Front commun PPA- CI - PDCI : L'opposition de plus en plus morcelée

Ce jeudi 19 juin, le PPA- CI et le PDCI ont lancé un front commun. Mutualiser les forces, coordonner les actions, peser ensemble : tel est l’esprit de cette alliance, formalisée à travers une déclaration politique commune signée par Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, et Noël Akossi Bendjo, vice-président et coordonnateur général du PDCI-RDA.
« Conscients de la nécessité de mutualiser leurs forces pour relever les défis liés au processus électoral, [les deux partis] décident de créer un front commun », peut-on lire dans le texte officiel. Au cœur de cet accord figure une série de revendications politiques majeures. Les deux formations réclament d’abord la réinscription sur la liste électorale de plusieurs figures de l’opposition écartées du processus : Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et Noël Akossi Bendjo. Elles exigent ensuite la révision de la liste électorale au titre de l’année 2025, comme le prévoit le Code électoral, ainsi qu’un audit approfondi de ce fichier jugé entaché d’irrégularités. Autre exigence : une réforme structurelle de la Commission Électorale Indépendante (CEI), censée garantir son indépendance et permettre une proclamation transparente des résultats bureau de vote par bureau de vote. Les deux partis appellent également à l’ouverture urgente d’un dialogue politique incluant l’ensemble des forces politiques et la société civile, afin d’aboutir à des élections réellement démocratiques, apaisées et crédibles. Un comité paritaire a d’ores et déjà été mis en place pour rédiger les actes constitutifs de ce front, dont la signature est attendue dans les prochains jours. En regardant de près les revendications formulées, ça saute aux yeux que cette nouvelle alliance est la sœur siamoise du CAP- CI dont Simone Gbagbo est la porte-parole. Puisque qu'elle présente à la virgule près les mêmes revendications.
L'opposition notamment le PPA-CI et le PDCI auraient donc pu faire l'économie de cette nouvelle alliance dans la mesure où les objectifs sont les mêmes pour former un bloc compact face au RHDP. En tout cas, il aurait été plus simple de rejoindre cette alliance déjà en place. Malheureusement cet accord révèle une fois de plus l'égocentrisme de Laurent Gbagbo qui ne pardonne toujours pas à ses ex-camarades que sont Pascal Affi N'Guessan et Blé Goudé Charles ainsi qu'à son ex-compagne Simone Gbagbo membres de la CAP- CI. De l'autre côté, on constate l'opportunisme du PDCI-RDA. Car comment comprendre que ce parti qui est déjà membre d'une alliance décide de signer une nouvelle alliance avec un autre parti politique en l'occurrence le PPA-CI ? N’aurait-il pas été sincère et loyal de la part du PDCI de convaincre le PPA-CI de rejoindre la CAP- CI ? À défaut de faire adhérer l'ensemble des partis membres du CAP- CI à cette déclaration commune de Front commun. En tout cas, cette nouvelle alliance montre que chaque parti politique de l'opposition défend ses intérêts. En d'autres termes, c'est chacun pour soi et Dieu pour tous, comme on le dit dans les rues abidjanaises. Ces jeux d'intérêt révèlent surtout la fragilité de ces alliances des partis d'opposition.
Rahoul Sainfort