Interview - Docteur Kouamé Étienne (Mécène culturel, aménageur foncier, expert en génie civil …) : « On n’a pas forcément besoin d’un mandat électif pour servir son pays »

Cadre originaire de la région du Bélier, Dr Kouamé Étienne est expert en génie civil et aménageur foncier basé à Yamoussoukro. Diplômé des écoles du foncier au Maroc et aux États-Unis et ancien agent du Bnetd, il est reconnu pour son expertise dans le lotissement et l’aménagement du territoire. Au-delà de ses activités professionnelles, il mène, depuis plusieurs années, des actions citoyennes et bénévoles en faveur de la jeunesse, des femmes, des institutions publiques et de la culture, illustrant ainsi une conviction forte. Pour lui, le développement national ne repose pas uniquement sur les mandats électifs, mais aussi sur l’engagement responsable des cadres. Une vision en phase avec celle du Président Alassane Ouattara.

Interview - Docteur Kouamé Étienne (Mécène culturel, aménageur foncier, expert en génie civil …) : « On n’a pas forcément besoin d’un mandat électif pour servir son pays »
Soutenir les artistes, c’est préserver nos racines et notre identité

Le Patriote : Vous êtes très engagé auprès des jeunes, des femmes et du monde culturel. Quelle est la philosophie qui guide cet engagement ?

Dr Kouamé Étienne : Je pense que si la jeunesse n’avance pas, c’est souvent par manque de repères et de confiance. Mon rôle est d’aider les jeunes à prendre conscience de leur potentiel. Je ne le fais pas à leur place, je les stimule. Mieux vaut leur apprendre à pêcher que leur donner du poisson. C’est ainsi que chacun peut contribuer au développement collectif, conformément à la vision du Président de la République Alassane Ouattara.

 

L.P : Qu’est-ce qui vous a orienté vers les métiers de l’aménagement foncier et du génie civil ?K.E : C’est, avant tout, une passion. Aménager un espace et voir des familles y vivre est une source de grande fierté. J’ai toujours voulu contribuer, concrètement, au développement de mon pays et de ma région. Or, le développement passe nécessairement par l’aménagement et l’organisation du territoire. C’est cette conviction qui a guidé mon choix.

 

L.P : Pourquoi avoir fait de Yamoussoukro et de la région du Bélier votre principal champ d’action ?

K.E : Yamoussoukro est une ville symbole, celle du Président Félix Houphouët-Boigny, un grand bâtisseur qui reste une source d’inspiration. Étant, moi-même, originaire du "V Baoulé", j’ai donc choisi de commencer par ma région avant d’intervenir ailleurs.

 

L.P : Vous n’avez pas de mandat électif, pourtant vous êtes très actif !K.E : On n’a pas besoin d’un mandat électif pour servir son pays. Les militaires, les ingénieurs, les enseignants servent la Nation sans être élus. À mon niveau, je contribue par l’urbanisation et l’aménagement. Il ne faut pas tout attendre de l’État. Chaque cadre doit agir là où il se trouve, loin des passions politiciennes.

 

L.P : Quel rôle doivent jouer les cadres dans le développement local, notamment dans le contexte de la décentralisation ?

K.E : Les cadres doivent dépasser les divisions politiques lorsqu’il s’agit du développement local. On peut s’opposer sur le plan des idées, mais une fois au village, il faut parler le même langage : celui du développement. Sans unité, aucune région ne peut avancer durablement.

 

L.P : Le foncier reste un sujet sensible en Côte d’Ivoire. Quel est votre regard sur la question ?

K.E : Le foncier est effectivement un enjeu majeur et source de nombreux conflits. Je salue les réformes engagées par le gouvernement, notamment l’Attestation de Droit d’Usage Domanial (Adu), qui remplace l’attestation villageoise. Ce document sécurisé et informatisé permet de mettre de l’ordre dans le secteur. C’est une réforme salutaire qui protège les populations.

 

L.P : Comment évaluez-vous les efforts du gouvernement en matière d’infrastructures et d’aménagement du territoire ?

K.E : Les progrès sont remarquables. Les infrastructures ont profondément transformé le pays. Abidjan n’est plus celle des années 1990, et les villes de l’intérieur bénéficient également de routes modernes et d’équipements structurants. Ces investissements facilitent la mobilité, stimulent l’économie et améliorent le cadre de vie. C’est le fruit d’une vision claire.

 

L.P : Pourquoi accordez-vous une place importante à la culture dans vos actions ?

K.E : La culture est l’âme d’un peuple. Comme le disait le philosophe Kant, l’homme n’est véritablement homme que par la Culture. Soutenir les artistes, c’est préserver nos racines et notre identité. Un peuple sans culture est un peuple sans repères. C’est pourquoi je soutiens toutes les expressions culturelles, sans distinction. Dans ce sens, nous avons aussi mené plusieurs actions sociales et institutionnelles : réhabilitation d’écoles, soutien aux forces de sécurité, équipement d’établissements publics, accompagnement des orphelins et mécénat culturel. Nous continuerons en 2026 et au-delà.
Aux jeunes cadres, je dis : pensez à vos régions, dépassez les clivages partisans et unissez vos efforts pour le développement local.

 

Réalisée par Jean Antoine Doudou