Emerse Faé (Sélectionneur Côte d'Ivoire) :  « Si on veut que la Côte d'Ivoire gagne, il faut qu'on avance ensemble main dans la main »

Le sélectionneur de la Côte d’Ivoire a dévoilé, le vendredi 27 septembre 2024, la liste des vingt-cinq joueurs pour la double confrontation contre la Sierra Leone, les 11 et 15 octobre prochains, pour le compte des 3ème et 4ème journées des qualifications de la Can Maroc 2025. Emerse Faé en a profité pour se   prononcer sur la progression de son groupe, sur les choix de certains joueurs, ses attentes par rapport au public. Le technicien ivoirien a surtout appelé l’ensemble des acteurs à unir leurs forces et à donner des ondes positives à l’équipe nationale.

Emerse Faé (Sélectionneur Côte d'Ivoire) :  « Si on veut que la Côte d'Ivoire gagne, il faut qu'on avance ensemble main dans la main »
Le sélectionneur Faé invite à l'instauration d'un environnement sain autour de l'équipe nationale (Ph DR)

Niveau de progression de l’équipe

C’est difficile de donner de donner des chiffres quand on parle de progression. On est conscient et surtout content parce que le groupe avance bien, le groupe avance comme on le souhaite. On l’a déjà dit, on veut avoir une équipe qui fait peur, une équipe a la maitrise des matchs. Sur les deux derniers matchs, on avait la maitrise avec beaucoup d’occasions. On va profiter de ce stage pour travailler sur la finition. On aurait pu gagner ces deux matchs par des scores plus larges si on avait été efficaces. La progression est bonne comme on le souhaite.

 

Sortie du formateur d’Ousmane Diomandé

Quand vous êtes sélectionneur, il faut accepter les critiques. Ça fait partie du job. Après, ce qui m’a dérangé, c’est quand vous vous attaquez aux joueurs. Les joueurs qui ont été attaqués évoluent avec Ousmane Diomandé. Je pense que ça peut mettre Ousmane dans une position délicate. On part du principe que si son formateur a eu de tels propos, il pourrait – on n’a pas de certitude – avoir discuté avec son jeune joueur, ce qui pourrait mettre un peu d’huile dans le groupe. 

Comme je l’ai dit, on se bat tous les jours pour que le groupe fonctionne bien, pour que le groupe marche bien, aussi bien sur le terrain qu'en dehors du terrain. Le groupe avance comme nous on le veut. Et c'est franchement dommage que des Ivoiriens aujourd'hui se lèvent, avec des propos de telle nature. On est tous dans le même bateau, que ce soit les joueurs, le l'encadrement, les journalistes. Je pense que pour le bien du football ivoirien, on a plus besoin d'avoir des présidents qui nous encouragent et qui nous poussent à aller de l’aller de l’avant. Comme j'ai dit, les critiques, on les prend. J'ai aucun problème avec ça mais si on pouvait se contenter de critiquer l'entraîneur et de ne pas toucher aux joueurs, pour le bien du football ivoirien ce serait ce serait mieux.

 

Le choix des adversaires, Guessand et turn-over au niveau des gardiens

Evann Guessand ne marque pas ? Je pense que le week-end dernier, il a marqué et délivré deux passes décisives. Donc je sais pas de quel match vous parlez, comme vous dites qu'il ne marque pas. 

En fait, le tirage au sort de des qualifications de la CAN est lié au classement FIFA. Donc si on est bien classé au classement FIFA, c'est normal qu'on affronte des équipes qui sont moins bien classées que nous. J'ai vu des matchs ou le Sénégal a joué contre le Burundi et gagné dans les dernières minutes 1-0 sur un penalty. J'ai vu de grosses équipes se faire accrocher par des équipes qui étaient largement à leur portée. Donc, nous notre objectif, c'est de se qualifier pour la prochaine CAN, quel que soit l'adversaire qu'on nous donne, on va pas on va pas appeler la CAF et leur dire que l'adversaire que vous avez donné là n'est pas assez bon et qu'on veut un adversaire fort. On prend ce qu'on nous donne. Ce n'est pas nous qui imposons les règles pour les tirages au sort pour les groupes de qualification. On fait avec ce que le calendrier de la CAF dit et on essaie de gagner tous nos matchs pour rester en haut au niveau du classement FIFA et de continuer à faire partie des équipes tête de série dans les différents tirages au sort.

S'agissant du turn-over pour les gardiens de but. On est dans un système de championnat ou on fait jouer les plus méritants. On n'est pas là pour faire plaisir aux joueurs et pour faire tourner. Ce ne sont pas des matchs amicaux, ce ne sont pas des matchs de quartier non plus. Donc, on essaye de présenter les meilleures équipes à chaque match.

 

Le retour de Bailly, Kamara, Kouassi, Haller

 

Eric Bailly, ça faisait quelques mois qu'il était compétitif et qu'il était performant en club. Après il y a une forte concurrence au niveau de ce poste qui fait qu'on n'a pas eu l'opportunité de le rappeler. Aujourd'hui, on a le forfait de Willy Bolly et celui d'Odilon Kossonou, qui n'est pas un forfait physiquement mais il est en intégration. Il vient d'arriver à Bergame et il a besoin d'un peu de temps pour s'intégrer, s'installer pour être compétitif très rapidement parce qu'ils ont des gros matchs qui vont arriver. Donc c'était pour nous l'opportunité de donner la chance Éric parce qu'il le mérite. Comme on a dit que les critères de sélection étaient d'être performants et à 100% physiquement, il répondait aux critères. La concurrence a fait qu'il y avait une fenêtre pour le rappeler. On a profité de cette fenêtre. C'est pareil pour Evrard Kouassi. Il est intéressant en club, il est compétitif, il joue, il a enchaîné depuis sa blessure contractée juste avant la CAN. On a voulu aussi profiter de l'absence de Simon Adingra pour appeler un joueur qui, à chaque fois qu'il est venu en sélection, a été il a été décisif. Il a toujours un bon état d'esprit donc il remplissait aussi les critères de sélection.

