Contribution - Épître à la Côte d’Ivoire : Pour la paix des cœurs et la cohésion des âmes
Dans cette contribution, Norbert Kobenan, inspecteur vérificateur principal au Trésor public de Côte d’Ivoire, invite les Ivoiriens à cultiver la paix en cette année électorale.

Mon pays est un.
Et moi, je suis un avec lui.
Dans ses rivières qui murmurent, dans ses forêts qui respirent, dans ses marchés qui bruissent de mille voix, je reconnais ma propre pulsation. Côte d’Ivoire, matrice de nos espoirs, tes enfants cherchent encore le chemin des cœurs réconciliés.
Quand les temps sont brumeux
Nous traversons une saison où la peur tente de planter ses racines, où les rumeurs s’élèvent comme des vents capricieux, où les regards parfois se méfient plus qu’ils ne s’embrassent. Mais souvenons-nous : l’arbre qui pousse au milieu de la savane ne choisit pas quelle pluie le nourrit ni quel soleil le réchauffe. Ainsi est notre nation : faite de diversités, mais appelée à une seule moisson.
Héritage des anciens
Nos ancêtres nous ont légué un code de conduite, plus précieux que l’or et plus solide que le fer :
- La palabre sous l’arbre à palabres plutôt que la machette dans les champs.
- La main tendue plutôt que le poing levé.
- Le partage du cola plutôt que le partage du sang.
Ces gestes ne sont pas de simples traditions : ils sont des digues contre la violence, des ancres pour l’harmonie, des passerelles jetées entre les âmes.
Le vivre-ensemble comme pacte sacré
La fraternité ne se décrète pas, elle se cultive. Elle est comme le feu de bois qu’on entretient chaque soir : si chacun apporte une brindille, le foyer réchauffe tous ; mais si chacun se détourne, l’obscurité s’installe.
Nos différences ne sont pas des murs qui séparent, mais des couleurs qui enrichissent la toile commune. L’unité, c’est accepter que chaque pierre, aussi petite soit-elle, participe à l’édifice d’une cathédrale.
Pour une conscience éveillée
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a besoin de citoyens qui se lèvent, non pas avec des cris de division, mais avec des chants d’unité.
La peur divise, mais la confiance bâtit.
La haine détruit, mais la fraternité recoud.
La jalousie éteint, mais la solidarité éclaire.
Chacun de nous est une lampe : séparées, elles vacillent ; rassemblées, elles illuminent la nuit.
Appel aux générations
Jeunesse ivoirienne, vous êtes la sève : ne laissez pas l’arbre de la nation se dessécher.
Femmes ivoiriennes, vous êtes la calebasse de vie : gardez-la pleine de douceur et d’espérance.
Anciens, vous êtes les tambours : que vos paroles continuent de résonner comme des repères.
Hommes politiques, vous êtes les bergers : qu’aucune ambition personnelle ne disperse le troupeau.
La sagesse du baobab
Le baobab nous enseigne que ce sont les racines invisibles qui nourrissent mieux que les branches visibles. Ainsi, ce n’est pas la force des discours qui sauvera notre pays, mais la profondeur des gestes quotidiens :
Respecter l’autre.
Protéger le faible.
Écouter avant de juger.
Servir avant de dominer.
En un mot,
Côte d’Ivoire, que la brume de ces temps ne t’ôte pas ta lumière. Que chaque cœur devienne une lampe, que chaque foyer devienne un sanctuaire de paix.
Car, comme le dit la sagesse ancestrale :
> « Lorsque la case de ton frère brûle, n’attends pas que les flammes atteignent la tienne pour aller chercher de l’eau. »
Unis, fraternels, conscients, nous ferons de ce pays non seulement un héritage, mais une promesse.
Norbert Kobenan