Interview - Imbassou Ouattara (cadre du RHDP) : « Parce que les Ivoiriens ont vu, ils demandent au Président Ouattara de faire un autre sacrifice »

 Ancien secrétaire départemental RDR de Yopougon et ancien député de la plus grande commune de Côte d’Ivoire, Imbassou Ouattara, malgré son jeune âge, a un parcours politique qui force le respect.  Aujourd’hui, conseiller technique du secrétaire exécutif du RHDP, il revient dans cet entretien, sur les grandes leçons du deuxième congrès du RHDP, tout en se prononçant sur le front commun (PDCI-PPA-CI) et la Coalition pour l'alternance pacifique en Côte d'Ivoire (Cap-Côte d'Ivoire) qui regrouperait plus de 25 partis politiques de l’opposition ivoirienne.

Interview - Imbassou Ouattara (cadre du RHDP) : « Parce que les Ivoiriens ont vu, ils demandent au Président Ouattara de faire un autre sacrifice »
« L’histoire retiendra que le RHDP a apporté sa pierre à la construction de la nation ivoirienne, contrairement à ceux qui ont parlé de refondation »

Le Patriote : Votre parti, le RHDP, a tenu les 21 et 22 juin dernier son deuxième congrès ordinaire. Quels sont les grands enseignements que vous tirez de ces deux jours de travaux ?

Imbassou Ouattara : Je dois dire que ce 2e congrès ordinaire du RHDP nous a laissés beaucoup de leçons et beaucoup d’enseignements.  Ce congrès nous a fait aussi des révélations. A l’épreuve du terrain, nous avons découvert qu’aujourd’hui, le RHDP est une force à l’épreuve du terrain, adossé à des structures très opérationnelles de la base au niveau central. Vous avez des compétences qui s’étaient déjà affirmées, mais qui se sont davantage affirmées dans l’organisation de ce congrès. Je fais allusion au comité d’organisation, à toutes les compétences qui ont permis d’avoir d’abord des précongrès très bien structurés, très bien animés, qui ont démontré que la base militante du RHDP a une saine lecture de la vie politique de notre pays. Cette base politique s’est mobilisée pour réfléchir en première instance sur les documents proposés pour le congrès. Nous nous sommes ensuite retrouvés au congrès. La lecture que nous avions de la qualité des militants, des responsables du parti s’est davantage affirmée. Lors des travaux en commission, nous avons vu des prises de parole souvent passionnés, souvent enthousiastes, souvent mesurées.  Mais tout cela dénotait de l’attachement des militants et cadres du parti aux idéaux à nous enseignés par le président de la République, président du RHDP, qui a chapoté tout cela de mains de maitre.

Nous avons vu un congrès qui nous a rappelé par moments le tout premier congrès du Dr Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire. Spontanément, on avait vu à l’époque une mobilisation extraordinaire. Ce deuxième congrès du RHDP a montré que le président est coutumier des faits et que sa personne, le charisme qu’il dégage, pour ne même pas parler de son bilan qui met tout le monde d’accord, savait qu’il pouvait le faire. Il ne nous a pas déçus, c’est une autre dimension avec Alassane Ouattara.  Ce congrès a montré la dimension nationale et internationale de la personnalité. Et c’est tant mieux. Nous sommes rassurés. Les chiffres que nous avons dans le E-militant, sur le nombre de comités de base, de sections, de zones, de départements et de régions ne sont pas des chiffres fictifs, mais bel et bien la réalité. Notre parti a l’implantation nationale la mieux achevée.  

 

 

LP : Ce congrès, c’était surtout les attentes…

IO : J’allais en arriver. Je suis d’accord qu’il y avait des attentes, notamment le défi de la mobilisation. Nos adversaires nous attendaient à ce niveau. Pour nous, ce défi était gagné d’avance. Nous n’avions pas de souci à ce niveau.  Je le disais tantôt, le Président Alassane Ouattara, c’est une autre dimension. Son lien fusionnel, passionnel avec les militants, c’est autre chose. Donc pour la mobilisation,  on n’avait pas de souci. Nous avons vu l’engagement de tous les cadres du parti. Nous avons vu comment des présidents d’institution, des membres du gouvernement aux différentes composantes de la nation se sont mobilisés. Dans les tribunes, j’étais sur la toile quand un jeune a posté : «  le terrain est rempli à l’intérieur et à l’extérieur ». Un autre militant a commenté : « quid de nous qui sommes dans les cars en mouvement vers le stade ». C’est une anecdote de ce que nous avons vécu comme mobilisation, comme élan festif, comme adhésion, comme solidarité dans l’action politique.  

