Contribution, Soro Kanigui, Laurent Gbagbo, Korhogo,

Soro Kanigui a décidé de rompre le silence. Dans cette contribution, en sa qualité d’élu de la nation, il démonte les allégations de Nady Gbagbo selon lesquelles son époux aurait été séquestré et violenté à Korhogo.

Contribution, Soro Kanigui, Laurent Gbagbo, Korhogo,

J’avais voulu me taire après la sortie de Mme Nady Gbagbo... ! Parce que pour moi, quinze ans (15 ans) presque après la crise post-électorale de 2010,  les acteurs politiques devraient avoir l’obligation de semer les germes de l’amour et de la paix fraternelle dans le cœur des nouvelles générations innocentes à travers des discours d'apaisement et par-delà la partisannerie politique,  confesser la vérité.

Le courage de la vérité est parfois difficile mais sur les récentes crises de confiance au sein de la classe politique de notre pays, incarner la vérité est déjà le chemin de la conciliation avec la réconciliation nationale.

Mais je constate qu’une certaine classe politique s’entête à mentir et à manipuler notre jeunesse, exploitant même contre ceux qui se taisent pour que le pays avance, leur silence.

Quand la vérité garde le silence, le mensonge répété lui arrache sa toge pour s’imposer à l’opinion.

Venons-en au fait !

 

En 2010, quand les forces favorables au Président Alassane Ouattara avançaient vers Abidjan, surtout quand elles sont entrées à Yamoussoukro, Laurent Gbagbo est entré en contact avec Guillaume Soro pour négocier avec lui la préservation de sa vie s’il perdait la guerre.

 Ce jour-là, Guillaume Soro avait conseillé à Gbagbo la reddition plutôt que de vouloir négocier pour sa seule vie dans un contexte qui serait difficile à gérer. Néanmoins, Guillaume Soro en avait fait part au président élu, Son Excellence Alassane Ouattara ...

Pour éviter que mon texte soit trop long je vous épargne certains faits.

Quand le dernier rideau de défense de Gbagbo s’écroula, le Président Alassane Ouattara et Guillaume Soro soutenus par la Communauté internationale (CEDEAO, UA , ONU ) s’étaient accordés à sauver la vie du président Laurent Gbagbo tel qu’il l’avait négocié.

 

Pour atteindre cet objectif ils firent cesser les combats , sélectionnèrent les officiers supérieurs et les hommes qui devaient aller chercher Laurent Gbagbo , le président défait dans les urnes par le peuple du scrutin démocratique et dans la rue puisqu'il s'agissait là , de son option insurgée contre la République constitutionnelle ivoirienne.

 

 Ce n’est donc ni par courage, ni par l’intelligence de Laurent Gbagbo qu’il est encore en vie aujourd’hui, mais par la magnanimité et l’humanité du vainqueur qu’est le Président Alassane Ouattara et aussi de Guillaume Soro qui conduisait les opérations.

 

Je fais remarquer qu’en Libye le Président Kadhafi s’est retrouvé dans la même situation que Laurent Gbagbo mais n’a pas eu la même chance que ce dernier. Simplement en Côte d’Ivoire le vainqueur s’appelait Alassane Ouattara.

Si la situation était contraire vous et moi savons le sort qui serait réservé au Président Ouattara, à Guillaume Soro et à bien de combattants proches de Ouattara. Grâce à Dieu, grâce à Ouattara, le Président Gbagbo vit encore.

 

Cette chance, le Général Robert Guéi et son épouse ne l’ont pas eue. Même la cathédrale du Plateau n’a pas pu les sauver.

Gbagbo arrêté, il fallait le mettre à l’abri d’éléments incontrôlés et de personnes qui étaient des victimes du régime déchu. Les prisons détruites, dans une atmosphère d’euphorie, de folie et de désordre, il fallait trouver à Laurent Gbagbo un environnement maîtrisé, discipliné avec un commandant militaire qui contrôlait parfaitement sa troupe et obéissait scrupuleusement aux ordres.

C’est comme ça qu’à l’unanimité le commandement militaire des Korhogo fut acté.

 

A Korhogo il nous était tous interdits d’approcher la zone de détention de l’ex-président.

 

Personne ne pouvait accéder à Laurent Gbagbo sans autorisation de la présidence de la République et des forces de l’ONUCI.

 

Le Président Ouattara avait demandé que le médecin du prisonnier, le Dr Blé , également captif, soit détenu au même endroit que Laurent Gbagbo pour qu’il puisse continuer à le suivre avec la confiance de ce dernier.

