L’épouvantail Ouattara

L’épouvantail Ouattara

Pas de doute. C’est un moment très attendu, à la fois par les cadres – les premiers concernés-  et les militants du parti. Comme annoncé, le président du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), Alassane Ouattara, rencontre ce lundi 30 septembre 2024, les coordonnateurs régionaux – principaux et adjoints- de son parti.

Si cet événement, à priori, interne à cette formation politique concerne en premier lieu les houphouëtistes, il cristallise curieusement l’énergie d’une opposition qui attend, ouvertement, que le chef de l’État se prononce sur sa volonté ou non de briguer un nouveau mandat à l’élection présidentielle d’octobre 2025.

Dans les différentes officines de ces opposants, toutes les oreilles seront donc dressées vers la salle des fêtes du Sofitel hôtel Ivoire pour espérer entendre… ce qu’ils souhaitent, envers et contre tout, entendre. Du moins, ce qu’ils appellent de tous les vœux : une non-candidature du président du RHDP dans un an. Comme si cela dépendait d’eux, alors que la décision incombe avant tout au chef de l’État, et sur la question, la volonté de ses militants ne souffre d’aucune ambiguïté. Elle est même claire et nette : ils veulent tous sans exception et exigent même, à la lumière des appels qui fusent un peu partout dans le pays et des hommages rendus au premier citoyen ivoirien, que leur champion, auréolé d’un bilan inégalable, reste encore aux manettes du pays afin de poursuivre son œuvre dantesque de reconstruction et de développement entamée en 2011.

Un scénario que redoute l’opposition qui, manifestement, a une peur bleue du Président Alassane Ouattara. A la vérité, derrière toute son agitation verbale, elle sait pertinemment que ses chances de vaincre le chef de l’État sont quasi-nulles, pour ne pas dire inexistantes.  Et il y a trois raisons très objectives de le penser.

Primo : jamais, depuis la mort du Président Houphouët-Boigny en décembre 1993, aucun chef de l’exécutif n’a autant bâti ce pays. De Bédié à Gbagbo, en passant par l’intermède Guéi en 2000, aucun chef de l’exécutif ivoirien ne peut s’enorgueillir d’avoir mieux fait qu’Alassane Ouattara. En un peu plus d’une décennie, il a fait d’une Nation engluée dans les profondeurs abyssales de la décrépitude, avec un tissu social en lambeaux, une économie déglinguée, et une sécurité en jachère, un État prospère qui tend fièrement les bras vers l’émergence. L’une des économies les plus dynamiques et performantes du continent. Un pays avec un niveau de développement très apprécié, respecté et envié en Afrique. Un havre de paix et du vivre ensemble, cher à Houphouët-Boigny, où il fait bon vivre, avec des infrastructures de base de qualité (routes, ponts, centres de santé, écoles, électricité, eau potable etc.). Un îlot de sécurité et de stabilité dans une sous-région en proie à la menace terroriste. Une locomotive, non pas que de l’Afrique de l’ouest, mais de l’Afrique en général.

Secundo : le leadership du Président Alassane Ouattara est aujourd’hui incontestable sur le continent. Son aura, son engagement inéluctable pour la paix et sa gouvernance efficiente ont renforcé son capital crédit et fait de lui aujourd’hui, l’un des plus grands dirigeants du continent ; en tout cas, il est de ceux qui tiennent et tirent l’Afrique vers le haut. La Côte d’Ivoire lui doit sa formidable remontée de la pente.

Tertio : c’est une vérité implacable, aucun leader de l’opposition n’a ni la stature ni le charisme d’Alassane Ouattara. Même pas Laurent Gbagbo qui a, d’ailleurs, montré à l’épreuve du pouvoir, ses limites criantes pour diriger la Côte d’Ivoire. Sa présidence désastreuse, marquée par la gabegie, la prévarication des deniers publics et l’érection de la violence politique en mode de gouvernance, sont les preuves édifiantes de son passage calamiteux à la tête du pays. Aujourd’hui, c’est un homme du passé et dépassé par les événements qui cherche à s’offrir un baroud d’honneur, avec une formation politique, le PPA-CI, sans réelle épaisseur, avant sans doute un retrait par la petite porte de la scène politique nationale. Que dire de Tidjane Thiam, qui, depuis qu’il a pris les rênes du PDCI, en décembre 2023, n’a quasiment rien montré sur le terrain. D’ailleurs, entre convulsions et guéguerre des cadres, la maison verte vacille dans les mains de ce novice politique, qui pense qu’il suffit d'avoir dirigé une banque pour prétendre gouverner la Côte d’Ivoire. Et, pour l’instant, l’ingénieur polytechnicien donne le sentiment que le costume du président du PDCI semble un peu trop épais pour lui. L’enthousiasme qui a précédé son élection à la tête du PDCI fait désormais place au doute… sur sa capacité réelle à faire franchir un cap au vieux parti.  Quant à Simone Gbagbo, force est de reconnaître que son «MGC » (Mouvement des générations capables) ne pèse pas le poids d’un duvet sur l’échiquier politique… De toute évidence, l’opposition n’a personne pour challenger Alassane Ouattara. Et elle le sait très bien, c’est pourquoi, elle prie, chaque jour, pour que le candidat naturel du RHDP ne s’engage pas dans la course pour le fauteuil présidentiel en 2025. Une peur qui frise même la psychose.

Heureusement que les militants du RHDP et leur mentor restent imperturbables face à cette danse de sorcellerie. Et, mieux, ils sont focus sur le scrutin prévu dans treize mois. Avec pour objectif, le « 1 coup KO ». Quel que soit le cas de figure qui se présentera. Car, avant tout, c'est le terrain qui commande.

 
Charles Sanga