Attaques et actes de vandalisme à Yopougon : La « bagarre » de Gbagbo a commencé !

Attaques et actes de vandalisme à Yopougon : La « bagarre » de Gbagbo a commencé !

« Les jeunes, soyez prêts pour la bagarre ! Parce qu’ils veulent qu’on se bagarre, on va se bagarrer ! Parce qu’ils croient qu’on a peur. Mais à un moment, il faudra qu’on envahisse toutes les rues d’Abidjan. (…) Donc, je suis venu vous dire que celui qui est candidat pour un quatrième mandat, il n’est pas candidat. Eh oui, celui qui est candidat pour un quatrième mandat, il n’a qu’à savoir que nous ferons tout pour qu’il ne soit pas candidat… ». 

C’est Laurent Gbagbo qui, tel un chef de guerre brandissant un lance-flammes, proférait, le samedi 7 juin dernier à Port-Bouët, ces menaces tout autant virulentes que pleinement assumées. C’était devant des centaines de militants du PPA-CI, chauffés à blanc, qui par des cris stridents, eux-mêmes surplombés par des vivats à tout rompre, répondaient à l’unisson, les yeux rougis d’excitation et le torse bombé, au brûlot ainsi agité par leur héros.

Le chef de file du Parti des peuples africains, très remonté ce jour-là, avait quasiment promis l’enfer à Alassane Ouattara – qu’il avait nommément cité – et à son parti, les tenant ouvertement pour responsables de sa non-présence sur la liste électorale définitive. « Aujourd’hui, j’ai 80 ans. Et je me bats depuis que j’ai 18 ans. Et on ne m’a pas encore vaincu. Si je suis debout, c’est que je sais me battre. Je sais recevoir les coups, mais je sais en donner. Mais je sais surtout quand il faut donner les coups», avait-il pour ainsi dire planifié sa riposte face à cette mauvaise conjoncture. Eh bien, au vue des derniers développements de l’actualité dans notre pays, le temps de se « bagarrer », de « donner des coups » est-il arrivé pour l’ancien prisonnier de Scheveningen ? Laurent Gbagbo a-t-il en quelque sorte sonné la fin de la récréation ? L’homme a-t-il commencé la "bagarre" annoncée de façon rugissante à Port-Bouët ?

Beaucoup d’observateurs de notre scène nationale, ceux des Ivoiriens qui savent lire entre les lignes politiques, mais surtout les autorités sécuritaires chargées de veiller à la tranquillité de l’ensemble des habitants de ce pays, ont tendance à répondre par l’affirmative à cette question : y a-t-il un lien entre les propos de celui qui s’est donné à Port-Bouët l’image d’un «vieux lion blessé » et les violences perpétrées nuitamment à Yopougon ? Faut-il donner raison ou tort aux tenants de cette thèse ? La suite des enquêtes situeront définitivement les Ivoiriens sur ces actes de vandalisme fortement assimilables à des actes de sédition politique. 

Toujours est-il que dans la nuit du 1er au 2 août 2025 à Yopougon‑Kouté, de graves actes de vandalisme se sont produits : un autobus de la SOTRA et un véhicule de la police ont l’un été incendié, et l’autre fortement endommagé, ses occupants molestés. Entre la sortie tonitruante et incendiaire de l’ancien député de Ouragahio et cette barbarie nocturne, deux petits mois se sont écoulés. Était-ce le temps nécessaire aux « fous de Gbagbo » pour déclencher « la bagarre » et « donner les coups » susceptibles de faire mouche ? Difficile de ne pas adhérer à cette hypothèse. Les deux personnes arrêtées sur les lieux des faits ainsi que la dizaine d’autres interpellées par la suite s’avérant être des militants plus ou moins actifs du PPA-CI, selon leurs propres aveux, nul doute qu’ils aient été sensibles aux appels à la bagarre de Gbagbo à Port-Bouët.

Du reste, cette disposition à la bagarre clairement affichée par le natif de Gagnoa ne faisait que suite à cette posture belliciste de l’homme qui, quelques mois auparavant, avait initié le mouvement « Trop, c’est trop ». Mouvement auquel s’étaient rapidement alliés certains adeptes invétérés des coups de force, tapis dans l’ombre de quelques palais passablement feutrés de l’AES et qui ne rêvent justement que de prendre part – à leur manière, et pourquoi pas avec la kalachnikov en joue – à la « bagarre » de Gbagbo contre la République.

C’est le même Gbagbo et son PPA-CI qui, alors qu’ils se sont jusque-là regardés en chiens de faïence avec le PDCI de Tidjane Thiam, se lançant régulièrement des piques, ont grandement ouvert leurs bras au vieux parti pour former un « Front commun », qui n’a de commun que la haine que les deux  entités nourrissent contre du RHDP et son président, qu’ils se disent prêts par tous les moyens à empêcher de briguer un imaginaire 4ème mandat.  L’un de ses moyens, pompeusement baptisés « la grande marche nationale pacifique », et dont « l’objectif est d’appeler à la paix et à la cohésion nationale dans un contexte sociopolitique tendu », prétendaient-ils a été un flop. Car là encore, le pot-aux-roses de l’insurrection déguisée a été découvert et l’évènement purement et simplement annulé. 

Ce sont toutes ces tentatives de sabotage du processus électoral, avortées les unes après les autres, et plus globalement l’impossibilité de bloquer la marche du pays vers les horizons glorieux que le Président Alassane Ouattara dessine pour la  Côte depuis bientôt quinze ans, qui  rongent – les conclusions des enquêtes le confirmeront –, Laurent Gbagbo et les siens et qui les poussent à vouloir faire « la bagarre » avec les Ivoiriens. Le fils de Koudou Paul a certainement commencé ses assauts contre la mère-patrie. Mais est-il assuré d’avoir le dernier mot ?  Est-il sûr de ne pas s’écrouler avant ?

 

KORE EMMANUEL