Côte d’Ivoire : Guérir les fractures invisibles pour consolider la gouvernance nationale
Concepteur du magazine « Le Trésorier », Norbert Kobenan est reconnu pour sa plume engagée, son sens de l’innovation administrative et son attachement à l’excellence du service public. Dans cette contribution, il invite à tourner les pages des rancœurs du passé pour ouvrir une nouvelle page pour la Côte d’Ivoire
Le pardon : fondement d’une architecture nationale de paix durable. « La rancune est une corde qui attache celui qui la tire. » — Sagesse africaine
Au-delà de son caractère spirituel, le pardon constitue un outil de stabilisation sociale. Il permet de neutraliser les héritages conflictuels qui continuent d’alimenter les perceptions de méfiance et d’injustice.
Il contribue notamment à réduire la polarisation, atténuer la transmission des ressentiments et faciliter l’adhésion aux initiatives nationales de cohésion.
Bienveillance citoyenne : un levier pour renforcer la confiance institutionnelle
La bienveillance constitue un actif intangible de gouvernance. Dans une société où l’incivisme, la violence digitale et les comportements irresponsables progressent, elle joue un rôle de variable de régulation essentielle.
Elle réduit les coûts sociaux, renforce la légitimité institutionnelle et apaise les interactions publiques, évitant à l’État de recourir à des modèles coercitifs lourds.
« Une maison où l’on ne se salue plus s’effondre avant que le toit ne tombe. » — Sagesse akan
Corruption, cupidité, jalousie sociale : les facteurs endogènes de vulnérabilité nationale
Ces forces corrosives sapent la gouvernance et minent le climat social. Elles érodent la confiance, affaiblissent les mécanismes institutionnels et créent une compétition destructrice.
La corruption agit comme une termite institutionnelle ; la cupidité, comme un accélérateur d’inégalités ; la jalousie sociale, comme un frein à l’émergence d’un leadership collectif.
Pour une refondation morale inscrite dans la gouvernance
La prochaine étape du développement ivoirien requiert une transformation qualitative du comportement social. Cela implique un renforcement de l’intégrité publique, une communication institutionnelle tournée vers la pédagogie sociale, ainsi que la responsabilisation des leaders communautaires et éducatifs.
« Une nation ne se maintient que par la qualité de ce qu’elle exige de chacun. » — Sagesse mandingue
La vertu comme infrastructure immatérielle du développement
Les défis sécuritaires, économiques et institutionnels de la Côte d’Ivoire ne pourront être surmontés sans une réhabilitation structurée des valeurs fondamentales : pardon, bienveillance, intégrité, équité et responsabilité.
Revenir à la vertu n’est pas un retour en arrière, mais un investissement stratégique dans la durabilité des institutions et la stabilité nationale. Le pays dispose des capacités de cette refondation. Il doit désormais en assumer l’ambition.
Par Norbert KOBENAN
