PDCI-RDA : Billon continue de faire trembler Thiam et ses partisans
Après les attaques répétées du porte-parole du parti contre Jean-Louis Billon, candidat déclaré à la convention, c’est désormais au secrétaire exécutif en chef du PDCI-RDA, Emmou Sylvestre, de passer à l’offensive. En effet, Bredoumy Soumaïla, porte-parole du parti, ne rate aucune occasion de s’en prendre à Billon. On se souvient qu’en septembre dernier, lors de sa traditionnelle conférence de presse, il s’était montré particulièrement menaçant à l’égard du délégué de Dabakala. « Le président du PDCI-RDA m’a dit qu’on ira à la convention et que tous ceux qui veulent être candidats le seront, même s’il faut faire des exceptions. Je mets en garde ceux qui, après avoir perdu à la convention, envisageraient de se présenter en tant qu’indépendants. Et surtout, ne soyez pas candidats indépendants après votre défaite. Ne nous faites pas perdre notre temps. Je serai très amer », avait-il asséné.
Hier, mercredi, c’était au tour d’Emmou Sylvestre de monter au créneau. Dans une interview publiée par Le Nouveau Réveil, journal proche du PDCI-RDA, le secrétaire exécutif en chef s’est, selon ce quotidien, "indigné" contre « une campagne prématurée et les déclarations » de Jean-Louis Billon, qu’il juge irrespectueuses envers le président du parti, Tidjane Thiam. Il est évident que la décision du député de Dabakala de se porter candidat face à Tidjane Thiam à la convention ne passe pas. Tout le haut sommet du PDCI-RDA semble en transe, et le délégué de Dabakala est devenu l’homme à abattre. Pourtant, le PDCI-RDA se targue d’être un parti démocratique. En théorie, la candidature d’un militant – d’autant plus qu’aucun texte ne l’interdit – ne devrait pas scandaliser la direction. Mais force est de constater que la présence du PDG de SIFCA dans la course dérange, et pas qu’un peu. Sa candidature force le parti à organiser des primaires, une épreuve que redoutent certains caciques. Pourquoi ? Parce qu’ils savent bien comment Tidjane Thiam a été imposé à la tête du parti. L’intérim a tout fait pour écarter les candidats sérieux et offrir la présidence du PDCI-RDA à Thiam sur un plateau d’or. Toute voix dissidente a été diabolisée. Maurice Kacou Guikahué, ancien secrétaire exécutif et fidèle compagnon d’Henri Konan Bédié, en a payé le prix fort. Pour avoir osé briguer la présidence du parti, il est devenu, le temps d’une élection, un paria accusé de vouloir vendre le PDCI au parti présidentiel. Pis, on lui a même reproché de ne pas être de « la bonne ethnie » pour prétendre à ce poste.
Malgré les manœuvres jugées douteuses qui ont conduit Tidjane Thiam à la tête du parti, Jean-Louis Billon ne plie pas. Il est déterminé à se présenter à la convention, coûte que coûte. Plus encore, il se dit sûr de remporter l’élection. « Si un aveugle affirme qu’il va te lapider, c’est qu’il a déjà un caillou sous les pieds », dit un proverbe. L'ancien ministre du Commerce semble avoir tiré les leçons du congrès électif controversé ayant couronné Thiam. La crainte de l’incertitude propre à toute élection agite visiblement les hautes sphères du PDCI-RDA. Et c’est bien cette peur qui explique les multiples sorties médiatiques et menaces voilées à son encontre. Une fébrilité qui ne trompe personne.
Rahoul Sainfort