Interview-Doumbia Brahima (secrétaire exécutif adjoint du RHDP chargé du processus électoral) : « Tout ce débat sur la liste électorale, sur la composition de la CEI était un faux débat destiné à distraire les Ivoiriens »
Plus de 12 000 centres d’enrôlement sont restés ouverts à travers le pays durant un mois pour tenter d’étoffer la liste électorale de 4,5 millions de nouveaux inscrits. Malgré une semaine de prolongation accordée, cet objectif est loin d'être atteint. Dans cet entretien, Doumbia Brahima, secrétaire exécutif adjoint du RHDP chargé du processus électoral, nous donne quelques explications non sans fustiger l’attitude de l’opposition.
Le Patriote : Entamée le 19 octobre 2024, la révision de la liste électorale a pris fin le dimanche 17 novembre. De façon globale, comment s’est déroulée cette opération selon vous ?
Doumbia Brahima : Dans l’ensemble, l’opération s’est très bien déroulée. La Commission électorale indépendante a effectivement déployé plus de 12 000 centres d’enrôlement sur toute l’étendue du territoire. Les requérants avaient le choix de s’inscrire soit avec le certificat de nationalité, soit la carte nationale d’identité, soit avec le récépissé d’enrôlement pour la carte nationale d’identité. Le gouvernement a rendu le certificat de nationalité gratuit pour cette opération. Tout cela a créé des facilités pour permettre à un grand nombre de primo-votants de se faire enrôler. Ensuite, l’opération s’est passée dans le calme, dans la sécurité. Nous n’avons pas eu connaissance d’incidents majeurs. Tous les partis politiques ont fait des tournées de mobilisation partout dans le pays. Les associations de la société civile ont également tourné. Tout s’est déroulé dans une ambiance calme. Cela nous réjouit énormément.
LP : Qu’en est-il de l’affluence ?
DB : Pendant les trois premières semaines, il y a eu très peu d’affluence dans les centres d’enrôlement. A mon avis, cela peut s’expliquer par deux éléments. Le premier élément, c’est que pour une bonne partie des primo-votants, la période étant très courte, il y a eu des engorgements au niveau des mairies, des sous-préfectures et des tribunaux. La seconde chose, c’est le désintérêt qui a été constaté chez les primo-votants pour l’enrôlement sur la liste électorale. Je crois que cela est dû aux discours de certains hommes politiques, des discours qui ne sont pas rassurants. Des discours qui tendent à discréditer la Commission électorale indépendante. Des discours qui ont pour objectif de discréditer la liste électorale. Les jeunes sont très logiques. On leur dit qu’une liste n’est pas bonne et ensuite, on leur demande de venir s’inscrire sur cette liste. Il y a eu cette incohérence dans le discours qui n’a pas encouragé les jeunes à aller s’inscrire sur la liste électorale. C’est tout cela mis ensemble qui nous donne le résultat que nous avons observé.
« En termes de bilan, tous les candidats déclarés ne peuvent pas se comparer au candidat du RHDP »
LP : Pour l’opposition, le faible taux enregistré est surtout à mettre à l’actif du délai qu’elle juge court. Que répondez-vous ?
DB : On est effectivement tenté de dire que le délai n’était pas suffisant. Mais il ne faut arrêter la réflexion à ce niveau. Il faut la pousser plus loin en se posant cette question autrement. Est-ce que si on accorde un délai de quatre ou cinq mois, on aura un résultat supérieur à ce qui a été donné? Ce n’est pas évident de mon point de vue parce que si les gens étaient vraiment intéressés, on allait observer un engorgement dans les centres d’enrôlement dès les premiers jours. Ce qui n’a pas été le cas. Si les jeunes étaient intéressés, ils se seraient mobilisés comme ils l’ont fait lors de la coupe d’Afrique des nations que notre pays a abritée. Les gens sont allés en grand nombre suivre les matchs, parce que ça répondait à leur centre d’intérêt. Le constat, c’est que les jeunes n’étaient pas intéressés. Nous avons été obligés d’aller tirer certains à leur domicile.
LP : Au RHDP, en attendant les résultats officiels, êtes-vous satisfaits ?
DB : Nous avons fait un travail dans les conditions que je viens de décrire. On aurait voulu faire plus. Nous n’avons pas pu inscrire tous ceux que nous aurons souhaité voir sur la liste, pour des questions liées à la possession des documents requis. C’est sûr qu’on ne pourra pas atteindre l’objectif que nous nous sommes fixés dès le départ. Mais nous ne sommes pas très loin de cet objectif.
LP : En n’atteignant votre objectif, n’avez-vous pas de crainte pour 2025 ?
DB : Pas du tout parce que si nous n’avons atteint notre objectif, cela ne veut pas dire que nous n’avons rien fait. Le résultat obtenu n’est pas en notre défaveur. Aussi, il faut savoir que la victoire à la présidentielle se détermine par rapport au bilan et au projet. En termes de bilan, de tous les candidats déclarés, ne peuvent pas se comparer au candidat du RHDP. En termes de projets, également, aucun des candidats déclaré ne peut présenter un projet meilleur, un projet qui apporte un mieux-être aux Ivoiriens que celui du candidat du RHDP. Le candidat du RHDP qui n’est autre que le Président Alassane Ouattara incarne le bilan et le projet du RHDP. C’est un projet fédérateur dans lequel les Ivoiriens se reconnaissent. Ceux qui vont accorder leur voix en 2025 au Président Alassane Ouattara vont au-delà des personnes qui auraient été inscrits par le RHDP.
Aujourd’hui, tous les Ivoiriens, le monde entier, apprécient le travail qui a été accompli par le Président de la République depuis qu’il est à la tête de la Côte d’Ivoire. Le monde entier apprécie les projets comme le métro d’Abidjan, la Y 4, les échangeurs d’Akwaba, du grand carrefour de Koumassi, ainsi que tous les autres grands projets en cours de réalisation. Le RHDP ne dort pas sur ses lauriers. Il est engagé dans tout le processus. La révision n’est qu’une phase. Il y a d’autres phases qui vont suivre. Le RHDP sera présent à toutes ces phases. Nous allons préparer avec sérieux le contentieux qui va venir, les parrainages, ainsi que la journée électorale. Le RHDP sait exactement ce qu’il y a faire à chacune de ces phases.
"Le gouvernement a rendu le certificat de nationalité gratuit pour cette opération".
LP : Après avoir porté des critiques à la CEI, l’opposition sollicite un poste de vice-président dans la commission centrale. Comment jugez-vous cette attitude ?
DB : C’est la preuve que l’opposition était dans un faux débat. Leur démarche est contradictoire. Vous estimez que la CEI n’est pas bonne comme vous le dites mais vous luttez pour avoir un membre dans la commission centrale. C’est la preuve que ce qu’il cherchait était ailleurs. Tout ce débat sur la liste électorale, sur la composition de la CEI était un faux débat destiné à distraire les Ivoiriens.
Réalisée par Thiery Latt