaux de vote ne seront pas ouverts. Le pouvoir ne pourra pas déployer des forces de l’ordre partout et il sera impossible d’organiser une élection reconnue par la communauté internationale." Le résultat ? Une élection marquée par des violences meurtrières ayant causé, officiellement, 85 morts. L’opposition, incapable d’empêcher le scrutin, s’était alors engouffrée dans une fuite en avant, annonçant la création d’un Conseil national de transition (CNT), rapidement relégué au rang d’anecdote politique. Cette manœuvre désespérée a conduit à des arrestations, y compris celle d’Affi N’Guessan, qui avait fui avant d’être rattrapé par la justice. Poursuivi pour "complot contre l’autorité de l’État", "mouvement insurrectionnel", "assassinat" et "actes de terrorisme", il avait fini par bénéficier d’une liberté sous contrôle judiciaire, preuve des largesses du régime qu’il critique aujourd’hui. Il est curieux que celui qui a personnellement bénéficié des mesures de réconciliation nationale – après la crise postélectorale et lors de son relâchement en 2020 – se montre si prompt à en nier les avancées. En réalité, Affi N’Guessan semble prisonnier d’une incohérence chronique dans ses choix et déclarations. À l’approche de 2025, il serait bon de rappeler à l’ancien Premier ministre que les Ivoiriens n’ont aucune envie de revivre les événements de 2020. Quant aux autorités, elles ont déjà démontré leur capacité à protéger la population des velléités déstabilisatrices de certains politiciens. Elles sauront, le moment venu, prendre les mesures qui s’imposent. Affi aura-t-il cette fois-ci le courage de répondre de ses actes après avoir allumé le feu. Lui qui est, il faut le dire, en perte de vitesse sur l’échiquier politique national. Son parti le FPI est dans la tourmente. Une bonne partie de ses lieutenants l’ont lâché et ont créé un nouveau courant dirigé par Issiaka Sangaré, son ancien tout puissant secrétaire général et porte-parole. Pour beaucoup d’observateurs, le président autoproclamé du FPI se déchaine contre le pouvoir d’Abidjan pour espérer rentrer dans les bonnes grâces de Laurent Gbagbo, son ancien mentor qu’il avait traité de tous les noms. Le samedi 30 avril 2022 à Abengourou, face à ses militants, réunis à l’occasion de la fête de la liberté, Pascal Affi N’Guessan n’y était pas allé avec le dos de la cuillère, envers son ex-mentor. L’ex-Premier ministre avait qualifié Laurent Gbagbo « d’être un homme du passé ». « Sa vie politique est derrière, le passé de la Côte-d’Ivoire. Il y a un temps pour tout. Et je le dis sans animosité . . . Le temps de la politique active est derrière. Pour ce qui nous concerne, nos chemins se sont séparés le 9 août 2021 », avait déclaré Affi N’Guessan. Non sans manquer de rappeler que le retour de son ancien patron est devenu un fait banal. «Un an plus tard, le retour de Laurent Gbagbo est un non-évènement...On ne réécrit pas davantage sa vision du monde. Et nos visions sont radicalement différentes », avait ajouté le député de Bongouanou. Contre l’avis de nombreux militants qui l’avait suivi sur ce chemin, voici que l’ancien président du conseil régional du Moronou veut retourner dans la soupe qu’il a vomie. Et qui invite à se poser des questions sur sa crédibilité en politique. S’il en en a encore. Après tant d’incohérences et d’opportunismes. En réalité, il ferait mieux de se taire. Au lieu de se couvrir, à nouveau, de ridicule avec des discours enflammés qui n’émeuvent personne et laissent les Ivoiriens de marbre. Qui l’ont déjà « classé». Pour qu’ils ne lui accordent plus aucun crédit.
Rahoul Sainfort