Electricité : La Côte d’Ivoire rejoint le cercle restreint des pays africains les plus électrifiés
Moins de 30 jours de coupure par an. Ce chiffre place désormais la Côte d’Ivoire parmi les six pays africains les plus performants en matière de continuité de service électrique, aux côtés du Maroc, de l’Algérie, de l’Afrique du Sud, de l’Égypte et de la Tunisie. Ces nations ont su sortir leur population du noir, là où de nombreux autres pays du continent enregistrent encore plus de 20 jours de coupure par an.
Ce résultat n’est pas le fruit du hasard. Depuis plusieurs années, le gouvernement ivoirien s’est engagé à faire de la Côte d’Ivoire l’un des premiers marchés énergétiques d’Afrique subsaharienne à l’horizon 2030. Pour y parvenir, il a mis en œuvre une série de réformes sectorielles entre 2016 et 2023, dont l’adoption de la loi n°2014-132 du 24 mars 2014 portant code de l’électricité.
Cette loi énonce que les activités de production, transport, distribution, importation, exportation et commercialisation de l’énergie électrique ne relèvent plus du monopole de l’État, mais sont désormais considérées comme des services publics ouverts à la concurrence. En revanche, le dispatching, qui consiste à maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande, reste un monopole d’État, pouvant être concédé à un opérateur unique.
Les efforts de l’Etat en matière de renforcement du cadre de gouvernance ont permis d’enregistrer des progrès aussi bien au niveau de l’extension de la capacité de production à travers des investissements massifs, qu’au niveau de l’équilibre financier du secteur.
Le parc de production est constitué de sept barrages hydroélectriques (Ayamé 1, Ayamé 2, Kossou, Taabo, Buyo, Fayé et Soubré), de cinq centrales thermiques (Vridi 1, CIPREL, Azito, Aggreko et Karpower) et d’une centrale solaire à Boundiali. Ces investissements ont fait progresser la capacité de production en électricité qui est passée de 1 391 mégawatts (MW) en 2011 à 2 907 MW en 2023, soit une croissance de 89,2% sur la période dont 879 MW pour les barrages hydroélectriques, 1 998 MW pour les centrales thermiques et 30 MW pour le solaire.
Par ailleurs, le renforcement des infrastructures de transport et de distribution a permis au secteur de disposer en 2023 de 28 016 km de lignes basse tension (BT), de 33 270 km de lignes moyenne tension (MT) et de 7 552 km de lignes haute tension (HT).
Renforcement de l’électrification
Au niveau de l’accès à l’électricité, la poursuite du Programme National d’Electrification Rurale (PRONER) a permis l’électrification de 4 165 localités rurales de 2017 à 2023, faisant passer le nombre de localités électrifiées de 3 887 en 2017 à 8 052 à fin 2023. De 2011 à 2025, ce sont au total 8690 localités qui ont été électrifiées. Le taux de couverture calculé sur la base du RGPH 2014 a évolué de 45,63% en 2017 à 88,14% à fin 2023 avec 97% de la population ayant accès à l’électricité.
À la faveur de l’opérationnalisation du Programme Electricité Pour Tous (PEPT), ce sont 1 738 457 branchements qui ont été réalisés de 2014 à 2023.
Réduction du temps moyen de coupure
Avec la mise en œuvre du Projet de Développement et de Réhabilitation du Réseau Electrique de Côte d’Ivoire (PRODERCI), le rendement global du système électrique s'est considérablement amélioré pour passer de 78,78% en 2015 à 84,99% en 2023. Les investissements ont permis de réduire le temps moyen de coupure d’électricité qui est passé continuellement de 44 h 38 mn en 2015 à 17 h 54 mn en 2021.
La production brute d’électricité connait une hausse continue depuis 2018, passant de 7125 GWhs à 13 345 GWhs en 2023. La production est principalement portée par les centrales thermiques (75,84%) et les centrales hydroélectriques (23,98%). La production de l’énergie solaire est quasi marginale (0,18%) à fin 2023. La première centrale solaire, d’une capacité installée de 30 MW, a été mise en service en septembre 2023.
De bonnes perspectives
Malgré ces résultats encourageants, le gouvernement ivoirien n’entend pas baisser les bras. Bien au contraire, il se projette sur les 5 ans à venir. Il envisage ainsi le développement du secteur qui sera adossé à un plan d’investissement à l’horizon 2030 qui permettra de faire face à la demande dont la croissance annuelle moyenne est de 8%. Ce plan prévoit la construction de divers ouvrages de production, transport et distribution. En ce qui concerne la production, le secteur prévoit, avant 2030, la mise en service de centrales solaires à Boundiali (phase 2), à Bondoukou, à Ferkessédougou, à Katiola, à Kong, à Tongon, à Touba et Laboua, à Odienné, à Korhogo et à Tengréla augmentant ainsi la puissance installée de +537,5 MW. Il est aussi prévu la mise en service d’une centrale à biomasse d’Aboisso (46 MW) ; des centrales thermiques de Songon (358 MW) et de Jacqueville (774 MW) ; des centrales hydrauliques de Singrobo-Ahouaty (44 MW) et de Boutoubré (140 MW).
Le mix énergétique actuel est de 69% thermique et 31% renouvelable. Il devrait être porté à 55% thermique et 45% renouvelable en 2030. La capacité installée du parc de production prévue en 2030 est de 4 463 MW contre 2 907 MW à fin 2023. Les taux de couverture et d’accès seront de 100% au plus tard en 2030. La qualité de l’électricité fournie en Côte d’Ivoire sera améliorée. Le Temps Moyen de Coupure (TMC) prévu en 2030 est 4 heures en nette amélioration comparée au temps le plus bas de 16.4 heures de coupures enregistré en 2020.
Le rendement global prévu en 2030 est de 88% contre 85,99% en 2023 soit un gain de 2,01 points correspondant à une hausse de 2,3%.
Thiery Latt
