Résistance suicidaire

Résistance suicidaire

Dans la vie, il y a des combats qu’il ne faut pas mener parce qu’ils ne sont pas portés par une cause juste. Et, surtout, qui sont quasi-impossibles à gagner. Celui que tentent de mener des membres de l’ancienne Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) – dissoute par le Conseil national de sécurité le 17 octobre dernier – en fait partie.

Dans un communiqué en date du 20 octobre 2024, l’ex-organisation syndicale, qui semait la terreur dans le monde universitaire et scolaire, appelle à « la résistance » contre sa dissolution et l’incarcération de son secrétaire général Kambou Sié, mis aux arrêts avec certains de ses camarades suite au meurtre de l’étudiant Agui Mars Déagoué, connu sous le sobriquet peu flatteur de « Général Sorcier », et à une seconde affaire de crime liée au décès d’un autre étudiant, Khalifa Diomandé,  fin août après avoir été battu à mort sur le campus par des ex-fescistes. Ces deux affaires de meurtre ne sont que la partie visible de la grande montagne des forfaits dont cette organisation est devenue coutumière sur les cités universitaires.  

Faut-il le rappeler, après ce double assassinat, le gouvernement a lancé une vaste opération de déguerpissement des occupants illégaux des cités universitaires.  Ce qui a permis d’expulser 5000 occupants, dont des fonctionnaires et des travailleurs du privé, qui n’avaient rien à y faire, et surtout de faire des découvertes ahurissantes : un fumoir, une maison close, un tunnel de tortures, des armes blanches et … des grenades ! Un arsenal digne d’une milice armée !
Justement, c’est ce qu’est devenu, sous nos yeux, à force de laxisme et d’impunité, la Fesci qui imposait à tous, enseignants et étudiants, son diktat dans le milieu universitaire ; faisant tout et n’importe quoi et outrepassant sa mission originelle à savoir la lutte pour l’amélioration des conditions de vie et d’étude des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. 
Aujourd’hui, ces fescistes, qui ressemblent plus à des sacripants, se braquent contre les autorités ivoiriennes et osent – comble de la défiance –  leur lancer, via ce communiqué, un ultimatum surréaliste : « Nous attendons les résultats des enquêtes policières et le communiqué final du procureur jusqu’au jeudi 31 octobre 2024, date limite. Passé cette date et si rien n’est fait, nous ne serons plus responsables de tout ce qui adviendra sur l’espace universitaire, et dans les lycées ou collèges ».
De toute évidence, ces menaces du fameux Général Crapaud le Noir sonnent comme, n’ayons pas peur des mots, une déclaration de guerre contre le gouvernement. Incroyable mais vrai !!!
Certes, la Fesci a déjà été dissoute en 1991, sous le régime du Président Houphouët-Boigny, avant de renaître de ses cendres en 1996, sous la gouvernance du Président Henri Konan Bédié, en pleine tempête socio-politique. D’aucuns pensent donc qu’elle va, de nouveau, survivre, à cette nouvelle dissolution. Mais, disons-le tout net, comparaison n’est pas raison, et surtout le contexte n’est pas le même. 
Cette fois-ci, au regard des graves dérives qui lui sont reprochées, et vu la détermination farouche des autorités actuelles à tourner cette page sombre et morbide du syndicalisme scolaire et estudiantin, il n’est pas sûr que ce monstre puisse encore relever sa tête. En tout cas, pas sous la gouvernance du Président Alassane Ouattara qui est déterminé, avec son gouvernement, à ramener la quiétude dans l’univers universitaire et scolaire. Pour le bonheur des vrais élèves et étudiants qui aspirent à un environnement sain pour faire leurs études dans la quiétude. Et Dieu sait combien, ils sont les plus nombreux.
Manifestement, ces fescistes, qui ne veulent pas comprendre qu’il y a une fin à tout, notamment à toutes leurs combines, se lancent dans une aventure périlleuse, avec le risque très grand de subir la rigueur de la loi. Car, le gouvernement l’a clairement dit, il ne transige pas sur la question de la sécurité de l’espace universitaire. Et puis, que peut réellement une cohorte de délinquants face à un Etat responsable et une masse silencieuse d’élèves et étudiants qui désapprouvent totalement leurs agissements condamnables ? Rien, absolument rien.
A la vérité, il n’y a aucun péril en la demeure.  Ces étudiants jouent inutilement à se faire peur et agitent le chiffon rouge pour se donner l’illusion qu’ils ont encore le pouvoir de faire pencher la balance de leur côté. Ce qui n’est pas du tout le cas. D’ailleurs, le combat qu’ils s’apprêtent à mener est perdu d’avance.  
Au lieu donc « de prendre le maquis », ils feraient mieux de revenir à l’essence même de leur présence à l’université : les études, rien que les études. Toute autre option serait, ni plus ni moins, suicidaire.


Charles Sanga