Interview-Kobenan Kouassi Adjoumani (Porte-parole principal du RHDP) : « Le salut du PDCI se trouve dans le RHDP et nulle part ailleurs… »

Porte-parole principal du RHDP, Kobenan Kouassi Adjoumani et son adjoint Mamadou Touré animent, depuis quelque temps, les rendez-vous du RHDP. Une tribune pour le parti au pouvoir de faire le point sur son bilan, mais aussi de se prononcer sur l’actualité socio-politique. Dans cet entretien, Kobenan Kouassi Adjoumani passe en revue plusieurs sujets dont le choix du candidat du RHDP à la présidentielle de 2025. Il n’occulte pas les agitations, ces derniers jours, de l’opposition, notamment le Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI). 

Interview-Kobenan Kouassi Adjoumani (Porte-parole principal du RHDP) : « Le salut du PDCI se trouve dans le RHDP et nulle part ailleurs… »
« Le PDCI et le PPA-CI n’ont ni la même vision, ni le même agenda politique ni les mêmes méthodes de lutte »

Le Patriote : Depuis quelques semaines, on assiste  à une sorte crispation de l’environnement politique ivoirien. Le PPA-CI, notamment, profère des menaces plus directes et fait savoir qu’il n’y aura pas d’élection en Côte d’Ivoire si son candidat, Laurent Gbagbo, n’était pas réinscrit sur la liste électorale. Que répondez-vous à cette sortie d’Hubert Oulaye en tant que porte-parole principal du RHDP ?  
Kobenan Kouassi Adjoumani: Je vous remercie pour l’opportunité que vous me donnez de me prononcer à nouveau sur cette posture de belligérance et de chaos que ce parti affiche depuis un moment. C’est une volonté manifeste de prise en otage de la démocratie ivoirienne et d’une tentative de mise en cage de l’Etat de droit qui est ainsi exprimé.

Lors de mon récent passage à Agboville, où je suis allé, le 14 août dernier, au nom de mon parti, procéder à l’installation de la coordination locale du RHDP, j’avais publiquement interpellé le ministre Hubert Oulaye, sur le ton et la teneur de son propos, les germes de violence et de conflit qu’il comportait. Vous savez, à un certain moment, il faut savoir s’arrêter. Notre passé commun nous a enseigné suffisamment sur le fait que la violence ne résout aucun problème parce qu’elle constitue elle-même un problème. Quand on est un dirigeant politique de ce niveau, on ne tient pas ce genre de langage : « si Gbagbo n’est pas candidat en 2025, il n’y aura pas d’élection » disait-il. Mais s’il n’y a pas d’élection en 2025, il y aura quoi ? La chienlit ? Le chaos ? Des morts encore par milliers ? Des destructions ? Que gagne le PPA-CI à vouloir entretenir un tel climat de tension et de violence en Côte d’Ivoire ? Les morts d’hommes et de femmes, et les destructions éventuelles que pourraient occasionner les violences programmées par M. Laurent Gbagbo et ses partisans vont-elles réhabiliter Monsieur Gbagbo ? 
Voilà des gens qui se disent patriotes, amoureux de leur pays et qui promettent publiquement d’instaurer le chaos, si leur mentor n’est pas candidat. Quel paradoxe ! Ils aiment tellement Gbagbo que pour leur amour pour ce dernier, ils sont prêts à mettre le pays à feu et à sang. C’est le premier commentaire que je fais. 
Je voudrais ensuite rappeler qu’en 2000, à la présidentielle d’octobre, toutes les candidatures du RDR et du PDCI ont été rejetées. Tout le monde connaît les motifs aussi arbitraires que choquants qui ont été évoqués pour tenter de justifier l’injustifiable. Gbagbo était alors tout heureux et fier de ne compétir qu’avec feu le Général Guéi. Et personne n’avait appelé à brûler la Côte d’Ivoire. Pis, Gbagbo disait même, sous un ton de raillerie, que la nouvelle Constitution avait été justement faite pour écarter Bédié et Ouattara. Il a simplement oublié que le renard ne passe jamais sans repasser. Je ne moque pas la situation qu’il vit en ce moment mais je fais juste une petite piqûre de rappel afin que, comme le disent les juristes, nul n’en ignore.

LP : Conviendrez-vous toutefois que la menace est là ?

KKA : Non, il n’y a aucune menace. Les gens essayent de se faire peur. Sinon nous, nous sommes très sereins. Gbagbo et le PPA-CI doivent savoir qu’ils n’auront rien par la violence ou par la force. Ils brandissent le chiffon rouge, mais ça ne date pas d’aujourd’hui. Ils sont simplement nostalgiques de leur propre passé. Ce disque est rayé, ce logiciel est obsolète. La plupart de ceux qui se font le relais de ces propos sont à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. Moi, je lis à travers ces réactions un manque de sérénité qui commence à les gagner. Choisir la violence, le chaos, c’est choisir le chemin du désespoir. Mais rassurez-vous, les élections se dérouleront sans heurts et sans problèmes. La Côte d’Ivoire que le Président Alassane Ouattara construit avec acharnement et sans ménager ses efforts ne sombrera pas. Le PPA-CI que vous voyez-là sait qu’il ne peut pas remporter une élection présidentielle, avec ou sans Gbagbo. Ils sont conscients de leur minorité, mais ils font exprès de ne pas savoir qu’ils sont gagnés par le nanisme politique. Si leur projet de société consiste à détruire ce que le Président Alassane Ouattara a bâti, alors ils auront les Ivoiriens et toute la République sur leur chemin. La République saura faire face, sans faiblesse, le cas échéant, pour défendre la démocratie et l’Etat de droit. Elle a les moyens qu’il faut pour faire régner l’ordre public.

