Afrobasket féminin 2025 : La Côte d’Ivoire séduit une fois de plus le monde par son savoir-faire

L'écho du dernier coup de sifflet résonne encore dans le Palais des Sports de Treichville. Ce dimanche 3 août 2025, le Nigeria a écrit une nouvelle page de l'histoire du basketball féminin africain en remportant son cinquième titre continental consécutif. Dans une finale électrique, les D'Tigress sont venues à bout d’une vaillante équipe du Mali (78-64), scellant un règne sans partage sur le continent. Bien plus qu'un simple titre, c'est un record historique qui est tombé, effaçant des tablettes les quatre victoires d'affilée du Sénégal entre 1974 et 1981. Ce succès, le septième de leur histoire, a été le point d’orgue d’une compétition exceptionnelle, organisée de main de maître par la Côte d'Ivoire.
Le règne sans partage du Nigeria
Le parcours des Nigérianes à Abidjan a été une véritable démonstration de force, symbolisant leur domination actuelle sur le basket féminin africain. Sous la houlette de leur entraîneuse Rena Wakama, elles ont survolé le tournoi, enchaînant cinq victoires en autant de rencontres. Chaque adversaire a été mis à rude épreuve par leur collectif rodé et leur solidité défensive. Le Rwanda (92-45), le Mozambique (60-55) ont été des victimes d’une phase de poules expédiée avec une aisance déconcertante. Même le Cameroun (47-83) n’a pas tenu devant cette machine à paniers.
Le Nigeria a remporté son 5e titre consécutif, en battant le Mali en finale (Ph DR)
La véritable épreuve de force s’est jouée en demi-finale face au Sénégal. Dans un duel au sommet, le Nigeria a une fois de plus affiché sa supériorité, s’imposant 75-68 et privant les Lionnes d’une place en finale. La finale contre le Mali a d’abord laissé place au suspense. Les Aigles du Mali ont fait jeu égal en première mi-temps, rejoignant les vestiaires sur un score de parité (41-41). Mais l’expérience des D'Tigress a fait la différence. En seconde période, le Nigeria a accéléré, creusant l’écart grâce à une gestion de match impeccable et à une profondeur de banc qui a fini par épuiser les Maliennes. Le score final (78-64) ne reflète pas entièrement la combativité des Maliennes, mais il entérine le mérite d’une équipe nigériane tout simplement intouchable dans ce tournoi. Avec 388 points inscrits et seulement 279 encaissés sur l’ensemble de la compétition, le Nigeria a plané sur l'Afrobasket.
Une organisation ivoirienne de haute volée
En accueillant pour la première fois les douze meilleures nations du continent, la Côte d'Ivoire s'est mise face à un double défi : réussir l'organisation et briller sportivement. Si le second objectif n'a pas été atteint, le premier a été une réussite retentissante. Après le succès de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2023 de football, la Côte d'Ivoire a une fois de plus démontré son savoir-faire en matière d'organisation de grands événements sportifs.
Le Palais des Sports de Treichville, site emblématique de la compétition, a bénéficié d'une rénovation spectaculaire. Sous l'impulsion du Premier ministre et ministre des Sports, Robert Beugré Mambé, les travaux ont été accélérés pour mettre l’enceinte aux standards mondiaux. Le nouveau parquet, fourni avec le soutien de la FIBA, a assuré une qualité de jeu optimale. De nouveaux écrans d’affichage, des sièges modernes et un système de climatisation ont transformé le lieu en un véritable écrin pour le basketball.
La créémonie d'ouverture a montré le savoir-faire ivoirien en matière d'organisation (Ph Dr)
L'excellence ivoirienne s'est aussi manifestée dans les détails logistiques. Les douze délégations ont été réparties dans des réceptifs hôteliers de haut standing, et la sécurité a été une priorité tout au long de l'événement. La gestion des transports a été particulièrement saluée, avec la mise à disposition de bus électriques, respectueux de l’environnement. Le "Village Afrobasket" a été un lieu de convivialité et de fraternité, où joueurs, supporters et officiels ont pu se retrouver dans une ambiance festive. Les craintes initiales concernant la billetterie ont rapidement été levées, et le public a massivement répondu à l’appel du comité d'organisation dirigé par le président de la Fédération ivoirienne de basketball (FIBB), Moussa Diarra. Les matchs de soirée ont régulièrement fait salle comble, témoignant de l'engouement populaire pour cette compétition.
