Eliminatoires CAN 2025 (5e journée) : Eléphants, la chute collective
On ne cessera jamais de le dire. En football, il y a trois résultats possibles : la victoire, le nul et la défaite. Certes, la défaite n’est jamais positive mais il y a des défaites qu’on applaudit, qui laissent envisager un futur avec beaucoup d’espoir. Celle concédée par la sélection nationale, le vendredi 15 novembre 2024, en Zambie est loin de celles-ci. Face aux Chipolopolo, dans le cadre de la 5e journée des éliminatoires de la CAN Maroc 2025, les Eléphants sont passés à côté de la plaque.
Faé dénonce la manière
Emerse Faé n'est pas du tout content de la prestation de ses hommes face à la Zambie (Ph DR)
Une prestation à vite oublier pour le sélectionneur national qui a manifesté sa désolation, au terme de la petite prestation de ses hommes. « Je suis déçu pour le résultat. On n’a pas été à la hauteur. Je suis déçu par la manière », a lâché Emerse Faé, en conférence d’après-match. Sur la pelouse du stade Levy Mwanawasa de Ndola, quatrième ville du pays, située au Nord à environ 320 km de Lusaka, proche de la frontière avec la République Démocratique du Congo (RDC), les Eléphants ont fait preuve de fautes techniques inimaginables. Des contrôles les plus simples aux passes manquées en passant par l’imprécision dans les transmissions, les coéquipiers du capitaine Franck Kessié ont tout fait faux. Ce qui a encore plus activé la colère de Faé. « C’est difficile d’expliquer ces erreurs techniques. Quand vous avez autant de déchets techniques, c’est difficile de gagner le match », a-t-il pesté. Les Eléphants, comme lors ce fameux match de la CAN 2023, du 22 janvier 2024, face à la Guinée Équatoriale, n’ont rien prouvé. Les hommes de Faé ont été tout simplement décevants, devenant la risée du public de Ndola. Et le technicien ivoirien le dit si bien : « On n’a pas été bons, on n'a pas eu de décalage. On n'a rien produit ». Une défaite qui pourrait aussi s’expliquer par le manque d’enjeu véritable.
Le difficile choix face à l’enjeu
Jean-Philippe Krasso à la lutte avec un défenseur zambien (Ph DR)
Partis d’Abidjan, le 13 novembre, les Eléphants ont appris leur qualification pour leur 25e Coupe d’Afrique des Nations, à leur descente d’avion. Après près de 6 heures passées dans les airs, ils ont été accueillis par cette bonne nouvelle à l’aéroport Simon Mwansa Kapwepwe de Ndola. Une information, même si elle n’a pas été accueillie avec un enthousiasme démesuré, arrivait comme un soulagement. Puisque la Côte d’Ivoire, qui n’avait besoin que du nul lors de la dernière trêve pour acter sa qualification, a été battue par la Sierra Leone (0-1), le 11 octobre dernier, à Monrovia (Liberia), relançant la course dans ce groupe G. Le scénario identique n’était pas exclu pour ce déplacement à Ndola surtout que la dernière visite des Éléphants dans cette ville du Nord de la Zambie s’est soldée par un cinglant revers (3-0), le 17 juin 2023, en éliminatoires de la CAN 2023. Ce seul souvenir a suffi pour donner plus confiance et d’allant au groupe de Faé. Malheureusement, l’envie affichée par les vingt-cinq joueurs a été diluée 48 heures avant le choc de la 5e journée. Le Tchad, bien que condamné, a accroché la Sierra Leone (1-1), à Abidjan. Un résultat suffisant pour emmener les Champions d’Afrique au Maroc, enlevant tout enjeu à cette opposition du 15 novembre, du moins pour les Eléphants qui, avec 9 points, ne peuvent plus être rejoints ni par la Sierra Leone (5 points) ni par le Tchad (3 points). Seule la Zambie pouvait encore inquiéter la Côte d’Ivoire pour le contrôle du groupe G. Et les Chipolopolo ne se sont pas faits prier pour profiter de l’aubaine face à la démission des Eléphants. Une situation qui démontre la difficile gestion des situations par les Eléphants. Oubliant leur statut de championnat d’Afrique, ils n’ont jamais su adopter la bonne option qui était d’aller gagner bien qu’étant déjà qualifiés.
Défaillance tactique
Les Eléphants lors de l'échauffement d'avant-match sur la pelouse du stade Levy Mwanawasa de Ndola (Ph DR)
Le manque d’enjeu peut-il justifier la prestation des Eléphants ? Tout comme ne peut l’être la pelouse du stade Levy Mwanawasa de Ndola. Contrairement au synthétique du stade Samuel Kanyon Doe de Monrovia, celle de Ndola est nettement au dessus de la moyenne. Même si elle est loin des pelouses ivoiriennes. Mais ce vendredi 15 novembre, les Eléphants ont été pris à leur propre piège. Le plan mis en place par Emerse Faé n’a pas marché. Et comme il s’y fallait attendre, l’équipe a complètement déjoué. « On voulait attendre et récupérer le ballon au niveau de la ligne médiane. Tactiquement, on a été naïfs. Ce qu'on voulait faire, ce sont finalement les Zambiens qui l’ont fait », a reconnu le sélectionneur national. Un échec collectif qui suscite déjà des inquiétudes, neuf mois après le sacre des Eléphants à la CAN 2023. Les deux défaites d’affilée en l’espace d’un mois peuvent créer le doute dans le groupe. Surtout que ces revers sont encaissés après des prestations ternes. « Peut-être que le doute s’installe. On saura faire face à cette période. Au-delà de la défaite, on n’a pas été bons dans le contenu. On va taper du point sur la table », a dit Emerse Faé, espérant un sursaut d’orgueil de ses hommes face au Tchad, le mardi 19 novembre, au stade Félix Houphouët-Boigny, pour terminer en toute beauté cette phase éliminatoire. Et pourquoi pas, réussir ce qui est à espérer : la place de leader perdue au profil du bourreau zambien. « Je sais que dos au mur, on est capable de faire de très bonnes choses. On veut être premiers de notre groupe mais ça ne dépend pas de nous. On va tout mettre en œuvre pour gagner notre match mardi et attendre ce qui va arriver à Monrovia », a conclu le sélectionneur de la Côte d’Ivoire.
Un réveil attendu par le public sportif qui semble de plus en plus en inquiet face aux prestations peu convaincantes de son équipe. Parce que, la Côte d’Ivoire, dans ces éliminatoires, avait un statut à faire respecter. Un champion d’Afrique n’a pas le droit de se laisser humilier de la sorte.
OUATTARA GAOUSSOU