Le Président Alassane Ouattara a hissé notre pays très haut. Le laisser encore une fois, entre les mains de Gbagbo et de ses refondateurs, serait un recul. Si cela arrivait, l’Afrique et le monde entier désespéreront du beau pays d’Houphouët-Boigny. Ce serait une sévère reculade, que dis-je, une terrible catastrophe.

LP : Vraiment ? Vous croyez ?

KKA : Absolument ! Le Président Houphouët-Boigny avait dit qu’il a tracé les sillons et qu’un autre, après lui, viendrait les élargir. Et c’est exactement ce que le Président Alassane Ouattara est en train de faire. Il élargit les sillons tracés par le Père-fondateur de la Nation. Il est sur les traces d’Houphouët-Boigny. Le Président Houphouët-Boigny a construit l’autoroute du nord, le Président Alassane Ouattara l’a prolongé jusqu’au-delà de Bouaké et continue pour atteindre la frontière nord. Le Président Ouattara a transformé et modernisé le stade Houphouët-Boigny et en a construit 5 autres de classe mondiale. Regardez nos universités qui se régionalisent et se spécialisent, nos routes et nos belles autoroutes, nos magnifiques ponts, nos écoles d’excellence, nos lycées et collèges de proximité, le nombre de salles de classe bâties dans le primaire, la liste est très longue.

Quelqu’un a parlé de Président-guépard, en raison de la sa rapidité dans la mise en œuvre des projets. Je crois qu’il a raison. En Afrique, il n’y a pas deux Ouattara, il n’y a pas un seul qui fait mieux. Vous avez vu comment tous ceux qui nous ont visités à l’occasion de la CAN 2023 ont été subjugués et émerveillés par la beauté de notre pays, par la qualité de nos infrastructures, des dirigeants de tous les continents sont admiratifs de nos succès. On ne les a pas payés pour le faire, on ne les a forcés à dire tout le bien qu’ils ont dit sur la Côte d’Ivoire. Vous vous rappelez sans doute que le Président Alassane Ouattara avait dit que la Côte d’Ivoire allait étonner le monde. C’est cette prophétie qui est en cours de téléchargement.

LP: Selon vous, la Côte d’Ivoire actuelle étonne le monde entier ?

KKA : Assurément et à tous les niveaux. Au point où certaines mauvaises langues font des commentaires déplacés et mensongers à propos des investissements que nous faisons pour renforcer notre défense et notre sécurité. Vous avez entendu ou vu sur les réseaux sociaux la polémique qui a enflé après le défilé militaire du 7 août dernier à Grand-Bassam. Les gens sont étonnés de voir que la Côte d’Ivoire s’est dotée de tous ces équipements en si peu de temps. Oui le pays avance, à la vitesse du guépard, et à tous les niveaux. Il se développe si vite que cela peut parfois choquer certaines consciences. En Afrique et dans un contexte économique mondial aussi difficile, ont du mal à comprendre qu’un chef d’Etat puisse faire aussi bien et surtout aussi vite. Or en vérité, ce qui a été présenté au défilé du 7 août dernier n’est qu’un échantillon, seulement 15% de nos moyens de défense et de sécurité. Force et respect à la Côte d’Ivoire et à son commandant en chef, le président Alassane Ouattara. Le pays est sur une trajectoire de succès et de performance. Demain, le ciel ivoirien promet d’être encore plus beau, plus radieux et plus rayonnant avec le Président Alassane Ouattara.

LP : A condition que tout se passe bien en 2025, n’est-ce pas ?

KKA : Tout se passera bien. Tous les observateurs avertis sont d’avis que le RHDP l’emportera largement et surtout avec un candidat comme le Président Alassane Ouattara, quelle que soit la coalition en face. Pour nous, le défi est de l’emporter dès le premier tour. Nous y travaillons, nous nous y préparons. Voyez le PPA-CI, un parti qui se cherche une âme et qui n’a aucune base dans plusieurs localités du pays. En fait le projet de Gbagbo, en reniant le FPI et en lançant le PPA-CI, est un fiasco. 
Il a misé sur son équation personnelle et il s’est vite rendu compte que les Ivoiriens sont passés à autre chose. Quant au PDCI actuel, il n’a rien à voir avec le PDCI d’Houphouët-Boigny. Pis, le parti s’est recroquevillé dans une localité du pays et est actuellement est miné par des dissensions internes graves. Il est en train de pourrir du dedans. C’est un parti qui va aller aux élections en rangs dispersés. Au demeurant, le PDCI et le PPA-CI qui font office de locomotives de l’opposition ont déjà essayé de se coaliser contre le RHDP aux élections dernières locales. La mayonnaise n’a pas pris. Voilà pourquoi aujourd’hui ils remettent encore sur la table le couvert de la CEI et critiquent l’opération de révision de la liste électorale pour masquer en fait leurs déboires électoraux.

