Présidentielle 2025 : Les 10 raisons de l’échec programmé de Tidjane Thiam

Présidentielle 2025 : Les 10 raisons de l’échec programmé de Tidjane Thiam

Des craintes et des interrogations. A 11 mois de la présidentielle de 2025, la sérénité a foutu le camp au Parti démocratique de Côte d’Ivoire. A l’épreuve du terrain, l’enthousiasme, qui a suscité l’arrivée du messie annoncé, fait désormais place au doute et à l’inquiétude chez beaucoup de militants du vieux parti. En interne, de plus en plus de voix s’élèvent pour soutenir que les chances du PDCI de revenir au pouvoir en 2025 sont quasi-nulles. C’est également ce que pensent beaucoup d’analystes politiques. Au moins 10 arguments justifient ce constat. Le premier trouve sa racine dans la manière dont l’ancien haut fonctionnaire de Credit Suisse a succédé à Henri Konan Bédié en décembre 2023. Faut-il le rappeler, tout a été mis en œuvre pour écarter toute candidature susceptible de contrarier la volonté affichée par Tidjane Thiam de prendre les rênes du PDCI. Notamment celle de Maurice Kacou Guikahué ou encore de Noël Akossi Bendjo qui s’est retiré de la course à la présidence du de ce parti pour se ranger derrière Thiam.  « Est-ce que tu es Baoulé et tu veux être à la tête du parti ? ». Cette question saugrenue posée à Maurice Kacou Guikahué à l’époque continue de choquer de nombreux militants qui, tout leur vie durant, sans être de cette ethnie, ont donné de leur temps, de leur énergie, de leurs moyens financiers et physiques pour la cause du PDCI. Le second argument, qui découle du 1er, est bien évidemment la division qui règne au sein du PDCI. Depuis l’arrivée de Tidjane Thiam à la tête de cette formation politique dans les conditions que l’on sait, la fracture s’y est accentuée. A qui veut l’entendre, Jean-Louis Billon, clame haut et fort qu’il sera candidat en 2025. Une situation que crée de facto deux clans au PDCI. Il y a d’un côté ceux qui soutiennent le président du parti et de l’autre, ceux qui soutiennent le député de Dabakala. Une mission de nombreux parlementaires de cette formation politique visant à ramener leur collègue à la raison a échoué, comme l’ont reporté plusieurs médias. On en déduit qu’il y a une division entre les cadres et naturellement entre les militants. La troisième raison pour laquelle l’échec de l’ex-ministre  du Plan d’Henri Konan Bédié est inévitable, c’est sa méconnaissance du terrain. Après plus de 20 ans à l’extérieur, l’actuel président du PDCI ne connait pas le pays. De plus, il ne se donne pas les moyens non plus pour sillonner la Côte d’Ivoire, du sud au nord, de l’est à l’ouest en passant bien entendu par le centre. A part quelques sorties sporadiques, on ne le voit quasiment pas. D’ailleurs, dans certaines régions du pays, il n’a jamais mis les pieds.  Justement, cette longue absence du pays, et c’est la quatrième raison, joue contre lui. En effet, 25 ans durant, Thiam était coupé de toutes les réalités du pays. Quand la Côte d’Ivoire traversait une zone de turbulence marquée par une crise militaro-politique sans précédent, de 2002 à 2011, on ne l’a pas vu. Où était-il quand la Côte d’Ivoire était gravement malade et avait besoin de soins ?  La cinquième raison, c’est l’appareil politique sur lequel il veut s’appuyer pour mener son combat. Le PDCI, qui  a connu ses années de gloire, est depuis le décès en 1993 de Félix Houphouët-Boigny en perte de vitesse. En termes d’élus et d’occupation du terrain, le PDCI d’hier et celui d’aujourd’hui, c’est le jour et la nuit. Les résultats ne sont pas reluisants pour cette formation politique comme l’attestent les résultats des dernières élections législatives, municipales, régionales et sénatoriales. Trois petites régions sur 31 régions. Une moisson très maigre qui permet de tirer une conclusion simple : le PDCI est sur le déclin. 
La sixième raison, c’est l’offre politique de l’ancien patron de Credit Suisse. « Thiam ne propose presque rien que le Président Ouattara n’ait déjà fait, ou est en train de faire ou projette de faire », fait remarquer un analyste politique. Et ce dernier d’ajouter : « Quand il va sur le terrain, il ne fait que dire : ‘’je vais construire des hôpitaux.  Je vais construire des routes.  Je vais construire des salles de classe’’. Le Président Ouattara fait ça déjà. Tidjane Thiam n’offre rien d’extraordinaire ».  En tout cas, il propose trop peu pour espérer détrôner le RHDP. Le sixième handicap et non des moindres, c’est que le fait que les Ivoiriens ne connaissent pas Tidjane Thiam. Il n’est connu que de quelques jeunes connectés aux réseaux sociaux et non par la grande masse populaire. Toute chose qui ne milite pas en faveur du président du PDCI. Qui doit, en réalité, aller au contact des parents qui vivent dans les villages reculés, dans les campements pour se faire connaitre. Sauf que la difficulté, c’est que le temps joue contre lui. Tidjane Thiam pêche par le fait qu’il est un novice en politique. Et c’est le huitième obstacle. Les monstres politiques de la Côte d’Ivoire sont connus. Ils ont pour nom Félix Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié ou encore Laurent Gbagbo. Pour arriver à leur niveau, le président du PDCI doit encore apprendre. Que dire de sa méconnaissance du PDCI qui lui a joué un sale tour dès son élection à la tête de ce parti. Et c’est l’avant-dernière raison pour laquelle une victoire de Thiam serait utopique. Disons-le tout net, l’actuel président du parti fondé par Félix Houphouët-Boigny, ne maîtrise même pas les structures de son parti. Il ne connait pas les hommes qui l’animent. Comme en témoigne la nomination de cadres décédés dans les instances du PDCI ou encore de militants ayant quitté la maison depuis quelques années pour rejoindre le RHDP. Enfin, et c’est le 10ème argument, Tidjane Thiam, s’il est candidat, aura en face de lui le RHDP en 2025.  Une machine redoutable qui broie tout sur son passage. Et surtout un parti qui a une assise nationale et ne laisse aucune chance à ses adversaires. Tidjane Thiam et le PDCI sont donc avertis. Et courent au-devant une humiliation ! 


Thiery Latt