Révision de la liste électorale : L'opposition face à l'indifférence des Ivoiriens

Les leaders de l'opposition ne font pas rêver. La révision de la liste électorale a pris fin le dimanche 17 novembre 2024. Sur un objectif de 4,5 millions de nouveaux électeurs à rechercher, il n'est pas sûr qu'au terme du processus l'on atteigne 500 000 nouveaux votants. Si l’on se réfère aux chiffres précédents, à cinq jours de la fin de l'opération, avant la décision de prorogation, un peu plus de 500 000 personnes étaient enregistrées pour à peine 200 000 primo-votants. Malgré le délai d'une semaine accordé, l'affluence est restée faible dans les centres d'enrôlement. Il n'y a pas eu d'engorgement, contrairement aux prévisions des opposants, convaincus que les Ivoiriens, déçus selon eux du régime en place, se déplaceraient massivement pour préparer son éviction en 2025. Pour ce faire, ils n'ont cessé de réclamer à cor et à cri que l'opération soit prolongée jusqu'à l’approche de la présidentielle. Pour l’opposition, cette opération avait tout l’air d’un défi stratégique à relever avant les échéances électorales de 2025. Les principaux leaders politiques avaient fait de la mobilisation pour l’enrôlement leur cheval de bataille. Contrairement à certaines habitudes de boycott, ils ont multiplié les descentes sur le terrain, organisé des campagnes de sensibilisation et exhorté les Ivoiriens à s’inscrire massivement. Cependant, l'effervescence attendue n'a pas eu lieu.
Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo sans effet sur la mobilisation
Les futurs électeurs n'ont pas jugé nécessaire de se déplacer pour porter la cause de l'opposition en 2025. Il est difficile de ne pas comparer cette situation avec celle de 2010, marquée par une mobilisation massive des électeurs. À l’époque, la soif de changement était palpable. Les Ivoiriens, galvanisés par des figures politiques charismatiques comme Alassane Ouattara, actuel président de la République, avaient répondu présents, d’abord pour s’inscrire sur la liste électorale, puis dans les urnes. L’engouement observé à cette époque semble aujourd’hui bien loin. L’arrivée de Tidjane Thiam à la tête du PDCI-RDA, autrefois perçue comme une opportunité de renouvellement, n’a pas eu l’effet escompté. Considéré comme un atout pour dynamiser la base électorale de son parti, Thiam avait fait de cette révision de la liste électorale une priorité personnelle. Pourtant, l’attendu "effet Thiam" n’a pas transcendé les frontières de son parti pour mobiliser l’ensemble des citoyens. Si Tidjane Thiam a été érigé par certains comme le sauveur du PDCI-RDA, son impact réel semble limité, du moins pour l’instant. Quant à Laurent Gbagbo, bien qu’inéligible, son charisme aurait pu susciter une ferveur chez ses partisans et bon nombre de jeunes Ivoiriens. Mais là encore, l’enthousiasme semble émoussé. Ces dynamiques traduisent une réalité préoccupante pour l’opposition ivoirienne : ses leaders ne parviennent pas, ou plus, à faire rêver. Les Ivoiriens ne ressentent pas l’urgence ou l’espoir d’un véritable changement. D'autant plus que le chef de l'Etat Alassane Ouattara a remis le pays sur les rails du développement. Le rapport 2024 de la BAD atteste de sa solidité. Notamment économique. Cela, malgré les difficultés économiques mondiales. Selon ce rapport, le PIB réel de la Côte d'Ivoire a connu une hausse de 6, 5% contre 6,2% en 2022. Alassane Ouattara a également redonné au pays la paix et la stabilité. En dépit du contexte sécuritaire sous-régional qui prévaut, la Côte d’Ivoire garde ses frontières étanches.
Quand Ouattara bat tous les records
Le pays balafré après une décennie de crise (2000-2010) a retrouvé ses marques sous la gouvernance Alassane Ouattara. En 13 ans, ce sont sept nouvelles universités (Man, San-Pedro, Bondoukou, université virtuelle, Daloa et Korhogo) qui sont sorties de terre et une autre université en construction à Odienné contre trois universités (Cocody, Abobo-Adjamé et Bouaké) de 1960 à 2010. On peut le dire, sous l’ère Alassane Ouattara, il y a un véritable boom des universités en Côte d’Ivoire.
Avant de développer l’enseignement supérieur, le chef de l’Etat a pris le soin d’améliorer l’offre éducative à la maternelle, au primaire et au secondaire. Sur la période 2011-2018, le gouvernement a ainsi construit 30 621 salles de classe au préscolaire et au primaire, 242 établissements secondaires et sept CAFOP quand deux autres sont en construction. Neuf établissements d’enseignement technique et professionnel dont le Centre multisectoriel de formation professionnelle Mohammed VI de Yopougon ont également été construits.
Sur la même période, 3 616 salles de classe du préscolaire et du primaire ont été réhabilitées ainsi que neuf CAFOP et 38 lycées et collèges. De 2011 à 2023, 168 collèges de proximité ont été construits dont 42 en 2023. 7000 jeunes ont été recrutés en 2023 dans le cadre du concours d’entrée dans les CAFOP contre 5000 habituellement, permettant à 2000 jeunes supplémentaires de bénéficier d’un emploi. 1100 parmi eux ont bénéficié du déplafonnement de l’âge. 14 lycées d’excellence de jeunes filles avec internat dont 10 déjà sont sortis de terre en 2023. En 50 ans, la Côte d’Ivoire n’avait que quatre lycées d’excellence.
