Trois questions à… Samouka Diabaté (Président du PACI) : « Laurent Gbagbo doit être entendu dans l’affaire des 2 milliards de FCFA remis à un président français »
Membre fondateur du FPI, Samouka Diabaté, président du Parti africain contre l’injustice (PACI), a saisi le procureur de la République près le tribunal d’Abidjan Plateau pour une plaine contre Laurent Gbagbo. Dans cet entretien, il donne les raisons de sa démarche…

Le Patriote : Pourquoi plus de 20 ans après la survenue des faits, c'est maintenant que vous décidez de porter plainte contre l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo pour avoir remis 2 milliards de FCFA à Jacques Chirac, ancien Président de la République française ?
Samaka Diabaté : Nous supposons que les faits se sont déroulés maintenant. Puisque c’est le concerné lui-même qui a annoncé, récemment de façon publique, qu'il a donné deux milliards de francs CFA à l'ex-président français Jacques Chirac. Aussi longtemps que cette affaire était dans le cadre du secret d’Etat, cela ne nous aurait pas intéressés. Mais lorsque le secret d'État est dévoilé, ce n'est plus un secret d'État. Il n'y a pas longtemps que nous avons reçu l'information de façon publique et officielle venant de la bouche de l’ex-chef d’Etat lui-même. Sa déclaration peut être consultée à tout moment sur les réseaux sociaux. Je considère dès lors que les faits viennent de se dérouler. Maintenant, la question, est de savoir si nous, en tant qu’Ivoiriens, nous allons nous taire sur un crime financier aussi scandaleux, même après 20 ans. Rester silencieux, c’est nous faire complice de l’utilisation abusive de nos fonds publics. Nous ne pouvons rester sans réaction. Tant que l’information restait au stade des rumeurs, de la spéculation, on pouvait tolérer. Mais pas maintenant que l'acteur principal affirme qu'il a remis deux milliards de francs CFA à l'ex-président français.
LP : Pensez-vous que votre plainte va aboutir ?
SD : Je ne veux pas faire le travail de la justice à sa place. Mais je suppose que les faits sont suffisamment graves. C'est l'argent du contribuable ivoirien qui a été dilapidé. Pour moi, c’est un dossier qui est toujours d’actualité. Je me pose de nombreuses questions. Est-ce que l'argent qu’il a remis a suivi un circuit normal ? Est-ce que c’est son argent ou l'argent du contribuable ?
La justice doit aider à trouver des réponses à ces questions. Surtout que depuis un moment, Laurent Gbagbo et ses partisans accusent le pouvoir actuel de mauvaise gestion, de corruption. Ils se présentent comme des donneurs de leçons. Nous souhaitons donc que le procureur de la République interpelle l’ex-chef de l’Etat pour qu'il vienne expliquer ce don. Ce n'est pas dans des journaux ou à travers des interviews qu'il doit nous dire ce qu'il a fait. Et c'est dommage que nos élus et la justice ivoirienne soient restés muets après les informations données par Laurent Gbagbo. Le but de notre plainte, c’est pour la restitution des deux milliards qu’il a donnés à un ex-président français. On ne lui demande rien d’autre. Les faits sont graves. Nous voulons simplement que la vérité éclate.
LP : Que comptez-vous faire dans les jours à venir ?
SD : Ce dossier nous tient à cœur. Nous allons veiller à ce que le procès s’ouvre. Nous allons remuer terre et ciel pour qu’il en soit ainsi. Ces 2 milliards de FCFA pouvaient servir à construire des écoles, à donner de l’eau à nos parents. C’est l’argent du contribuable. Pour nous, c’est une grosse infraction qui ne saurait restée impunie. Nous nous en remettons à la justice pour la suite. Ce qui est important pour nous, c’est d’avoir joué notre rôle d’éveilleur de conscience. Encore une fois, nous nous en remettons à la justice ivoirienne. Pour nous, Laurent Gbagbo doit être entendu dans l’affaire des 2 milliards de FCFA remis à un président français. Surtout qu’à l’époque, il avait dit qu’il n’augmenterait pas le salaire des fonctionnaires.
Au téléphone par Thiery Latt