PPA-CI : Damana Pickass défie encore les institutions malgré sa condamnation à 10 ans de prison 

PPA-CI : Damana Pickass défie encore les institutions malgré sa condamnation à 10 ans de prison 
Le cadre du PPA-CI est un éternel pyromane   

Le Front commun et ses alliés — notamment le GPS et le FPI — ont appelé, par la voix de Damana Pickass, leurs militants à la « résistance » en occupant « pacifiquement » les rues. L’appel a été lancé le mercredi 15 octobre 2025 dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. « C’est un droit constitutionnel que vous exercez. Jeunes, femmes, adultes, travailleurs, étudiants, démocrates de tous horizons, vous êtes invités à occuper pacifiquement les rues. Que ce soit dans tout le district d’Abidjan et dans les grandes villes de l’intérieur du pays, tous les Ivoiriens doivent se mobiliser de façon pacifique. Je voudrais rassurer ceux qui ont encore des doutes : jamais, aujourd’hui plus qu’hier, nous ne sommes aussi proches de la victoire et de la délivrance. Mais la balle est dans votre camp. Le salut du pays réside entre nos mains. Osez agir, osez manifester pour oser gagner et triompher ! », a-t-il déclaré. 

Dans cette même vidéo, le vice-président du Conseil stratégique et politique du PPA-CI a assuré que cette initiative bénéficie du soutien des principaux leaders de l’opposition : « Le président Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, notre leader charismatique, le ministre Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, le Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, le Premier ministre Guillaume Soro… Tous les leaders sont avec nous dans ce combat », a-t-il affirmé.

Conscient de l’interdiction de telles manifestations, Damana Pickass dit assumer toutes les conséquences de cet appel : « En ma qualité de coordonnateur du comité opérationnel du Front commun, j’ai décidé de prendre mes responsabilités et de poursuivre le combat, advienne que pourra ! », a-t-il lancé.

 Cette sortie de Pickass coïncide avec la tenue d'une réunion du PPA- CI convoquée ce même jour par le président Laurent Gbagbo à l'issue de laquelle il a été annoncé une adresse importante de ce dernier à ses partisans dans les jours à venir. Jusqu’ici, aucun des leaders politiques membres du Front commun ou de leurs alliés n’avait donné un mot d’ordre clair à leurs militants, craignant d’assumer les conséquences en cas de débordements. Seule Pulchérie Gbalet, présidente d’une organisation satellite, s’était jusque-là risquée à endosser ce rôle, mais sans succès. Toutes les tentatives de mobilisation précédentes se sont soldées par un échec.

Damana Pickass n’en est pas à son premier coup d’éclat. L’homme est connu comme le fidèle exécutant des « sales besognes » de Laurent Gbagbo. Son nom reste associé à la crise postélectorale de 2010, lorsqu’il s’était illustré en arrachant, en direct à la télévision nationale, les résultats de la présidentielle des mains de Bamba Yacouba, alors porte-parole de la CEI, au moment où ce dernier s’apprêtait à les proclamer. Il est également cité dans plusieurs affaires d’atteinte à la sûreté de l’État. En février dernier, lui et deux autres cadres du PPA-CI — Justin Koua et Ipko Lagui — ont été condamnés à dix ans de prison ferme par le tribunal de première instance d’Abidjan, sans mandat de dépôt. Les trois hommes ont en outre écopé d’une peine de dix ans de privation de leurs droits civiques et de cinq ans d’interdiction de paraître dans les lieux publics, sauf dans leurs localités de naissance et de travail. Justin Koua, secrétaire général adjoint du PPA-CI, a été reconnu coupable de « troubles à l’ordre public » et d’« incitation insurrectionnelle » lors des violences préélectorales de 2020. Damana Pickass, lui, était poursuivi avec Ikpo Lagui pour « atteinte à la défense nationale », « association de malfaiteurs » et « attentat contre l’autorité de l’État », à la suite de l’attaque du camp militaire d’Abobo Kouté dans la nuit du 20 au 21 avril 2021, qui avait fait trois morts parmi les assaillants. Une fois encore, Damana Pickass se place sur la ligne de la provocation et du défi, confirmant son image d’homme de confrontation et de turbulence politique. 

 

Rahoul Sainfort