Football-Côte d’Ivoire : Un an après la consécration, l'écho de la CAN résonne encore dans le cœur des Ivoiriens

Football-Côte d’Ivoire : Un an après la consécration, l'écho de la CAN résonne encore dans le cœur des Ivoiriens
Les Eléphants ont remporté la CAN 2023 après avoir dominé le Nigeria, en finale, le 11 février 2024, au stade Alassane Ouattara à Ebimpé (Ph DR)

Il y a exactement un an, la nation ivoirienne grimpait au sommet du football africain, capturant les cœurs lors de la 34e édition de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN). Saluée comme « la plus belle CAN jamais organisée », cette édition a vu la Côte d'Ivoire triompher spectaculairement, après avoir reçu un véritable coup de marteau (le tube de la CAN de Tamsir), face à la Guinée Equatoriale, le 22 janvier 2024. Une défaite qui aurait pu sceller le sort des Eléphants dès la phase de groupes. Mais comme il était écrit que le pays d’Alassane Ouattara est béni de Dieu, le Maroc a donné le coup de pouce qu’il fallait. Et la suite est connue. La Côte d’Ivoire a donné un coup de marteau aux Lions du Sénégal (huitièmes : 1-1, tab 5-4) à Yamoussoukro, aux Aigles du Mali (quart de finale : 2-1) à Bouaké, aux Léopards de la RD Congo (demi-finale 1-0) à Abidjan et aux Super Aigles du Nigeria (finale 2-1), au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé. Faisant donc du 11 février 2024, une date désormais historique, avec la 3e étoile continentale de la Côte d’Ivoire.

 

Ouattara le porte-bonheur

Après avoir été menés, les Eléphants grâce à deux buts de Franck Kessié et Sébastien Haller, ont renversé les Super Eagles, au stade d’Ebimpé devant une foule en liesse. Sous le regard du président de la République Alassane Ouattara, de son épouse, du vice-président de la République, des présidents d’institutions, du Premier ministre, des membres du gouvernement, la Côte d’Ivoire décroche sa troisième étoile continentale.

La communin était totale entre le chef de l'Etat et "ses" joueurs (Ph DR)

Faisant de cette journée du 11 février 2024, une date mémorable dans l’histoire de la nation ivoirienne. Après 1992 et 2015, le pays de Félix Houphouët-Boigny est sacré champion d’Afrique. Un triomphe qui porte la griffe du chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Le président ivoirien a connu tous les succès sportifs ivoiriens et singulièrement footballistiques. Président du comité interministériel de coordination du programme de stabilisation et de relance économique, en avril 1990, Alassane Ouattara est nommé, le 7 novembre 1990, en qualité de tout premier ministre, chef du gouvernement, le tout premier de la Côte d’Ivoire. C’est en cette qualité qu’il participe au succès des Eléphants à la CAN 1992 au Sénégal. En 2015 et 2023, il est le président élu de la République. Un Général « 3 Etoiles » qui n’a pas boudé sa joie et son plaisir avec « ses soldats » au coup de sifflet final. Plongeant tout un pays dans l’euphorie. 

 

 

Des émotions encore vives

Une journée mémorable dont se souvient encore Jean Médard Kouassi, informaticien : « Après les difficultés vécues pour arriver à cette finale, on avait bon espoir qu’on allait remporter la CAN chez nous. Mais il faut avouer qu’après le but du Nigeria, j’avais des doutes. Au final, on revient dans le match et on le gagne. Cette CAN a donné des moments inoubliables. On a vécu des sensations indescriptibles. »

Les supporters ont vibré dans les fan zones au rythme du parcours des Eléphants (Ph DR)

Des sensations inexplicables, Goré Bi Athanase, en a connues. Dans l’indisponibilité de se rendre à Abidjan pour la finale de la 34e édition de la CAN en Côte d’Ivoire, cet agent administratif en service à Bouaké suivi le sacre des hommes d’Emerse Faé à la Fan zone à l’espace de la Promenade (place de la paix) du quartier Air France. Aujourd’hui, douze mois après, il vit ses instants avec les mêmes émotions. « Il faut vivre ce qui se passe pour mieux comprendre. Après le match des quarts de finale au stade de la Paix qui nous a transporté dans une autre dimension (victoire de la Côte d’Ivoire 2-1, a.p), le triomphe en finale est venu nous offrir le paradis. Au coup de sifflet final, je ne savais pas s’il fallait crier ou courir ou même pleurer. Ce que je sais, on a fait la fête jusqu’au petit matin lorsque le lundi 12 février a été décrété jour férié », raconte-t-il.