Chacun était attaché à l’atteinte d’un résultat probant tel que le président nous l’a promis et tel qu’il le réalise. Chacun est prêt à se projeter sur l’avenir à  court terme, à moyen terme et dans le long terme. Parce que il faut laisser aux générations futures plus que nous n’avons reçu des générations passées. Tout ce que le Président Ouattara a fait nous rassure de ce que l’histoire retiendra que le RHDP a apporté sa pierre à la construction de la nation ivoirienne, contrairement à ceux qui ont parlé de refondation et qui parlent aujourd’hui de renaissance. La nation est bien en place. Elle n’a plus besoin de renaitre. Le pays se porte bien sur beaucoup de plans. Il y a des choses à améliorer parce que l’action gouvernementale c’est beaucoup de choses en même temps. C’est beaucoup d’urgences. Mais tout cela est adressé par le gouvernement. Le RHDP sera le levier sur lequel le candidat du parti va s’appuyer pour la conservation du pouvoir au soir du 25 octobre 2025.

 

LP : Vous évoquiez tantôt la qualité des travaux du congrès. Ces travaux ont fait deux recommandations fortes. Ils ont demandé au Président de la République Alassane Ouattara de continuer de diriger le RHDP d’une part et d’être le candidat du parti à la présidentielle 2025 d’autre part. Si le président de votre parti a accepté d'être encore à la tête de votre formation politique, il a ajournée sa réponse concernant sa candidature pour la présidentielle. Que vous inspirent ces deux réponses?

IO : Vous imaginez le contexte national qui a beaucoup de contradictions saines sur la conquête du pouvoir. Dans chaque état-major aujourd’hui, ça bouge. Tous les états-majors n’ont pas les forces dont disposent le RHDP aujourd‘hui. Tenant compte de ces contradictions, un responsable de la dimension du Président Alassane Ouattara ne met pas la charrue avant les bœufs. Il prend en compte l’environnement sous-régional, l’environnement international où on voit de nouvelles forces émerger tendant à mettre un frein à l’ordre que nous avons connu depuis la création de l’ONU. C’est tout cela, qu’un homme d’Etat sérieux, comme le Président Alassane Ouattara, spécialiste de planification et d’anticipation, prend en compte avant de se prononcer. Il a dit oui pour continuer de diriger le RHDP.   Pour nous, cela veut dire qu’il est encore là. Pour nous, ce oui est très significatif. Il est très profond. L’autre oui, nous pouvons décoder dans beaucoup de ses déclarations son envie de ne pas décevoir ceux qui pensent encore qu’il doit faire le sacrifice ultime, qu’il doit faire encore un mandat pour encore pousser notre pays plus haut parce que nous voyons ce qui se passe dans les autres pays.

Vous pouvez être élu, bien élu, mais ne pas disposer des réseaux qu’il vous faut pour aider votre pays. Parce c’est dans un réseautage aujourd’hui que le monde est géré. On ne rentre pas dans ces réseaux quand on arrive sur la scène politique comme on rentre dans un bal poussière. C’est beaucoup de choses en amont qui vous consolident dans ces réseaux et qui font qu’au moment où vous êtes aux affaires, tout se passe bien. Souvenez-vous du blocus de 2010.  Y étant, le Président Ouattara a réussi à créer la Voix du Golf et TCI. Le oui pour la présidentielle, nous l’attendons.

 

LP : Justement parlant de l’environnement international, que pensez-vous des missions effectuées récemment par l’Union africaine et la CEDEAO en Côte d’Ivoire ?

IO : Les missions de l’UA et de la CEDEAO viennent dans chaque pays en période électorale avec le souci de se rassurer que les choses vont bien se passer. Ceux qui pensent que c’est parce qu’il y a problème que ces missions se déploient, se trompent.  La Côte d’Ivoire n’est pas en crise. Peut-être que certains ont la crise dans leur tête. Ces organisations viennent pour voir le travail qui a été fait jusqu’à maintenant. Je veux parler de la préparation des élections, le déroulement qui va se passer à leur présence en tant qu’observateurs et la gestion de l’après élection.

 « La population a vu la gouvernance par manipulation, elle voit  aujourd’hui la gouvernance à effet »

Depuis l’opposition, le Président Ouattara a toujours œuvré pour que le maximum d’Ivoiriens en âge de voter puisse prendre part au vote. Je l’avais dit et je le répète, le vote à 18 ans, c’est l’œuvre d’Alassane Ouattara. Les audiences foraines, c’est son œuvre. Ces missions qui viennent de mon point de vue, repartent rassurées qu’il n’y a pas d’élections faciles, mais un minimum est fait pour garantir l’équité, l’égalité de chance pour tous les candidats qui partiront en compétition, bien-sûr, conformément aux lois ivoiriennes. Ce ne sont pas des missions d’injonctions. Ce sont des missions d’écoute, d’observations, de recommandations.

