Hambol-campagne 2025 de la noix de cajou : Quand la vente groupée permet de stabiliser les prix fixés par le gouvernement

Le Hambol est la deuxième région productrice de noix de cajou en termes de quantité et de qualité au plan national après le Béré. Plus de 120 mille tonnes sont produites chaque année par cette circonscription territoriale. Pour la campagne 2025 de la noix de cajou, les regards sont de nouveau tournés vers cette région avec un prix bord champ fixé à 425 F CFA par le gouvernement dès son lancement. Un prix largement satisfaisant. Il s’agissait bien sûr des noix triées, bien séchées et bien stockées. Conscient de ce que des acheteurs véreux rodent dans les différentes régions du pays pour contourner chaque fois le prix officiel, cette année, le gouvernement a mis au-devant de la campagne, les autorités administratives locales (préfets et sous-préfets) chargés de faire respecter le prix bord champ fixé. Mais que pouvaient en réalité valoir toutes ces mesures si le paysan producteur de la noix de cajou ne s’inscrit pas dans la dynamique du respect de ces décisions ? En effet, une chose est que l’État fixe les prix et une autre est que celui qui a son produit, le paysan, accepte de vendre sa marchandise (la noix de cajou) au prix officiel. A mesure que l’on s’achemine allègrement vers la fin de la campagne 2025, nous avons entrepris de sillonner quelques départements de la région du Hambol, pour voir comment les producteurs eux-mêmes se sont pris faire respecter ce prix bord champ jugé somme toute satisfaisant par une large majorité des acteurs de terrain.
La vente groupée à Katiola
«Au regard de l’importance de nos productions encore stockées dans nos maisons, nous sommes soulagés de pouvoir les écouler grâce à cette opération spéciale initiée par Monsieur Soro Nabala, Délégué régional du conseil coton-anacarde. Une opération qui permet de vendre effectivement nos produits à 425 F CFA le kilogramme, le prix homologué par le gouvernement. Personnellement, je suis énormément soulagé car j’ai pu évacuer tout mon stock ». Ce sont les propos de M. Coulibaly Karna, l’un des producteurs de la noix de cajou qui a bénéficié de l’opération d’achat groupé dudit produit. En tout cas, tout comme Coulibaly Karna, les planteurs d’anacardiers qui ont pu écouler leurs stocks le mercredi 14 Mai 2025, se sont réjouis et ont exprimé leur gratitude au délégué régional du conseil coton-anacarde. C’est le cas de M. Coulibaly Dramane, un autre producteur qui se dit heureux d’avoir livré sa production à ce prix, car a-t-il dit, « Je refusais de vendre mon produit en deçà du prix gouvernemental. Aujourd’hui, je suis très heureux de bénéficier de cette opération qui me permet de gérer mes problèmes financiers du moment. J’exprime ma reconnaissance au conseil régional de cette filière ». La liste des producteurs ayant exprimé leur satisfaction n’est pas exhaustive. En effet, ce sentiment de soulagement généralisé trouve sa justification dans la situation qui prévaut à propos de la commercialisation de la noix de cajou depuis plus d’un mois. Une situation marquée par la suspension de la vente du produit par manque d’acheteurs. En pareille circonstance, des producteurs sont toujours prêts à brader leurs stocks pour régler des difficultés financières spontanées. Chose que recherchent certains acheteurs indélicats lestes à faire chanter ces derniers pour s’accaparer de leurs productions. Justement, c’est autant de raisons qui suscité l’initiative de Soro Nabala qui a indiqué que « ayant constaté la rareté des acheteurs depuis un certain moment, le conseil régional coton-Anacarde s’est résolu à accompagner les producteurs dans la commercialisation de leurs produits en organisant une caravane de vente groupée qui s’engage à acheter effectivement le kilogramme à 425 F ». A l’en croire, vu le risque grandissant de voir les paysans vendre à vil prix leurs productions à cause de la panique née de la rareté des acheteurs et d’une certaine rumeur tendant à faire croire que les fonds alloués à la présente campagne étaient épuisés, il était opportun que le conseil coton anacarde joue son rôle. « D’abord apaiser et rassurer les producteurs avant de tout mettre en œuvre pour que l’achat du kilogramme ne soit pas en dessous des 425 F indiqués par le gouvernement. D’où la caravane régionale d’achat groupé ». Aussi, a-t-il précisé que cette opération permet également de veiller à la qualité du produit à travers les critères du bon séchage, du triage et d’un bon stockage. Il est ainsi demandé aux producteurs non respectueux des mesures exigées, de procéder sur place à un traitement du produit avant sa pesée. Dès cet instant, plusieurs opérateurs économiques, acheteurs de la noix de cajou ont été approchés par le délégué régional de la filière, pour la mise en œuvre de ces opérations d’achat groupé. C’est le cas de Diarrassouba Gninnassigué, secrétaire générale de la Société Coopérative des professionnels de l’anacarde de Katiola, représentant Soro Dramane président du comité de gestion, qui dit avoir effectué le déplacement sur invitation de Soro Nabala avec plusieurs opérations de ce genre qui ont été effectuées. « Notre société vise à garantir le prix fixé par le gouvernement sur le terrain. Nous avons acheté à ce jour plus de 10000 tonnes de produits à travers le territoire régional », a-t-il déclaré avant d’exprimer sa gratitude au délégué régional pour l’avoir associé à cette initiative. Au grand bonheur des planteurs, Diarrassouba Gninnanssigué a fait savoir que plusieurs autres séances sont prévues car selon lui, un grand stock de produits n’est encore écoulé dans la région.
