Parrainage citoyen : Pourquoi l’opération fait si peur à certains candidats déclarés !

Sauf changement, aujourd’hui, devrait être organisée une marche contre le parrainage citoyen. C’est une initiative des membres du groupement politique dénommé Alliance pour la Démocratie et la Paix (ADP). Pour les initiateurs de cette marche, le parrainage citoyen serait une entrave à la démocratie car empêchant certains citoyens, désireux de se porter candidats. Avant eux, Vincent Toh Bi, ancien préfet d’Abidjan, candidat indépendant, son allié électoral, le député Antoine Tiémoko Assalé ainsi que Soumaïla Brédoumy, porte-parole du PDCI-RDA, comme s’ils s’étaient passés le mot, dans un intervalle de temps réduit, avaient abondé dans le même sens que l’ADP. Selon Vincent Toh Bi, la collecte des parrainages de manière numérique violerait le secret du vote, car elle permettrait d’établir une base de données de chaque candidat. Antoine Tiémoko Assalé a, lui, dénoncé la complexité de cette procédure. « Aujourd'hui, sur les tablettes, il faut une identité faciale, des données biométriques... dans un contexte de suspicion, nous pensons qu'il faut simplifier tout ça ! ».
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) a rejeté, jeudi 26 juin 2025, le système de parrainage citoyen instauré depuis 2020 dans le cadre de l’élection présidentielle, estimant que le processus, tel qu’il est actuellement conçu, est biaisé et excluant. Lors d’une conférence de presse tenue au siège de ce parti à Cocody, le porte-parole du PDCI-RDA, Soumaïla Brédoumy, a exprimé les inquiétudes de cette formation politique face aux modalités de collecte des parrainages, notamment l’utilisation des formulaires numériques et des tablettes, qu’il considère comme des sources potentielles d’exclusion de certains candidats. «L’homme qui veut se faire parrainer, on modifie substantiellement les conditions. Il faut que lui-même puisse introduire des données, alors que cela ne figure pas dans les règles initiales. Les tablettes ne fonctionnent pas en milieu rural, seulement en zone urbaine. Cela signifie que vous devez transporter vos parrains des zones rurales vers les villes. C’est ce que nous contestons », a dénoncé M. Brédoumy. Des sorties qui, en réalité, visent à discréditer le processus. Car pour ceux qui ne le sauraient pas le parrainage citoyen est prévu par le Code électoral en ses articles 25, 51, 53, 54 et 56 et par le décret fixant les modalités d’organisation de la collecte des signatures pour le parrainage des électeurs dans le cadre de l’élection du président de la République. Cette disposition vise notamment à exiger du candidat qu’il dispose d’une implantation ou d’une assise nationale et à limiter les candidatures fantaisistes. Une implantation nationale, le mot est lâché. C’est la grosse difficulté à laquelle seront confrontés des candidats déclarés comme Vincent Toh Bi, Antoine Tiémoko Assalé ou bien d’autres. Comment, au-delà des réseaux sociaux, toucher le pays profond et espérer avoir par exemple 2596 parrainages dans le Gontougo (est), 3423 dans le Tonkpi (ouest), 23153 à Abidjan (sud) , 3689 dans le Poro (nord) et 4611 dans le Gbêkê, (centre) ? Tel est le fond du problème. D’où la peur bleue de ces derniers. Qui, au lieu d’affronter cette épreuve, trouvent des prétextes pour la dénigrer. Surtout qu’en 2020, le parrainage a été introduit dans le processus avec succès.
A l’époque déjà, on se rappelle que des candidats comme Mamadou Koulibaly avait jeté l’éponge, certainement conscient de son incapacité à remplir cette condition. Les explications d’Alain Dogou, le deuxième vice-président de la CEI, sont pourtant claires. Selon lui, le parrainage de manière numérique a pour objectif d’éviter les doublons. « Nous sommes soumis à des obligations ; nous ne diffuserons et n'utiliserons pas les informations que l'on met à notre disposition. La possibilité qu'un citoyen lambda sache à qui untel ou untel a accordé son parrainage n'existe donc pas », a rassuré Alain Dogou. La collecte des parrainages débute le 1er juillet et s’achèvera le 26 août, tandis que le dépôt des candidatures est prévu à partir du 26 juillet. Le lundi 30 juin dernier, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, président de la CEI, a convié au siège de la commission électorale, les coordonnateurs et les collecteurs des parrainages citoyens des partis politiques ou groupements politiques ainsi que les personnalités désireuses de se porter candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025, à une séance de travail d’information, mais aussi de remises solennelles de kits de collectes de signatures.
À quatre mois du scrutin présidentiel, le patron de la CEI a réaffirmé les règles qui encadrent la phase cruciale de la collecte des parrainages. « La collecte de parrainages est rigoureusement encadrée par la loi ivoirienne. Elle ne peut se faire dans les hôpitaux, ni dans les cantonnements militaires ou paramilitaires », a-t-il rappelé. Il a souligné par ailleurs la nécessité de préserver la neutralité de ces lieux à caractère sensible. Coulibaly-Kuibiert a insisté sur l’importance de respecter la vocation première de ces espaces, dédiés à la santé, à la sécurité et à l’intérêt général. Ainsi que sur le respect du principe d’unicité du parrainage. « Un électeur ne peut accorder son parrainage qu’à un seul candidat. Le double parrainage est interdit et expose son auteur à des sanctions pénales », a prévenu Coulibaly-Kuibiert.
Faut-il le rappeler, conformément aux dispositions constitutionnelles et électorales, chaque candidat devra recueillir les parrainages d’au moins 1 % de l’électorat inscrit, répartis dans chacune des 31 régions du pays. Seuls les citoyens figurant sur la liste électorale sont habilités à accorder leur parrainage. La collecte des parrainages citoyens a débuté le 1er juillet 2025 pour s’achever le 26 août 2025.
Thiery Latt