« La République a les moyens de faire régner l’ordre public »

LP : Oui, justement à propos de la CEI, quel est votre regard sur la position adoptée par le PPPA-CI et la coalition de l’opposition qui veulent une réforme globale de cette institution ?

KKA : Moi, je n’ai rien compris de leurs récriminations. C’est comme si à chaque élection, ils sont obligés de parler des mêmes problèmes. Quand la CEI leur donne raison dans un différend électoral au détriment du RHDP, c’est bon, pas de problème. Quand ça ne va pas dans leur sens, c’est mauvais. Nous sommes à 14 mois des élections. Allons tous sur le terrain pour parler aux ivoiriens. Et laissons la CEI faire son travail. L’opération de révision de la liste électorale n’a même pas encore démarré qu’ils réclament sa prolongation. La condamnation récente de dirigeants du GPS, mouvement proche de Soro Guillaume a laissé éclater au grand jour des divergences profondes entre le PDCI et le PPA-CI. Les partisans de Gbagbo dénoncent un communiqué du PDCI qu’ils assimilent à un manque de courage, de loyauté et même à une trahison de la lutte engagée par la coalition politique contre le RHDP. Votre commentaire. C’est le genre de chose auquel on est confronté quand on décide de cheminer avec des gens avec qui on n’a pas le même ADN politique. J’ai dit à des amis au PDCI que s’ils veulent cheminer avec le PPA-CI et Gbagbo, ils doivent avoir constamment à l’esprit qu’ils ne marcheront pas dans la même direction, parce que le PDCI a une vision politique différente de celle du PPA-CI. Elles sont même opposées. Le PDCI a des principes et des valeurs que le PPA-CI ne considère pas comme tels. Ces deux partis n’ont pas le même agenda politique. Pensez-vous qu’un cadre du PDCI est capable de faire ce que Katinan est allé faire à Ouagadougou récemment ? Non. Le PPA-CI risque d’entrainer le PDCI dans des problèmes très graves. Ce parti a la violence dans l’ADN et ne peut s’en départir. Pour eux, tout rime avec la force et la violence. Et je crains que ce genre d’accros que vous évoquiez risquent de se répéter. Ce n’est que le début. Il n’y a qu’avec le RHDP et le PDCI, on puisse se réconcilier avec la philosophie et le testament du Père-fondateur Houphouët-Boigny. Le PDCI actuel aurait-il oublié l’opprobre que M. Gbagbo a fait déverser sur le Président Houphouët-Boigny au soir de sa vie ? Le PDCI se sent-il bien avec celui qui a traité son père de voleur ? Il faut que les militants du PDCI fassent preuve de plus de lucidité et laissent de côté leurs émotions et ressentiments. « En politique, c’est la saine appréciation des réalités, bonnes ou mauvaises » enseignait le Père-fondateur. Il est temps qu’ils se ressaisissent avant qu’il ne soit trop tard. Le salut du PDCI se trouve dans le RHDP et nulle part ailleurs, même pas dans la poche d’un messie autoproclamé. A bon entendeur salut !

LP : Votre mot de fin ?

KKA : Mon mot de fin est une interpellation au PPA-CI, à Gbagbo et à ses partisans. Je les invite à la retenue. Dans la vie, il faut savoir tirer les leçons de son passé et de ses actes. Je leur demande de faire preuve de plus de sagesse et de maturité. En tout état de cause, c’est le terrain qui va nous départager. Et c’est la vérité du terrain qui s’imposera, parce qu’en 2025, la balle sera remise au centre et le peuple, seul juge-arbitre, désignera qui doit présider aux destinées de la Côte d’Ivoire, pour les 5 prochaines années. Ce ne sera pas un match pour voir qui est capable de tuer ou de détruire. En ce sens, je voudrais rassurer les ivoiriens. Si la violence politique et l’instauration de la chienlit sont les rêves de certains individus dans ce pays, qu’ils sachent que le Président Alassane Ouattara ne permettra jamais cela. Soyez-en certains. Le désordre n’aura pas droit au chapitre en 2025. Nous y veillerons.


Propos recueillis par Thiery Latt 

« En Afrique, il n’y a pas deux Ouattara, il n’y a pas un seul qui fait mieux »
« L’opération de révision de la liste électorale n’a même pas encore démarré que l’opposition réclame sa prolongation »

« Le projet de Gbagbo, en reniant le FPI et en lançant le PPA-CI, est un fiasco »

« En 2025, le désordre n’aura pas droit au chapitre »
« Choisir la violence et le chaos, c’est choisir le chemin du désespoir »