Jusqu'au dernier buzzer, aucun incident majeur n'a été déploré. La Côte d'Ivoire a séduit l'Afrique et le monde par la qualité de ses infrastructures et son sens de l'accueil, honorant ainsi l'engagement pris auprès de l'instance panafricaine.
Un bilan sportif en demi-teinte pour les Eléphantes
Si l'organisation fut un succès total, le bilan sportif des Éléphantes est plus mitigé. L'objectif initial du podium, bien qu’ambitieux pour une équipe en pleine reconstruction, n'a pas été atteint. Après une phase de groupes bien maîtrisée, la sélection ivoirienne est tombée en quarts de finale face au Sénégal (60-66). Cette défaite a brisé le rêve de podium et a mis un terme aux ambitions de l’équipe de se qualifier pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026, un privilège réservé aux quatre demi-finalistes.
Les Elpéhantes n'ont pas attteint l'objectif fixé mais elles ont acquis le respect de l'Afrique par leurs prestations (Ph Dr)
En dépit de cette désillusion, les Ivoiriennes ont su se remobiliser. Après une défaite face au Cameroun pour le match de la 5e place, elles ont décroché une honorable 7e place en s'imposant face au Mozambique. L'équipe n'a pas réussi à faire mieux que l'édition précédente, mais elle a néanmoins montré un tout autre visage sur son sol.
Le point positif majeur de cette participation est la naissance d'une nouvelle équipe, volontaire et combative. Comme l'a souligné la capitaine Kariata Diaby : « Nous sommes passées d’une équipe peu influente à une nation qu’on craint un peu sur le continent ». Cette déclaration pleine d’espoir résume parfaitement la situation. La FIBB, sous l'égide de Moussa Diarra, doit maintenant capitaliser sur cette dynamique et continuer de bâtir une équipe compétitive pour les échéances futures.
La révélation soudanaise
L’Afrobasket 2025 a également été marqué par une incroyable surprise : la révélation du Soudan du Sud. Bénéficiaires d'une "Wild Card", les Bright Starlets ont déjoué tous les pronostics.
Le Soudan du Sud a décroché le bronze pour sa première participation à l'Afrobasket (Ph Dr)
Menées par la talentueuse Delicia Washington, meilleure marqueuse du tournoi avec 109 points, elles ont su surmonter leur statut de novices pour se hisser sur le podium, décrochant une magnifique médaille de bronze dès leur première participation. Leur performance est un symbole fort de l'évolution du basketball féminin sur le continent, où l'émergence de nouvelles nations bouscule la hiérarchie traditionnelle.
Au final, l’Afrobasket 2025 a offert un spectacle mémorable, alliant l’excellence sportive du Nigeria, la réussite organisationnelle de la Côte d'Ivoire et l'incroyable histoire du Soudan du Sud. Il restera comme une compétition riche en émotions et en enseignements.
OUATTARA Gaoussou
L'équipe All-Star : Amy Okonkwo (Nigeria), Cierra Dillard (Sénégal), Delicia Washington (Soudan du Sud), Jane Asinde (Ouganda), Sika Koné (Mali).
Les distinctions
MVP : Amy Okonkwo (Nigeria)
Meilleure rebondeuse : Maria Teresa Gakdeng (Soudan du Sud)
Meilleure tireuse à 3 points : Jessica Thomas (Cameroun)
Meilleure marqueuse : Delicia Washington (Soudan du Sud).
Qualifiées pour les qualifications de la Coupe du Monde : Nigeria, Mali, Soudan du Sud, Sénégal
Classement final
1er Nigeria
2e Mali
3e Soudan du Sud
4e Sénégal
5e Cameroun
6e Mozambique
7e Côte d'Ivoire
8e Ouganda
9e Egypte
10e Angola
11e Rwanda
12e Guinée