Politique nationale : Quand le PDCI et le PPA-CI étalent leurs divergences

La marche du samedi 9 août, organisée par le Front commun (PDCI–PPA-CI) et d’autres partis alliés de l’opposition, se voulait un signe d’unité contre le pouvoir en place. Mais au lieu d’afficher une cohésion sans faille, l’événement a laissé transparaître, au grand jour, les fractures internes qui minent cette coalition. Dès les premières heures, le ton était donné : chaque camp tirait la couverture sur soi et n’en avait que pour son mentor. Pendant que les partisans de Laurent Gbagbo scandaient, le poing levé, « On va installer Gbagbo », les « roperos » (obligés, en nouchi) du président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, répliquaient avec ferveur : « On va installer Titi », le petit nom affectueux de leur champion. Ce duel de slogans a rapidement donné l’impression de deux manifestations parallèles, plus préoccupées par la mise en avant de leur leader que par l’objectif commun annoncé.
Cette scène n’est pas un accident. Elle illustre une réalité : l’opposition ivoirienne est profondément fragmentée. A preuve, elle est structurée en plusieurs blocs antagonistes. D’un côté, le Front commun. De l’autre, la CAP-Côte d’Ivoire. Entre certains acteurs de ces deux pôles, les inimitiés sont anciennes et connues de tous. Il est de notoriété publique que Laurent Gbagbo (Front commun) et ses anciens camarades de la gauche que sont Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé et Affi N’Guessan (CAP-Côte d’Ivoire) ne s’adressent plus la parole depuis longtemps, sur fond de désaccords politiques et personnels.
Si un semblant d’union est aujourd’hui perceptible, c’est essentiellement sous l’effet du mot d’ordre TSO – « Tout Sauf Ouattara » –, qui fait figure de ciment provisoire. Mais comme le dit l’adage : « À beau chasser le naturel, il revient au galop ». Ce samedi 9 août en a été une parfaite illustration : les rangs du PPA-CI et du PDCI ont laissé éclater au grand jour leurs divergences, chaque camp se repliant sur son leader. Pour beaucoup d’Ivoiriens présents ou observateurs de la scène politique, cette situation se résume en une expression devenue populaire : « On est ensemble, mais on n’est pas mélangés. » Une formule qui, au-delà de la légèreté apparente, traduit bien le défi majeur que doit relever l’opposition : surmonter les égos et les rivalités pour construire une véritable force politique commune.
Rahoul Sainfort