Interview-Moïse Gnamkey (Maire de Facobly) :  "Ouattara doit continuer sa mission au-delà de 2025"

Moïse Gnamkey, maire de Facobly, dans cet entretien, revient sur les actions du Président Ouattara dans sa localité et lance au passage un SOS en faveur de sa commune qui a été dévastée par une violente tornade au mois d'avril dernier. Non sans inviter la population de Facobly à participer massivement à la cérémonie d'hommage au chef de l'État que le district des Montagnes organise le 14 septembre prochain à Guiglo. 

Interview-Moïse Gnamkey (Maire de Facobly) :  "Ouattara doit continuer sa mission au-delà de 2025"
‘’Mettons de côté toute considération politique pour dire merci au chef de l'État le 14 septembre’’  

Le Patriote : Votre commune a été dévastée par une violente tornade au mois d'avril dernier. Comment se présente la situation aujourd'hui ?

Moïse Gnamkey : Le mois d'avril dernier, la commune a été traversée par une violente tornade jamais connue par le passé qui a fait beaucoup de dégâts dans la ville. Ce que nous avons fait dans un premier temps, c'est d’évaluer ces dégâts. Ils ont été évalués à deux niveaux. Il y avait des dégâts qui concernaient les personnes physiques que je dirai privés et les dégâts qui concernent les édifices publics : écoles, centres de santé, gendarmerie, préfecture, etc. 
Pour le premier point, nous avons reçu le "Yako" de l'Etat. La ministre de la Solidarité est venue présenter la compassion du gouvernement. En compagnie de la ministre d'État, des dons ont été faits aux populations. Au niveau des édifices, on a enregistré plus de 200 millions FCFA de dégâts. Nous avons fait un rapport à la tutelle. Pour une mairie qui fonctionne avec 200 millions de FCFA de budget, il est évident que nous ne pouvons prendre en charge ce sinistre. L'Etat- ce n’est pas officiel- a promis une aide spéciale. Mon inquiétude aujourd'hui, c'est au sujet du temps de prise en compte de ces dégâts parce que parmi les édifices détruits, nous avons des établissements scolaires. Et il y en a dont la situation est très critique. Comme l'école primaire Aka. Pour ceux qui connaissent Facobly, c'est l'école qui abrite le plus grand nombre d'élèves au niveau. Cette école est un grand centre d'examen. Vu les dégâts, les examens de fin d'année ne pouvaient s’y tenir. Ils ont dû délocaliser les examens du CEPE  au lycée. Le problème est que la rentrée c'est pour très bientôt. Nous n'avons toujours pas de retour au niveau de notre tutelle pour engager les travaux. Nous avons engagé certaines procédures d'urgence. Malheureusement ces procédures butent sur certaines lourdeurs administratives au niveau des marchés publics. Nous avons écrit pour être exempté de ces procédures. Parce que si rien n'est fait avant la rentrée, cette école ne pourra pas ouvrir. Si c'est le cas, je ne vois pas une école capable d'héberger tous ses élèves. 

LP : Le district des Montagnes dont fait partie Facobly se prépare à rendre hommage au président de la République. En tant que cadre, partagez- vous cette idée ?

MG: Pour moi, je vois cette cérémonie comme un acte républicain. J'estime que, même ceux qui sont dans l'opposition, à un moment donné, doivent reconnaître le travail qui a été abattu. Nous venons de très loin. Nous avons traversé des crises. Dans cette région, dans ce département, nous ne savions même pas qu'un jour on allait s'asseoir et se parler. On est l’un des départements qui a été très frappé par la crise des années 2002. Aujourd'hui par la grâce de Dieu, la paix est revenue. Nous sommes dans un dispositif de consolidation de cette paix. Rien que pour ça, nous pouvons dire merci. Concernant les infrastructures, nous attendons beaucoup. Mais il est important aussi de faire un bilan de ce que vous avez reçu pour dire merci. Pour être plus concret, quand on prend le périmètre communal qui est identique à la sous-préfecture, tous les villages qui sont situés à l'intérieur sont raccordés au réseau électrique. Nous sommes à un taux de 100% dans la commune de Facobly.  Il y a 10 ans en arrière, nous étions autour de 30 à 40%. 
Au niveau de l'éducation, nous faisons au moins entre 2 et 3 ouvertures d'écoles par an.  Un enfant ne se déplace plus d'un village à un autre pour aller à l'école. Tous les villages sont dotés d'une école primaire. Les collèges de proximité, on continue d'en demander mais il y en a plusieurs qui ont été ouverts. Au niveau de l'eau potable, tous les villages d'au moins 500 habitants ont leur point d'eau. C'est vrai qu'à Facobly nous avons besoin d'un hôpital général mais chaque année des centres de santé se créent. Nous estimons qu'il est de notre devoir de dire merci pour ce qui a été fait.

LP : Au plan national, pensez-vous que la Côte d’Ivoire est sur une bonne voie ?

MG: Bien sûr. Ce que je dis pour notre région est valable pour le pays. Lorsque je me réfère aux chiffres, en 2011 le taux d'électrification était à 33%. A fin 2023, nous sommes à 86%. Quand je prends le réseau interurbain, nous étions à 6 500 km de voies bitumées ; aujourd'hui nous sommes à 8 163 km. Au niveau de l'adduction en eau potable, le pays enregistre également un bond qualitatif. Nous sommes à plus de 90%. 

LP : Certains estiment que le Président Ouattara doit continuer. Vous comprenez cela ?
MG : Oui. C'est ce que nous allons lui demander. Et nous pensons qu'il a encore l'énergie nécessaire pour continuer. Je suis d'accord pour qu'il continue la mission au-delà de 2025.

LP : Vous êtes ingénieur des travaux publics. Comment appréciez-vous les opérations de déguerpissements à Abidjan mais décriées par des populations ?

MG: Vous savez, repartez dans l'histoire et vous verrez comment les grandes villes du monde, notamment Paris, se sont développées. Il y a eu des déplacements de populations. On n'a pas le choix. Pour moi, ces déguerpissements sont nécessaires. Même quand les gens  disent il faut un visage humain. Lorsqu'il s'agit de déguerpissement, c'est la population qui est touchée. Et il y aura forcément des grognes. Ce qu'il y a à faire, c'est de voir s'il existe des mesures d'accompagnement. Pour ce qui est du dernier en date, c'est-à-dire le village d'Adjamé, les fonds sont disponibles. L'Etat a fait sa part. C'est dans l'opérationnalisation qu'il y a un problème. 

LP : Avez-vous un message à lancer par rapport au meeting d'hommage au chef de l’Etat ?

MG : Par rapport à cette cérémonie, j'appelle la population du district des Montagnes et particulièrement celle de Facobly à se lever en mettant de côté toute considération politique pour dire que nous reconnaissons ce qui a été fait. Beaucoup a été fait. Nous savons aussi que beaucoup reste à faire. Mais nous devons nous lever comme un seul homme ce jour-là pour dire merci au Président Alassane Ouattara.

Par Rahoul Sainfort