 

Je vais profiter de cette lucarne pour vous expliquer une anecdote qui me paraît utile ici pour apprécier l'état d'esprit qui régnait au Nord en ce moment :

 

Quand les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) sont entrées dans la région du Gôh (Gagnoa), le chauffeur d’origine burkinabée du chef central du village de Gnaliépa, village de la mère du Président Laurent Gbagbo, le chef Dallys Moloko André, profitant du chaos, braqua le chef et sa famille et emporta de l’argent dont je ne révèlerai pas ici le montant et son véhicule 4X4 , puis disparu.

Le sage, déboussolé et traumatisé, informa son collègue de Mama le chef Ouraga Bertin. Ils informèrent l’honorable Abel Djohoré, l’actuel PCA de la SODEXAM, qui eût l’ingénieuse idée d’informer à son tour le délégué général des Forces Nouvelles des Savanes que nous étions à l’époque.

Avec le commandant militaire zone 10, le commandant Fofié Kouakou Martin, nous avons décidé de mettre à la frontière de Laleraba, un dispositif de surveillance au cas où le Burkinabé tentait de rentrer dans son pays avec les biens de notre chef. Soixante et douze heures  (72 h) après, le chauffeur du vieux se présenta au poste frontalier avec le véhicule bourré d’objets divers achetés avec une partie de l’argent du chef Moloko , notamment une nouvelle radio de grande marque. Il fut arrêté et conduit à Korhogo.

Le chef Moloko et le chef Bertin se déplacèrent pour venir à Korhogo accompagnés d'un gros car rempli de jeunes et de femmes de la région du Gôh pour venir récupérer à Korhogo le véhicule et les biens du chef de Gnaliépa.

Ils passèrent 3 jours à Korhogo. Pour leur accueil, j’avais pris le soin d’associer le chef de la communauté Bété et l’association Dida dont j’étais d’ailleurs membre et président d’honneur en ma qualité de fils adoptif de Guitry.

 

Le chef récupéra son véhicule et plaidant avec succès pour la libération de son ancien chauffeur. Ému,  il voulut faire une déclaration de presse pour rassurer l’ensemble de la communauté nationale sur l’acte qui venait d’être posé à Korhogo ,  et qui était un symbole fort d’espérance pour la paix nationale.

 Je lui rétorquai ce jour-là en ces termes : « Papa, je pense que les esprits ne sont pas encore préparés à un tel discours. Le Président Laurent Gbagbo est en ce moment même incarcéré à Korhogo. Et je sais que si vous êtes venu à Korhogo , accompagnés de papa Bertin avec un gros car rempli de jeunes Bété, ce n’est pas vraiment pour récupérer un simple véhicule. Je sais que vous voulez saisir cette opportunité pour voir le président ! ».

 

« Mon fils, vous êtes un devin !  » s’exclama le Chef Bertin Ouraga de Mama. « Mon papa, je n’ai pas besoin d’être un devin. C’est une question de bon sens.  Seulement, pour la sécurité du Président Gbagbo, le Président Ouattara a laissé des consignes fermes pour le protéger. Nous même n’avons pas facilement accès à lui. Pour le voir, il faut une procédure complexe impliquant la présidence de la République et les forces internationales onusiennes... » fis-je remarquer.

Tout de même je conduisis ce jour-là toute la délégation à la résidence du chef de l’État à Korhogo où le Président Laurent Gbagbo était en ce moment détenu. Ils descendirent tous des véhicules, s’approchèrent du mur de la résidence. Tous ensemble genoux à terre, se mirent à prier.

 

Pendant de longues minutes, un silence s’imposa et des larmes inonda la plupart des visages.  J’ai moi-même eu de la peine devant un tel spectacle qu'on aurait pu éviter après les résultats de la Commission électorale indépendante, de la certification onusienne , de la facilitation Burkinabé et par le plaidoyer des cinq ( 5) sages des cinq ( 5 ) régions de l'Afrique.

A la fin de cette visite, de retour à ma résidence, le chef Moloko me remercia du fond du cœur :

 

« Mon fils , j’avais dix ( 10 ) enfants ; mais pour ce que je viens de vivre à Korhogo, tu deviens le benjamin de mes enfants, mon onzième fils et je ne m’amuse pas. Nous allons retourner à Gagnoa, rassurés qu’au moins que notre papa et frère Gbagbo ne vit pas avec des serpents comme on nous l’a fait croire.  C’est vrai qu’on ne l’a pas vu, mais le bâtiment que nous avons vu et surtout ce que vous avez fait pour nous , montre bien que malgré la guerre, le Nord de notre pays n’est pas habité par ceux qu’on veut nous faire croire. On sent ici cette volonté de rendre possible la paix après et c’est ce sentiment qui nous comble aujourd’hui ».