 

 

LP : Vous affirmez que le pays n’est pas en crise. Pourtant l’opposition demande un dialogue politique avant la présidentielle…

IO : Il ne faut pas faire du dialogue politique, un préalable, comme l’opposition veut le faire. Le dialogue politique est une initiative du Président Ouattara.  Sous Houphouët-Boigny, on a connu les conseils nationaux qui débâtaient des questions d’intérêt national. Le Président Ouattara a instauré le dialogue politique parce que la Côte d’Ivoire est sortie d’une longue crise.  Beaucoup d’institutions n’étaient pas en place ou avaient des difficultés pour fonctionner. Il fallait donc  créer un cadre de concertation pour que quelques  suggestions soient prises en compte pour notre bien à nous tous dans le pays. Il y a eu cinq phases de dialogue politique. La cinquième phase a conclu que puisque maintenant  les institutions sont en place et qu’elles fonctionnent bien, il fallait s’y référer en cas de besoin. Je rappelle que chaque fois qu’une institution comme la Cour des comptes fait un rapport qui incrimine le gouvernement, l’opposition brandit le rapport. Mais quand la même Cour des comptes dit c’est bon, là on trouve à redire.

Le dialogue politique a conclu que les institutions soient saisies en fonction des préoccupations. L’opposition demande un dialogue politique pour aller auditer la liste électorale pour faire inscrire des gens sur la liste électorale, pour une nouvelle CEI. En même temps qu’elle demande une nouvelle CEI, elle exige une nouvelle révision de la liste électorale. Il y a une certaine incohérence. Il faut rappeler que tous ceux qui ont été exclus de la liste électorale l’ont été par décision judicaire. C’est du surchauffé que l’opposition fait pour distraire un peu l’opinion nationale et internationale.  Sinon elle-même sait que les procédures telles engagées sont conformes aux  lois ivoiriennes et en dernier ressort, il y a un Conseil constitutionnel, juge du contentieux électoral à la présidentielle qui va trancher.

Pour les autres cas d’amnisties qui ont été demandés et répétés, à mon humble avis,  je pense que l’opposition peut proposer un début de solution à l’Assemblée nationale en initiant une proposition de loi. C’est à cela que servent les groupes parlementaires. Elle n’amorce rien. Elle réclame un dialogue politique pour exiger… Un Etat sérieux ne fonctionne pas comme ça. On ne peut aller de compromis à compromis et tomber dans les compromissions. 

 

« Notre parti a l’implantation nationale la mieux achevée » 

 

LP : Pour en revenir à la mobilisation de vos militants au congrès, vos adversaires soutiennent que c’est parce que vous êtes au pouvoir qui vous avez réalisé cette prouesse. Que leur répondez-vous ?

IO : Avant le Président Ouattara, certains étaient au pouvoir, on a vu leur capacité de mobilisation. Je rappelle que les questions de mobilisation avec le Président Ouattara, c’est une dimension très supérieure à la normale. C’est depuis l’opposition qu’Alassane Ouattara draine du monde. Quand je finis de dire cela, je ne veux plus poursuivre. Le 1er congrès du RDR, du 1er août 1999,  le retour d’exil du Président Ouattara, ses tournées pendant sa précampagne entre 2007 et 2010… je renvois tous les curieux aux coupures de presse de l’époque.

 

LP : Qu’en est-il du bilan de votre mentor ?

IO : Il est globalement positif. Certes, il y a des plaintes. Ce qui est normal. Mais chaque ivoirien sait aujourd’hui qu’il a gagné quelque chose dans la gouvernance du Président Ouattara. Si sa personne n’a pas gagné directement, son village a gagné quelque chose, sa sous-préfecture a gagné quelque chose. Son département, sa région… a gagné quelque chose. Finalement tout le monde a gagné quelque chose que ce soit par l’électrification, par l’adduction d’eau, par les infrastructures sanitaires, scolaires et universitaires, les voiries. Le projet sur le bitume, c’est d’arriver à relier entre eux tous les chefs-lieux de région par le bitume, tous les chefs-lieux de départements, tous les chefs-lieux de sous-préfectures. Voilà un peu le projet. C’est pour cette vision humaniste, tirée du libéralisme économique à visage humain qu’il prône, que nous lui demandons de faire encore le dernier sacrifice. Parce que les Ivoiriens ont vu. A Ebimpé, des personnes du 3e âge ont pleuré parce qu’elles étaient venues pour que le Président Ouattara dise  « oui  je suis candidat pour un autre sacrifice».   Parce que même après le pouvoir, il va continuer à aider la Côte d’Ivoire comme il l’a fait quand  il était dans l’opposition, comme l’atteste le témoignage de feu Charles Koffi Diby. La mobilisation d’Ebimpé n’était pas une mobilisation fabriquée. C’est une mobilisation volontaire de tous les Ivoiriens qui ont adhéré à la vision du Président Ouattara et qui ont vu les résultats de cette vision dans leurs localités à travers de nombreux projets. Nous ne sommes pas encore au bout de tout ce que le président a prévu faire pour ses concitoyens. Il faut déjà noter dans la sous-région, en Afrique et dans le monde, notre pays est repositionné. Ce qui n’était pas le cas quand les autres étaient au pouvoir.  Nous étions infréquentables.

