Taekwondo-Dissolution du comité directeur, harcèlement sexuel, détournement des fonds, … : Sale temps pour Jean-Marc Yacé et la FITKD
Temps brumeux à la Fédération ivoirienne de taekwondo (FITKD). Jadis symbole de fierté nationale et respectée à l'international, la Fédération est actuellement plongée dans une profonde crise, symbolisée par une série de scandales et une gouvernance contestée. La dissolution du comité directeur, annoncée le 19 septembre 2024, ébranle un peu plus l'institution, laissant apparaître une série de dysfonctionnements internes et de controverses qui ternissent encore plus l'image du taekwondo ivoirien. Cet acte insolite et inattendu a tout de même le mérite de remettre au goût du jour la gestion d’une équipe fédérale tant décriée.
Scandales sexuels
Sans s’attarder sur l’élection contestée au départ et tous les événements qui se sont succédés jusqu’à la formation difficile de l’équipe fédérale, la Fédération ivoirienne de taekwondo se distingue par des faits aussi condamnables. La situation a atteint un palier critique en décembre 2023, avec la révélation d'une affaire de harcèlement sexuel mettant en cause des membres éminents de la Fédération. Me Christophe Ediémou et Me Tajou Attada, alors respectivement DTN et entraîneur national en ont fait les frais. Ces deux techniciens ont été limogés, pour son incapacité à gérer l’affaire pour le premier, et en tant que principal mis en cause pour le second. L’instruction suit toujours son cours. Me Thierry Koné est nommé, le 23 décembre 2023, au poste entraîneur national. Moins de dix mois après, ce dernier se trouve au centre d'accusations similaires, plongeant la FITKD dans une nouvelle controverse.
Des notes vocales et témoignages impliqueraient le successeur de Tadjou dans des actes sexuels entre encadreurs et athlètes lors des derniers championnats juniors à Bouaké.
Outre le harcèlement, des allégations de détournement de fonds destinés aux arbitres, accompagnées de comportements inappropriés de la part des athlètes et de leur encadrement, viennent assombrir davantage le tableau. Dans des vidéos devenues virales, des athlètes et leurs encadreurs s’adonnent à une partie de beuverie dans un night-club.
Questions de gouvernance
Ces révélations mettent en lumière les lacunes en matière d'éthique et de gouvernance de la Fédération sous la direction de Yacé, qui semble incapable de réguler les comportements au sein de son organisation.
La dissolution du comité directeur semble refléter une volonté de Jean-Marc Yacé d’initier un changement et de prendre des mesures plus fermes contre les agissements répréhensibles. Cependant, cette approche intervient tardivement et soulève des interrogations quant à l’efficacité des solutions à venir. La suppression de la CERD, structure essentielle de discipline et d'arbitrage, ainsi que l'absence d'assemblée générale pendant trois ans, sont des signes d'une gestion défaillante nécessitant une refonte complète.
Le taekwondo ivoirien, sport populaire et source de talents exceptionnels, se trouve à un carrefour critique. Les athlètes, particulièrement les femmes, les encadreurs, et les parents, expriment une inquiétude légitime face à un environnement devenu toxique. Ainsi, la nécessité d’assainir et de restaurer la dignité et l'intégrité de la FITKD est plus pressante que jamais. Parce qu’aujourd’hui, c’est peu de le dire. La Fédération ivoirienne de taekwondo est devenue un nid où rodent des prédateurs sexuels couverts par les premiers responsables fédéraux.
Cette période tumultueuse pour Jean-Marc Yacé et la FITKD doit être un catalyseur pour un renouveau, où les principes d'éthique, de respect et d'excellence seront à nouveau les piliers du taekwondo ivoirien. Face à ces défis, la responsabilité de la Fédération est immense, et les attentes d'une reconstruction profonde et significative sont élevées parmi les membres de la communauté du taekwondo.
OUATTARA GAOUSSOU