 

 Le lendemain matin très tôt je laissais mes hôtes à Korhogo. Je me suis rendu à Abidjan pour répondre à l’appel du Premier Ministre Guillaume Soro qui voulait que je participe à une réunion au Golf hôtel pour le redéploiement de l’administration financière.

 À 38 km d’Abidjan, je fus malheureusement victime d’un grave accident de la circulation. Je fus admis à la Polyclinique internationale Sainte-Anne Marie (PISAM).

Le lendemain de mon accident quand les chefs Moloko et Bertin apprirent la nouvelle, ils étaient à l’entrée de Gagnoa avec leur forte délégation. Ils rebroussèrent chemin, pour rejoindre Abidjan avec toute la grande délégation pour être à mon chevet. Un acte de solidarité qui me marqua et qui montrait clairement que les propos et les sentiments partagés par les chefs lors de leur séjour à Korhogo étaient vraiment sincères et que les peuples de toutes les régions et de toutes les religions partageaient la fraternité vraie au-delà de la politique. Bref...

 

Cette longue anecdote parmi bien d’autres montre bien que le Président Ouattara et au-delà de lui les forces qui lui étaient fidèles avaient très tôt pris conscience de ce que ce qui se jouait était moins la chute ou la victoire du Président Ouattara ou du Président Gbagbo. C’était plutôt l’avenir de notre pays et la réconciliation nationale qui passait par la préservation de l’intégrité physique et mentale du Président Gbagbo prenait sa source dans la façon dont le victorieux organisait sa prise du pouvoir.

 Le Président Alassane Ouattara y attachait une importance cruciale et suivait avec intérêt tout ce qui touchait à l’ancien Président.

 

 Malheureusement les hommes de Laurent Gbagbo s’étaient versés depuis l’exil dans une campagne de manipulation et d’intoxication concernant le sort de leur leader à Korhogo.

 

Le Président ivoirien  dépêcha d’abord à Korhogo plusieurs délégations internationales dont ceux qu’on appelle les ELDERS africains pour constater que Laurent Gbagbo allait bien mais cela ne rassura pas les GOR (Gbagbo ou Rien).

 

Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara finit par décider à son corps défendant de remettre Laurent Gbagbo à la justice internationale pour lui garantir la sécurité et un procès équitable tel que le demandait ses partisans à l’époque !

 

Ils crièrent encore incompréhensiblement à la déportation !

 

Si Nady Gbagbo qui fait ses premiers pas en politique est fière aujourd’hui de dire que son époux, le Panafricaniste nouveau, très nouveau même, lui avait fait remarquer que la CPI (que Guillaume Soro l’allié d’aujourd’hui qualifie d’instrument au service de la prolongation du néocolonialisme et de l’impérialisme en Afrique) était administrée par des personnes civilisées, elle devrait avoir la décence de remercier le Président Alassane Ouattara qui avait supporté leurs critiques malsaines et incohérentes de l’époque en prenant cette décision difficile.

 

Pour finir, il est bon de rappeler à Nady Gbagbo que même au temps de la belligérance, à Korhogo le commandement a toujours été hospitalier.  Elle sait de quoi je parle. Un peu de décence républicaine sied.

Ce ne sont pas mes aînés Laurent AKoun et Jean Gervais Tchéidé qui diront le contraire, eux que nous avons souvent accueillis à Korhogo dans le cadre de différentes missions administratives ou politiques avec beaucoup d'hospitalité.

 

Nady doit se souvenir qu’en 2010, alors que la précampagne pour la présidentielle battait son plein et au lendemain d’un face à face historique à Korhogo entre le président Laurent Gbagbo et son challenger Alassane Ouattara, elle avait pris un hélicoptère avec moi à la demande du Premier ministre depuis l’INFAS de Korhogo pour aller à Ferké rencontrer la famille de Guillaume Soro au moment même où celui qui est devenu il y a quelques mois officiellement son époux était en meeting au stade municipal de Korhogo.

 

Un détail pour qu’elle se rappelle bien de moi, elle qui m’avait témoigné son admiration pour la qualité de notre hospitalité.

 

Non Nady, Djon Moussô, votre charmant époux n’a nullement été violenté à Korhogo et le Président Alassane Ouattara a tout mis en œuvre pour lui garantir la vie, la  sécurité, le traitement digne de son rang et le partage d'humanité  .

 

Voilà la vérité, la vraie !

 

Soyons justes et raisonnables !

 

Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !

 

Bonne semaine à toutes et à tous !