À Arikokaha dans le département de Niakara, la vigilance et la fermeté du sous-préfet ont dissuadé les acheteurs véreux. A l’inverse de Katiola, à Niakara, il n’y a pas eu de vente groupée. Une autre difficulté qui fait l’affaire des mauvais acheteurs, est l’absence de coopératives de producteurs d’anacarde. Ce sont donc des chaque année des ventes individuelles qui sont organisées qui livre les producteurs au dictat de l’acheteur. A Arikokaha, une coopérative avait vu le jour il y a deux ou trois ans et avait suscité beaucoup d’espoir. Malheureusement elle n’a duré que le temps d’un feu de paille. Coulibaly Yérihta Maurice, l’un des initiateurs de cette coopérative a tancé du doigt l’égoïsme et l’individualisme de ses pairs producteurs. “Dans notre village, il sera difficile de créer une coopérative. Chacun lutte pour sa propre chapelle. Des gens pensent qu’en vendant leur produit à la coopérative, ils enrichissent ses dirigeants que nous sommes. Ils sont même prêts à vendre ailleurs à un prix moindre que celui pratiqué par la coopérative. Chez nous, c’est l’égoïsme et l’individualisme qui prévalent”, lance-t-il amer. Mais à Arikokaha, selon plusieurs témoignages, la vigilance et la fermeté du sous-préfet Pascal Karba ont permis de sauver les meubles. Ainsi, le prix bord champ fixé par le gouvernement a été rigoureusement le long de la campagne. Certains acheteurs véreux qui ont tenté d’en faire à leur tête, ont été rappelés à l’ordre par le commandant. Il en été ainsi dans la quasi totalité des villages et campement de la sous-préfecture d’Arikokaha.
Le regard des producteurs sur la campagne 2025
Dans le Hambol, la majorité des producteurs se disent satisfaits du bon déroulement de la campagne de l'anacarde 2025. Ils expriment leur reconnaissance au gouvernement ivoirien avec à sa tête le Président de la République Alassane Ouattara. «Quand c'est bon, il faut le reconnaître. Les campagnes passées ont été désastreuses pour nous au point où chaque année, de nombreux se retrouvaient avec de grandes quantités de noix de cajou invendues. Cette année, nous somme loin d'une telle situation. En plus de nous avoir donné un prix assez intéressant, (425 F CFA/kg), le gouvernement a enjoint les autorités locales à veiller au respect de ce prix indiqué. Dans notre zone, cela a été effectivement le cas. Nous avons donc mené une bonne campagne cette année. Je voudrais donc dire merci au gouvernement et au chef de l'État», a dit Keloh Touré, à Pékaha dans la sous-préfecture de Niakara. A Nangoniékaha, Koné Katinan ne dit pas autre chose. Lui également se réjouit de la présente campagne en émettant le vœu que les campagnes à venir soient tout aussi bonnes. «Je voudrais dire tout de suite merci au Président de la République Alassane Ouattara. Il est vrai que par le passé, nous avions trouvé qu'il nous avait abandonnés, nous les producteurs d'anacarde. Aujourd'hui, je ne vois pas un seul producteur tenir de tels propos. C'est la preuve que nous sommes tous satisfaits de la campagne 2025. Pour 2026, le rêve est permis. Peut-être arriverons-nous au prix de 500 F le kilogramme. Une chose est sûre, nous faisons confiance au chef de l'État. En attendant, grand merci à lui et que Dieu veille sur lui». Dame Coulibaly Kipoumtchin, productrice à Katiola a de la peine à cacher sa joie d'avoir réalisé une de ses meilleure campagne. «La campagne 2025 est l'une des plus belles pour moi. Au début, j'étais parmis ceux qui pensaient que le prix bord champ n'était pas suffisant. Mais dès l'ouverture effective de la campagne jusqu'à ce jour, on assiste à un respect scrupuleux du prix indiqué sur le terrain. Vous savez, on peut fixer le prix d'achat à 1000 F le kilogramme, mais si ce prix n'est pas respecté sur le terrain, vous ne ferez pas une bonne campagne. Cette année, grâce à plusieurs stratégies, notamment les ventes groupées et la vigilance des autorités, ce prix n'a pas varié. Je l'avoue, j'ai réalisé l'une de mes meilleures campagnes. C'est par le fait et vouloir du Président Alassane Ouattara. Moi je ne peux que lui traduire toute ma reconnaissance», dit-elle visiblement heureuse.
Au total, on peut dire que la campagne 2025 de la noix de cajou dans la région du Hambol, pour ce qui est des départements de Katiola et Niakara, est bien meilleure que celles écoulées. En optant pour les opérations de vente groupée et les coopératives et en misant sur l’implication effective des autorités administratives locales dans la surveillance du prix fixé par le gouvernement, il n’y a pas de doute que les paysans tirent le meilleur profit de leurs noix de cajou. En attendant, le conseil régional coton-anacarde, tout comme les opérateurs économiques acheteurs, les paysans, se réjouissent du bon déroulement des différentes opérations. Tous exhortent les producteurs au bon traitement de leurs stocks et surtout, à ne pas céder au chantage des mauvais acheteurs qui ne pensent qu’à s’enrichir sur leur dos.
AGNÈS KOUAHO CORRESPONDANT