Sous la gouvernance du Président Ouattara, plus de 40 ponts ont été construits à travers toute la Côte d’Ivoire. De deux ponts, Abidjan en compte aujourd’hui cinq. Les trois nouveaux ouvrages qui embellissent la capitale économique sont le pont HKB, le pont ADO et le 4e pont. De gigantesques échangeurs surplombent Abidjan grâce à Ouattara. Le fameux carrefour Mel qui était devenu un cauchemar pour les automobilistes ivoiriens en saison pluvieuse est aujourd’hui un échangeur flambant neuf « insubmersible ».
La voie de contournement de la ville d’Abidjan fait partie d’un ensemble de 20 projets lancés par le gouvernement ivoirien afin d’améliorer la fluidité urbaine dans la capitale économique ivoirienne. Elle coûtera 74 milliards FCFA à l’Etat de Côte d’Ivoire. La voie de contournement de la ville d’Abidjan encore appelée rocade Y4, est un projet cher aux autorités ivoiriennes. Longtemps envisagé et étudié par les ingénieurs en travaux publics, il est entré dans sa phase de réalisation en octobre 2020. La Y4 part de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët, passe par la commune de Koumassi, arrive à Cocody du côté de M’pouto, passe par l’établissement scolaire Jacques Prévert, traverse le boulevard Mitterrand jusqu’à Saint Viateur. De là, la route continue jusqu’au boulevard Mohammed VI au niveau de la morgue d’Anyama, puis au stade d’Ebimpé. Là, la voie arrive sur l’autoroute du Nord et continue sur le carrefour de Jacqueville. Au total, ce sont 1635 km de voies qui ont été bitumées. Pour la formation des jeunes Ivoiriens, en plus de la construction des collèges et lycées, des CAFOP, plus de 9 lycées professionnels ont été construits. Des Centres de Formation professionnelle (CFP) ont été érigés en Lycées professionnels. Pour l’année 2022-2023, ils ont ouvert des formations en Brevet de Technicien (BT). Il s’agit d’Abengourou (Électricité bâtiment/Construction métallique), de Bondoukou (Mécanique automobile/Électrotechnique), de Bimbresso (Mécanique automobile/Froid Climatisation), de Korhogo (Électricité bâtiment/ Construction métallique), de Marcory (Construction automobile/ Construction métallique) et de Gagnoa (Électricité bâtiment/Construction métallique).
Des efforts au niveau sanitaire et sportif
En 12 ans, ce sont plus de 10 CHR qui ont été construits ou sont en cours de construction. Plus de 15 hôpitaux généraux et CHR ont été réhabilités. En plus d’Abidjan, la Côte d’Ivoire dispose d’un autre institut de cardiologie à Bouaké. Bâtie sur une superficie de 12450,85 m2, la nouvelle infrastructure sanitaire comporte trois niveaux à savoir un rez-de-chaussée de 5805,91 m2, un premier étage de 5096,72 m2 et un deuxième étage de 1549,22 m2. Il est construit sur une surface au sol de 10757,40 m2. Ce projet qui s'inscrit dans un programme d'urgence du secteur de la santé est estimé à un coût total de 9,4 milliards de francs CFA. Il consiste en l’achèvement et en la mise en service d’un second centre national de référence en cardiologie après l’Institut de cardiologie d’Abidjan (ICA) créé en 1977.
Au niveau sportif, cinq stades (Bouaké, Yamoussoukro, Korhogo, San Pedro et Ebimpé) ont été construits. Le stade Félix Houphouët-Boigny a été entièrement réhabilité. La qualité de ces infrastructures sportives qui ont accueilli la CAN 2023 a été saluée par tous les acteurs du ballon rond. Plus de 90% des localités électrifiées. 1 483 localités ont été électrifiées sur la période 2022-2023 dont 642 en 2022 et 841 en 2023. A l’époque, le nombre cumulé de localités électrifiées était de 7 508, soit un taux national de couverture électrique de 88,14%. Le taux de couverture en électricité était de 33% en 2011. L’objectif à l’horizon 2025 est de couvrir 100% du territoire national.
Aujourd’hui l’eau coule à flots dans les robinets. Le gouvernement ivoirien et la Banque mondiale ont signé en 2024, un accord de financement pour un projet sans précédent dans le secteur de l'eau en Côte d'Ivoire. Doté d'une enveloppe de 825 millions de dollars, le Projet d'Appui à la Sécurité de l'Eau et de l'Assainissement (PASEA) a pour objectif de fournir un accès sécurisé à des services d'eau et d'assainissement améliorés et abordables dans les régions défavorisées du nord du pays. Le PASEA prévoit la réhabilitation de quatre grands barrages pour créer une capacité de stockage d'eau supplémentaire de 45 millions de m³ et l'installation de 30 nouvelles stations hydrologiques pour améliorer le suivi des ressources en eau dans les régions éloignées du pays. À terme, le projet permettra à plus de 2 millions de personnes, dont la moitié sont des femmes, d'accéder à l'eau potable et à l’assainissement. La liste de ces prouesses n’est pas exhaustive. Alassane Ouattara peut à juste titre soutenir que « son bilan est inattaquable ». C'est peu dire. Les Ivoiriens se sentent en sécurité avec Alassane Ouattara.
Rahoul Sainfort