Relations internationales-Montée en puissance de la Russie en Afrique : Des analystes alertent sur les dangers de ce new deal
Toutes les collaborations ne sont pas bénéfiques pour nos États. C'est une des idées fortes de l'apéro- débat organisé par l’Association des Français du Monde (ADF Côte d’Ivoire) autour du thème : « L’Afrique est-elle encore le terrain de jeu des puissances occidentales ? » C'était, mercredi 18 septembre, à la Fabrique culturelle, à Cocody - 2 Plateaux. Le journaliste Venance Konan et le politologue Landry Kuyo les deux panelistes qui ont entretenu le public présent. Les orateurs ont soutenu que les partenariats internationaux, qu'ils soient militaires ou économiques, façonnent la politique africaine de manière diverse. Poursuivant, ils ont précisé que toutes les collaborations ne sont pas bénéfiques pour nos États. Si, selon eux, les partenaires occidentaux prétendent apporter une aide au développement et à la sécurité en Afrique, les Etats de l’Est, par contre, semblent proposer des services différents, à l’instar de la fourniture de milices pour protéger les régimes autocratiques en échange d’un accès aux ressources naturelles.
Pour les panélistes, il est crucial de s'interroger sur la viabilité de ces partenariats, notamment celui avec la Russie, qui favorise les putschs et l'instabilité, en assurant une protection politique via le veto au Conseil de sécurité de l'ONU. À les en croire, ces collaborations renforcent une culture de coup d'État sans conséquences, compromettant gravement la stabilité des nations africaines. Aussi, affirment-ils, le partenariat avec les Etats de l’Est pourraient présenter des risques importants pour l’indépendance économique et politique des pays africains. Car, susceptibles d'entraîner une dépendance croissante qui peut compromettre la souveraineté des États africains.
Ils ont également expliqué que les termes souvent opaques de ces accords et le manque de transparence autour des dettes contractées sont sources de risques à long terme. Ils ont en conséquence appelé les États africains à la vigilance sur les conséquences économiques et géopolitiques de ces partenariats avec les Etats de l’Est, qui, selon eux, peut s'avérer être une nouvelle forme de domination néocoloniale.
Dans la même veine, ils ont soutenu que l'Afrique est devenue un champ de bataille privilégié pour les guerres informationnelles, avec des réseaux de désinformation qui menacent la stabilité des sociétés africaines. Ils ont relevé, à cet effet, l'implication croissante des puissances étrangères, en particulier les Etats de l’Est avec l'initiative « African Initiative » et la création de nouvelles plateformes médiatiques qui constitue un danger pour la stabilité sociopolitique des jeunes générations. À les en croire, les populations jeunes, souvent vulnérables, sont des cibles privilégiées par ces campagnes de désinformation. Ce qui, affirment-ils, renforce les risques d'instabilité politique et sociale. D'où l'urgence, selon eux, de dénoncer les mécanismes mis en place et de sensibiliser les États africains aux impacts néfastes de ces initiatives sur leur souveraineté.
Pour Christophe Kassi, président de l’Association des Français du Monde / Côte d’Ivoire, l'enjeu de cet apéro - débat c'était d'avoir des clés de compréhension par rapport aux nombreuses questions que les uns et les autres se posent sur Wagner et l'Alliance des Etats du Sahel (AES).
Rahoul Sainfort