Paris : Tidjane Thiam comme un animateur de ‘’grins’’ face à ses partisans
Le lundi 25 novembre, Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, a rencontré ses partisans basés à Paris. Lors de cet échange, il s’est montré particulièrement critique à l’égard du régime en place en Côte d’Ivoire, comme en témoignent ses déclarations. « Pour que la population se sente mieux, il faut évidemment que les ressources du pays soient bien utilisées. J’ai vu des chiffres incroyables sur des projets en Côte d’Ivoire : des projets prévus pour deux ans prennent cinq ans, des projets budgétisés à 20 milliards finissent par coûter 100 milliards. Ce n’est pas acceptable ! Même si nous n’avons pas beaucoup de ressources, nous devons les utiliser correctement et avec transparence », a-t-il affirmé.
Selon Tidjane Thiam, la Côte d’Ivoire serait un pays mal géré, où la mauvaise gouvernance et les dérives budgétaires seraient devenues la norme. Toutefois, ses propos n’étaient étayés par aucune preuve ni d’exemple concret. Pour un homme de sa stature – ancien patron de Crédit Suisse, reconnu pour sa rigueur – on aurait pu s’attendre à des arguments chiffrés et à des exemples précis. En se contentant de généralités et de critiques sans fondement, Tidjane Thiam s’apparente à un animateur de ‘’grin’’, ces espaces de discussion informelle où l’on refait le monde sans toujours apporter de solutions concrètes. Son discours rappelle également les agoras et parlements des années Gbagbo, souvent utilisés pour des attaques verbales sans substance. Dans un contexte où les agences internationales louent la gestion économique ivoirienne, Tidjane Thiam donne l’impression de brasser du vent.
Des indicateurs économiques rassurants
Contrairement à ses affirmations, les chiffres de la Côte d’Ivoire racontent une autre histoire. Le 18 octobre 2024, l’agence de notation Standard & Poor’s a relevé la note de la dette publique ivoirienne, passant de « BB- » à « BB » avec une perspective stable. Cette décision renforce la confiance des créanciers dans la gestion de l’économie ivoirienne. Malgré un contexte mondial marqué par des crises (guerre en Ukraine, conflit Israël-Palestine-Hezbollah), l’économie ivoirienne affiche une résilience remarquable. Selon le rapport 2024 de la Banque africaine de développement (BAD), le PIB réel a progressé de 6,5 % en 2023 (contre 6,2 % en 2022), grâce à l’investissement public et privé ainsi qu’à la consommation intérieure. L'inflation a ralenti, passant de 5,2 % en 2022 à 4,4 % en 2023, grâce aux politiques monétaires et fiscales; le taux de pauvreté a reculé, de 39,4 % en 2018 à 37,5 % en 2021; le déficit budgétaire est passé de 6,8 % en 2022 à 5,2 % en 2023. Ces performances, soutenues par une politique économique cohérente, projettent une croissance moyenne du PIB de 7 % sur la période 2024-2025. Les propos de Tidjane Thiam semblent déconnectés de ces réalités. En l’absence de preuves, sa rhétorique critique relève davantage du populisme que d’une analyse fondée. Si cette stratégie a parfois porté ses fruits sous d’autres cieux, elle pourrait trouver peu d’écho auprès d’une population ivoirienne désormais plus attentive aux résultats concrets. La question reste donc posée : de quelle mauvaise gouvernance parle-t-il ?
Rahoul Sainfort