Flanqué dans son pagne de la CAN, le ministre délégué aux Sports et au Cadre de vie, savait par contre ce qu’il voulait faire au coup de sifflet final. Adjé Silas Metch, et l’histoire le retiendra, a été le premier à se jeter dans les bras du président de la République au coup de sifflet final. A la vitesse d’un guépard, il s’est retrouvé enlacé avec le chef de l’Etat pour célébrer la 3e étoile ivoirienne.

 

Le coup de massue équato-guinéen

Et dire que la Côte d’Ivoire était à un doigt de faire ses adieux à « sa » CAN, le 22 janvier 2024, lors que la Guinée Equatoriale enfonça la sélection nationale dans ses doutes (4-0) devant le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, et son illustre invité, me secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken.   « Nous avons été déçus par ce qui s’est passé. Mais ce n’était que partie remise. Nous avons une jeune équipe qui va s’améliorer au fil des années. Je voudrais dire aux Ivoiriens de ne pas se décourager. Comme le premier président de la République, le président Houphouët-Boigny, "Découragement n’est pas ivoirien ". Nous avons eu la Coupe deux fois, en 1992 lorsque j’étais Premier ministre, et en 2015 récemment. Et je sui sûr que nous aurons une troisième fois très bientôt », réagissait Alassane Ouattara, le 23 janvier 2024, lors d’une conférence de presse conjointe avec Antony Blinken, en visite en Côte d’Ivoire.

Kessié, Diakité, Gradel, Sangaré et leurs camarades inconsolables après l'humiliation face à la Guinée Equatoriale (Ph DR)

Et il ne pensait pas bien dire. La « jeune équipe », revenue du séjour des morts grâce à la victoire du Maroc contre la Zambie (1-0) en match de poule, a été relancée. Les « Eléphanteaux » d’Alassane Ouattara sont devenus de vrais Eléphants et ont successivement mangé du Lion sénégalais (huitièmes), de l’Aigle malien (quart de finale), du Léopard de la RDC (demi-finale) et du Super Aigle du Nigeria (finale). Faisant preuve d’une force de caractère, pour offrir à Alassane Ouattara et à la Côte d’Ivoire une troisième étoile qui va continuer scintiller sur la Côte d’Ivoire depuis le ciel. 

 

Au nom de Dieu !

Un succès improbable rendu possible par la seule volonté divine comme le souligne Patrick Guitey, rédacteur en chef du portail sportif www.sport-ivoire.ci et consultant pour la NCI (Nouvelle chaine ivoirienne) pendant la CAN de l’hospitalité. « Le 11 février 2024, ma journée était simple. Et comme d'habitude j'ai fait ma prière avant de sortir. Je me souviens que j'étais confiant même si j'avais à l'esprit la CAN 2013. Vous vous souvenez, le Nigeria avait sorti la Côte d'Ivoire en quarts. J'avais surtout en tête le commentaire de match que j'avais à faire sur NCI et les reportages à coordonner pour sport-ivoire.ci. Ce fut une journée magique, pleine d'émotion. Un épilogue loin d'être attendu, mais le miracle de la résurrection fut conclu comme tous les Ivoiriens l'avaient souhaité. C'était surtout un moment de communion avec Dieu et des fils du pays. Instant unique de fierté généralisée », se rappelle encore le consultant surnommé le Prophète pour avoir prédit les buts ivoiriens du quart de finale de la victoire face au Mali.

