Présidentielle de 2025 : Que peut apporter Simone Ehivet aux Ivoiriens ?
La liste des candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle en Côte d'Ivoire s’est allongée le samedi 30 novembre dernier. A l’issue de sa première convention, le Mouvement des générations capable (MGC) a désigné sa présidente Simone Ehivet pour défendre ses couleurs à la prochaine compétition électorale en vue de l’occupation du fauteuil présidentiel ivoirien. Ainsi, après l’ex-chef de l'État Laurent Gbagbo, l’ex-Premier ministre Pascal Affi N'Guessan et l’ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, Simone Ehivet s’est déclarée candidate à l’élection d’octobre 2025. Ancienne Première dame, que peut-elle apporter aux Ivoiriens ? Comme réponse à cette interrogation, elle propose “une Côte d’Ivoire totalement transformée, modernisée et prospère, dans une Afrique décomplexée, développée, équipée, incontournable, forte et respectée de tous”. Cependant, nombre d’observateurs de la scène politique ivoirienne restent sceptiques vis-à-vis de cette déclaration de séduction de l’électorat. En effet, l’ex-épouse de Laurent Gbagbo est connue de tous. Durant la décennie de pouvoir de son ex-mari, elle s'est suffisamment illustrée en termes de mépris pour la vie humaine. “Dame de fer” ou encore “femme fatale” les sobriquets n’ont pas manqué devant ses déclarations et actes d’alors.
Pour rappel, en novembre 2000, après une répression sanglante contre les militants du RDR (Rassemblement des Républicains du Président Alassane Ouattara), une vingtaine de morts a été enregistrée avec des centaines d’autres manifestants arrêtés. Des femmes qui ont décidé de manifester pour l’expression de la démocratie ont été arrêtées et violées à l’Ecole de police, selon un rapport publié par l’Association ivoirienne des droits des femmes (AIDF). A cette occasion, Simone n’aura que pour seul mot de compassion : «elles n'avaient pas à être sur les lieux de manifestations». Pour elle, si les femmes ont été violées, elles l’ont mérité. Et, à l’éclatement de la crise armée de 2022, son nom a été associé aux escadrons de la mort qui ont semé la désolation et la tristesse dans plusieurs familles sur les bords de la lagune Ebrié. Très active au côté de l’ancien locataire du palais présidentiel, elle était citée comme commanditaire de plusieurs crimes adieux.
Une déclaration qui est loin de convaincre
En tout cas, son appartenance à l’aile dure de l’ex-parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien, ne faisait l’ombre d’aucun doute. Puisqu'elle montait régulièrement au créneau le couteau entre les dents et des menaces de mort contre les opposants d’alors. Ainsi, après le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2010, elle a organisé au plus fort de la crise post-électorale, c'est-à-dire le 16 janvier 2011 au Palais de la Culture à Treichville, un meeting dit de soutien aux institutions de la République. Mais en réalité, elle entendait fêter les tueries, les assassinats, les exécutions extrajudiciaires et autres enlèvements commis par les mercenaires et miliciens à la solde du défunt régime. A cette occasion de grande tristesse pour le peuple ivoirien, l’ex-Première dame a fait valoir ses talents de danseuse. Non satisfaite, le 8 mars 2011, pour célébrer la journée internationale de la femme, Simone Ehivet a applaudi des deux mains l’assassinat à l’arme lourde de guerre des sept femmes d’Abobo commis le jeudi 3 mars 2011 par les hommes d’Abehi Jean Noël alors commandant de l’escadron blindé de la gendarmerie nationale acquis à la solde du pouvoir illégitime de Gbagbo.
Inutile de dire qu’elle n’a eu aucun mot de compassion à l’endroit de ces braves combattantes de la liberté et de la démocratie. Accrochée au pouvoir, elle a tout tenté pour conserver son poste de Première dame. Dans cette dynamique, elle aurait empêché son ex-époux de lire une déclaration relative à sa décision de remettre le pouvoir au vainqueur de l’élection présidentielle de 2010. La suite, on la connaît. La crise s'est poursuivie avec plus de 3000 morts. Elle a ensuite été sanctionnée par l’arrestation du couple présidentiel. “Vous savez, ce qui est important dans la vie, c'est de bien choisir sa femme”, a déclaré un jour Laurent Gbagbo à Korhogo où il a séjourné en résidence surveillée après son arrestation. De toute vraisemblance, il a gardé une mauvaise expérience de cette situation et surtout une mauvaise image de son ex-femme. C'est pourquoi, il n’a pas hésité à demander le divorce à son retour de La Haye. Simone Ehivet, quant à elle, a été condamnée par la justice ivoirienne pour crime contre l’humanité avant d’être graciée par le Président de la République Alassane Ouattara en 2018 au nom de la réconciliation nationale.
Aujourd'hui, c'est cette femme que certains accusent d’avoir une pierre à la place du cœur qui prône une Côte d'Ivoire de paix, développée, démocratique et prospère. Comment va-t-elle arriver à faire cela? En tout cas, cette déclaration est loin de convaincre. Tant, elle a marqué les esprits en Côte d'Ivoire. En vérité, sa candidature répond plus à une volonté d’affronter son ex-mari dans les urnes afin de lui régler ses comptes qu’à une volonté d’apporter un changement au peuple ivoirien. Car, elle n’a aucune capacité à faire mieux que ce qu’on voit aujourd'hui. Le temps de l’ignorance est passé et le peuple ivoirien est désormais lucide. Il sait surtout ce que chaque homme ou femme politique peut lui apporter.
Lacina Ouattara