 

LP : Le processus électoral se poursuit avec le démarrage du parrainage citoyen. Malheureusement, de nombreux candidats le contestent. Qu’en pensez-vous ?

IO : C’est une manipulation de leur part. Peut-être que ces opposants n’ont pas la bonne information.  Au cours d’un cinquième dialogue politique, des propositions avaient été faites  pour voir à la hausse la caution, pour éviter les candidatures fantaisistes.  Des voix de l’opposition ont fait une autre proposition. Elles ont rappelé que le parrainage avait été testé en  1995 et en 2020 et existe dans certains pays. De leur point de vue, il serait plus aisé de mobiliser des parrainages sur le terrain que de lui demander de payer  100 ou 150 millions de caution. Le dialogue a finalement retenu le parrainage. Dès que cela est enclenché, la même opposition fait volte-face. L’opposition doit savoir qu’elle ne dicte pas les règles. Les règles sont faites pour servir la nation et non les partis politiques de l’opposition. Si un candidat est incapable de récolter les 1% de 17 régions ou districts autonomes, c’est qu’il est incapable de faire un score honorable à la présidentielle.

 

 

LP : Le RHDP aura face à lui, trois blocs : la CAP-CI, le Front commun PDCI-PPA-CI et les candidatures indépendantes. Cela n’inquiète-t-il pas votre formation politique ?

IO : Moi, je vois la chose comme le dynamisme de la démocratie ivoirienne. J’ai même salué la candidature de Monsieur Assalé Tiémoko. Qui dit : « je suis député-maire, je veux me hisser plus haut ». C’est son droit le plus légitime. Il y en a qui ne sont pas du tout des élus locaux. Mais qui pensent pouvoir transformer l’essai, de venir sur la scène politique, être candidat indépendant et gagner. C’est aussi leur droit. Concernant les blocs, de mon point de vue, elles n’ont pas de couloir étanche. Parce que tous ces partis qui sont soit dans la CAP-CI ou dans le Front commun ont tous été des alliés du RDR par le passé et du RHDP dans un passé récent.  Nous nous connaissons dans le marigot politique ivoirien. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Ces coalitions ont des choses à proposer aux Ivoiriens mais n’inquiètent pas le RHDP. Pour la machine que nous avons vue avant le congrès, pour cette formation politique mobilisée et ressoudée autour de son leader charismatique que nous avons vue après le congrès, je ne vois pas comment elles peuvent nous inquiéter.  Nous avons fait le front commun avec le FPI. La CAP-CI, c’est un regroupement de 25 partis politiques qui ont fait un meeting à Yopougon et mobilisé moins de 5000 Ivoiriens. Sur le même site, à la place Ficgayo, le meeting de clôture du précongrès du RHDP a mobilisé plus de 15 000 militants. La CAP-CI ne peut pas inquiéter le RHDP. La mobilisation de Yopougon, autour du coordonnateur régional Adama Bictogo, a battu le meeting de la CAP-CI. Je ne parle pas des autres communes du district d’Abidjan ni de l’intérieur du pays. Ce sont des coalitions qui animent la vie politique. Ça nous appelle à ne pas dormir sur nos lauriers. Ça nous invite à la vigilance, à retrousser les manches, à continuer à plonger nos mains dans le travail quotidien. Avec le chef que nous avons, avec les cadres à ses côtés, il n’y a pas d’inquiétude. Surtout que ces opposants n’ont pas de projets communs. Eux-mêmes le disent. Ils se mettent ensemble simplement parce qu’ils sont tous contre Alassane Ouattara. Cela n’est pas viable. Ce n’est pas sérieux.  La population tranchera au soir du 25 octobre. Et nous pensons que cette population a vu la gouvernance par manipulation, elle voit  aujourd’hui la gouvernance à effet, à impact positif sur nos vies, sur nos conditions.

Par Thiery Latt