 Les Eléphants, reconnaissants, ont loué les mérites de Dieu tout au long du tournoi continental (Ph DR)

Le parcours de la Côte d’Ivoire peut s’inscrire dans ce qu’on appelle le charme du football et sa glorieuse incertitude. Mais il est plutôt l’œuvre de « Dieu qui ne cesse de bénir notre pays parce qu’il aime la Côte d’Ivoire. Sinon, de là où on était, ce n’est pas évident de revenir dans le jeu et d’aller remporter la CAN », explique Fatou Sanogo, enseignante dans un établissement secondaire. Et de préciser : « On ne savait même pas ce que le futur nous réservait mais on change de sélectionneur, on nomme son adjoint Emerse Faé et quelques temps après, on apprend que la FIF (fédération ivoirienne de football) négocie avec Hervé Renard. Tout cela pouvait encore plus désamorcer le groupe qui était déjà mort. Mais je pense que c’était l’œuvre de Dieu pour nous montrer la voie à suivre pour aller au succès final. » Et l’ensemble du staff en est conscient. Après chaque match, depuis les huitièmes, les dirigeants, le staff technique et les joueurs n’hésitent pas à se mettre à genoux, le doigt en direction du ciel, pour implorer Dieu et le remercier pour sa grâce. Une belle image qui continue de réjouir Gnagne Esmel Eric : « Y a Dieu dedans et j’ai beaucoup adoré l’image où on voit le président Idriss et ses joueurs en train de dire merci à Dieu ».   

 

Le Mali et la naissance du sentiment de fierté nationale

Tout au long de cette CAN 2023 aux scenarii inimaginables, tous les observateurs ont vécu des émotions à nulle pareille au même titre que les Ivoiriens. Des difficultés qui ont forgé la foi du peuple de Côte d’Ivoire en Dieu. « Le 3 février 2024, après un âpre, terrible et difficile combat, nous sommes venus à bout d'une excellente et vaillante équipe du Mali. Cette victoire, après avoir joué à 10, puis à 9, nous la dédions au peuple de Côte d'Ivoire, au Chef de l'État, à la population de la ville porte-bonheur de Bouaké. Elle a fondé, après la victoire sur le Sénégal, les bases des valeurs de courage, d'abnégation, d'engagement du Commando Ivoire. Rendons grâce au Seigneur, car à lui revient toujours et encore la gloire », a écrit sur le Meta, le président de la FIF, Yacine Idriss Diallo, le 3 février 2025, date anniversaire du match très renversant et électrique face au Mali, au Stade de la Paix à Bouaké, au Centre du pays.

Une rencontre, pour un bon nombre d’Ivoiriens et même au-delà des frontières du pays, reste le meilleur match de la CAN pour les Eléphants. « Nous avons célébré l’anniversaire du match du 3 février 2024 contre le Mali, il y a quelques jours à Yopougon. C’est un match qui nous marqué, c’est un match qui nous a permis de croire que tout était possible. Quand je me rappelle de ça aujourd’hui, je me dis que la CAN a été remportée face au Mali. Aujourd’hui encore, je me sens fier d’être Ivoirien d’avoir, en plus, réussi l’organisation de la compétition, d’aller chercher le trophée », relate avec beaucoup d’émotions Marlyse Yoboué, opératrice économique, rencontrée dans le quartier aéroportuaire, Port-Bouët.  

 La Côte d'Ivoire élimine le Mali en quarts de finale et se qualifie pour le carré d'as avec des buts de Simon Adingra et d'Oumar Diakité (Ph DR)

Ayant érigé l’humilité en ligne de conduite après la résurrection, la Côte d’Ivoire ne pouvait plus continuer à avoir le triomphe modeste au soir du 11 février. Une victoire célébrée sans componction dans les contrées les plus repoussées au son des tam-tam, des tambours, des grelots et autres sonorisations. Humiliés au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé, en présence d’Alassane Ouattara, les Eléphants ont redonné le blason de leur pays dans cette même enceinte, en présence du président de la République. Mettant le pays sous le rythme du « Coup de marteau » jusqu’au lundi 12 février 2024 avec la parade dans les rues de la ville d’Abidjan. N’est-ce pas ce qu’on appelle de la résilience ? Avec un peuple débout, uni, soudé, derrière son équipe nationale.

La parade dans les rues de la capitale économique a drainé plus de 30 000 personnes (Ph DR)

Un an après, le souvenir de la CAN 2023 inspire encore et continue de résonner comme un rappel que, dans l'unité et la persévérance, résident la force et le succès. Le triomphe de la Côte d'Ivoire à cette CAN n'a pas seulement été une victoire sportive, mais aussi une source de fierté nationale et une inspiration pour l'avenir, prouvant une fois de plus que le sport a le pouvoir de transformer des nations.