Préparatifs de la révision de la liste électorale : Le RHDP à fond sur le terrain, l’opposition invisible 

Sauf changement, la révision de la liste électorale va se dérouler du 30 septembre au 31 octobre 2024. C’est la date communiquée, le mardi 16 juillet 2024 dans l'enceinte du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville, par Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, président de la Commission électorale indépendante (CEI). C’était dans le cadre d’une tournée de sensibilisation des nouveaux majeurs.  « Pour s’inscrire sur la liste électorale, c’est gratuit », avait rassuré Coulibaly-Kuibiert qui a expliqué qu’il est important de donner sa voix « dans la légalité ». La population cible à enrôler avoisine les 8 millions d’Ivoiriens. Et cela est du ressort essentiellement des partis politiques. 
Le RHDP qui l’a compris est depuis lors à fond sur le terrain. Pour le parti au pouvoir, il faut réussir cette opération. A travers son secrétariat exécutif adjoint chargé du processus électoral et celui chargé de la formation et de l’institut politique, des actions fortes ont été répertoriées.  De plus, les structures spécialisées (jeunes, femmes et enseignants) ont reçu des missions spécifiques de sensibilisation.  Du 21 au 25 août, Mme Kouamé Badou Harlette épouse N’guessan, présidente nationale de l’Union des femmes du RHDP, a sillonné le district d’Abidjan. De Cocody à Songon en passant par Bingerville, Treichville, Koumassi, Yopougon, Adjamé, Attécoubé, Abobo et Plateau, elle a galvanisé ses troupes. «  Mobilisons-nous pour la révision de la liste électorale. C'est la première victoire que nous devons assurer avant l’élection de 2025 », a-t-elle exhorté au cours de sa tournée de remobilisation. C’est ce même message qui a été partagé aux militants lors de l’installation des bureaux des coordinations régionales du RHDP. Le parti au pouvoir a dégagé les moyens humains, matériels et même financiers pour que le maximum de nouveaux majeurs qui lui sont proches soient sur la liste. Ce résultat, il compte l’obtenir sur le terrain. C’est pourquoi, depuis l’ouverture du nouveau cycle électoral, ses cadres ont continué d’accentuer leur présence sur le terrain en ne négligeant aucun détail.
 « Nous, c’est le terrain, rien que le terrain », nous a confié récemment Doumbia Brahima, secrétaire exécutif adjoint chargé du processus électoral. Il a salué la saine concurrence entre les différentes coordinations régionales. « Chacune veut être la meilleure. Elles se donnent toutes les moyens pour atteindre cet objectif », a révélé un haut cadre du parti. En revanche, ce dernier  insiste sur l’absence de l’opposition sur le terrain. « Ils sont dans un autre combat. Ce qui les préoccupe aujourd’hui, c’est la réforme de la CEI. Ils abandonnent le terrain. Ils sont dans le virtuel. Après, c’est pour crier au loup », dénonce-t-il. 
Un autre cadre du parti au pouvoir indique que l’opposition est plus présente sur les réseaux sociaux que sur le terrain. « C’est bien d’utiliser ce nouveau canal. Ce que beaucoup ignorent, c’est que la réalité des réseaux sociaux est bien différente de celle du terrain. Il y a des gens qui multiplient les vues sur les réseaux sociaux. Mais en réalité, ils ne représentent rien sur le terrain », ajoute un observateur de la scène politique nationale. Surtout que, selon lui, la majorité de nos compatriotes aiment le contact physique et non les conférences de presse que multiplient les partis politiques, comme le PPA-CI et le PDCI. Mauvais joueurs, les opposants réclament déjà l’extension de l’opération de révision de la liste électorale jusqu’à mi-2025 alors qu’elle n’a même pas encore commencé. C’était à travers une déclaration lue le vendredi 9 août par un collectif de partis politiques et d’organisations de la société civile. « Nous estimons que l’inscription de nouveaux majeurs et de nouveaux électeurs sur la liste électorale ne doit pas être limitée dans le temps. Nous demandons que la liste électorale soit ouverte jusqu’à trois mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, c’est-à-dire jusqu’à la fin du mois de juillet 2025 », avaient-ils annoncé. Oubliant que cette opération obéit à des règles, surtout en ce qui concerne l’affichage de la liste électorale ainsi que le contentieux électoral. « Nous sommes à 14 mois des élections. Allons tous sur le terrain pour parler aux Ivoiriens. Et laissons la CEI faire son travail. L’opération de révision de la liste électorale n’a même pas encore démarré qu’ils réclament sa prolongation », avait invité, il y a quelques jours, Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole principal du RHDP. Cet appel sera-t-il entendu ?

THIERY LATT