Interview - Sylvère Koyo (président de la Fédération ivoirienne de Tennis) : « Notre ambition est de faire pratiquer le tennis partout en Côte d’Ivoire »
Du 15 au 17 août 2025, la Fédération ivoirienne de Tennis (FIT) a ouvert une nouvelle page de son histoire. À l'issue d'un séminaire stratégique suivi d'une Assemblée générale ordinaire à Abidjan, Maître Sylvère Koyo, président du Conseil d’administration de la FIT, expose au Patriote sa vision et la feuille de route à suivre pour le développement du tennis en Côte d’Ivoire d'ici à 2030. Sous l'impulsion de son président, la FIT entend placer durablement la Côte d’Ivoire parmi les nations qui comptent sur la scène tennistique africaine et mondiale.

Le Patriote : Dans quel état d’esprit êtes-vous au sortir de cette Assemblée générale ?
Sylvère Koyo : Le séminaire et l’Assemblée générale que nous venons d'organiser visaient à lancer la saison sportive 2025-2026, qui débutera en septembre prochain. Je suis bien évidemment satisfait, puisque toutes les résolutions que nous avons proposées ont été adoptées à l’unanimité. La plus importante d'entre elles est le budget de 1,834 milliard de FCFA pour l’exercice 2026.
LP : Au-delà du budget, y a-t-il d’autres points importants qui ont été abordés ?
SK : Effectivement. Les clubs ont accepté le montant des licences que nous avons proposé. Elles s'élèvent à 36 000 FCFA par an, soit 3 000 FCFA par mois. Nous avons également mis en place le programme d’activités 2026 et un plan quinquennal de développement du tennis jusqu’en 2030. Tous ces points ont été validés et adoptés.
LP : La saison sportive débutera en septembre prochain. À quoi doit-on s’attendre concrètement ?
SK : Nous n'avons en effet pas organisé de compétitions depuis un certain temps. Avec la saison qui s'ouvre, nous allons mettre l'accent sur les compétitions pour les jeunes. Nous organiserons un tournoi tous les deux mois. L'objectif est de permettre à nos athlètes d'être au niveau des compétitions internationales, mais aussi de créer un vivier de talents. Nous avons également travaillé sur la question des élèves et étudiants pour préparer l’avenir. En somme, c'est un programme ambitieux mais réalisable que nous avons validé.
LP : Ce programme met aussi l’accent sur les infrastructures !
SK : Nous affectons 62 % du budget à la rénovation et au développement des infrastructures. Je suppose que vous êtes amateur de tennis ! Avez-vous vu nos courts ? Ils sont presque tous dégradés. Pour accueillir le Tournoi ATP qui nous avait été confié, nous avons dû rénover cinq courts, ce qui nous a coûté plus de 300 millions de FCFA. L’un des objectifs de ces mises à neuf est d’être capable d’accueillir des tournois. C'est aussi en cohérence avec notre politique de vulgarisation du tennis.
C'est d'ailleurs pour cela que nous mettons l’accent sur les infrastructures. C'est le moyen pour le tennis ivoirien d'atteindre le niveau du tennis mondial, ce qui signifie que nos infrastructures doivent correspondre aux normes ATP et ITF. Ces deux institutions organisent la plupart des tournois professionnels et amateurs. Vous savez que pour un joueur, il est important d'arriver à un certain niveau pour être classé au plan mondial.
LP : Quel est l’état des lieux du tennis ivoirien à ce jour ?
SK : Notre jeune Eliakim Coulibaly, après avoir remporté sept tournois, est passé de la 336e à la 266e place mondiale. Il est essentiel que des tournois de niveau mondial se déroulent ici, comme c’est le cas en Afrique du Nord, au Maroc et en Tunisie, où les infrastructures permettent d'accueillir des tournois ATP et ITF de manière permanente. Nous avons une académie qui organise des compétitions tous les mois. Notre objectif est de faire en sorte que de grands joueurs mondiaux puissent venir jouer ici. C'est un rêve, mais un rêve qui peut devenir réalité.
LP : Pour le commun des mortels, le tennis est concentré dans la commune de Cocody. Si tel est le cas, quelle est la stratégie pour étendre « la petite balle » aux autres communes d'Abidjan et de l'intérieur du pays ?
SK : Je peux vous dire que notre ambition est de faire en sorte que tout le monde joue au tennis. Vous avez parlé de Cocody, mais nous faisons aussi du tennis à Yopougon. Nous avons l'Académie de Yop Tennis dont la présidente a pris part à nos assises. Elle vient d'ailleurs d'organiser un tournoi pour les jeunes.
Nous avons des infrastructures telles que les « Agoras », mises en place par le gouvernement ivoirien et l’AFD (Agence française de développement), qui abritent des courts de tennis. Il y a des courts à Abobo, à Koumassi et à Port-Bouët.
Nous avons également rencontré le président de la Fédération des écoles privées laïques, qui est d'accord pour signer un accord avec la Fédération de tennis afin de permettre aux enfants de ces écoles de s'initier au tennis.
En ce qui concerne l'intérieur du pays, certaines villes comme Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo sont aussi concernées. Nous sommes en discussion pour reprendre les cours de l'hôtel Président à Yamoussoukro, et ceux de l'Amicale de Bouaké. À Korhogo, le président du Conseil régional, qui est aussi directeur de cabinet du président de la République, étudie la possibilité de créer un court de tennis.
Notre ambition est de couvrir tout le territoire ivoirien et de faire pratiquer le tennis partout en Côte d’Ivoire. Nos grands joueurs de football ne viennent pas de Cocody, ils viennent d'Abobo, Agboville, Bondoukou et bien d’autres villes de la Côte d’Ivoire. C’est ce que nous voulons reproduire avec le tennis.
Réalisée par Jean Antoine Doudou