Pour Hassane, on a beaucoup réfléchi par rapport à ce choix parce qu'on sait depuis quelques semaines que Ghislain Konan malheureusement n'est pas en forme parce qu'il n’a pas de club. On se devait de trouver un deuxième joueur, au poste de latéral gauche. Sur le dernier rassemblement on avait essayé de partir avec Abackar Sylla qui n’est pas un spécialiste du poste mais qui peut dépanner. Compte tenu de cette fenêtre, de l'adversaire, on a voulu assurer tous les postes et partir au minimum avec deux joueurs par poste. On avait le choix sur la jeunesse d’Akpa Clément qui fait un bon début de saison avec Auxerre ou l'expérience de Kamara qui, aussi, fait un bon début de semaine avec Udinese. On est parti sur le joueur qui a plus d'expérience. Ça a été un choix du staff de partir sur Hassane.

 

Ce qu’il sait de la Sierra Leone

On a toujours une idée des équipes qu'on va affronter et sincèrement, pour avoir suivi leurs deux premiers matchs de qualification, j'ai trouvé que c'est une équipe qui était peut-être la plus structurée des trois autres équipes du groupe. Tactiquement c'est l'équipe qui a été bien en place, qui respecte son système, qui a un couloir gauche très intéressant avec ce joueur offensif capable de faire pas mal de différence. C'est une équipe qui impose aussi le combat physique. Donc, contrairement à ce que certains peuvent dire, ce sera un match difficile. Après bien sûr sur le papier, on est favori. Ça, il n'y a pas de débat dessus mais comme je l'ai aussi dit, si vous regardez les deux premiers matchs, il y a eu des surprises. Il y a le Ghana aussi qui a été accroché par le Niger. Donc, on va essayer d'être le plus sérieux possible pour gagner. Et comme je l'ai dit, l'objectif de ce stage, c'est se qualifier dès la quatrième journée pour la prochaine CAN.

 

Le message aux joueurs non sélectionnés

On a on a une liste de 70 joueurs qui sont sélectionnables. Si on pouvait tous les prendre aussi on les prendrait tous mais malheureusement, on a 25 joueurs à sélectionner. A un moment donné, on doit faire un choix. Dans ces 70 joueurs, il y a plus de 50 qui répondent aux critères de sélection. Ça veut dire que même parmi ceux qui méritent d'être sélectionné, on doit encore faire un choix. Et prendre un sur deux. Il n'y a pas de message si ce n'est qu’il faut continuer, même pour ceux qui sont sélectionnés, à être performant en club, à être en bonne santé, en bonne condition physique pour venir en sélection. C’est valable pour tout le monde.

 

L’absence de joueurs locaux

Les listes dépendent de la forme de chacun, je me souviens aussi que j'avais déjà parlé de cette situation là sur les joueurs locaux. J'avais dit qu’on ne sélectionnerait pas de locaux juste pour la forme. On sélectionnerait les locaux s’ils faisaient partie des meilleurs à leur poste. Aujourd'hui, le championnat a repris depuis une journée. On a quatre équipes qui ont joué les qualifications pour les différentes coupes africaines. Donc, on va dire qu'il y a des joueurs peut-être qui auraient pu être sélectionnés parmi ces équipes-là. On aimerait aussi sélectionner des locaux mais ces sélections se feront qu'au mérite et en fonction de la concurrence.

 

Attentes par rapport au public

Depuis la CAN, on est devenu exigeant. On veut qu'à chaque match de la Côte d'Ivoire, surtout quand c'est à la maison, quel que soit l'endroit, quel que soit le stade, quelle que soit l'heure, quel que soit le jour, quelle que soit la météo, on veut que le stade soit rempli, que nos supporters nous encouragent, qu’ils nous donnent de la force. Le public doit jouer le rôle de 12e homme quel que soit le scénario du match. On veut vraiment que le public soit avec nous, derrière, on veut jouer dans une grosse ambiance. On a aujourd'hui la chance d'avoir de très bons stades, de très bonnes pelouses. Et ça se conforte à chaque fois qu'on joue à l'extérieur. Maintenant qu'on a tout ce qu'il faut pour faire de gros matchs, il faut que tout le monde joue son rôle. Nous, sur le terrain, on essaie de jouer notre rôle. Le gouvernement a joué son rôle en nous mettant à disposition de bonnes infrastructures. Il ne manque plus que les supporters, on leur demandera, à chaque match à domicile, d'être avec nous, de mettre de l'ambiance dans le stade et de nous donner encore plus de force.

 

Un plan défini avant la Sierra Leone

 

On fait la liste par rapport à ce qu'on veut, par rapport à ce qu'on va mettre en place et de comment on va jouer. Après, tout peut changer ! On peut arriver sur la semaine d'entraînement, essayer ce qu'on avait prévu et puis se rendre compte que ça ne fonctionne pas ou se rendre compte qu’il y a peut-être un joueur qui est plus en jambe que celui qu'on avait imaginé au départ. On part toujours avec une idée et puis après on essaie d'adapter, d'ajuster par rapport aux entraînements, par rapport à la forme de chacun.

Par rapport au groupe, c'est plus important pour nous, c’est toujours de faire une équipe avec des joueurs qui soient complémentaires et qui puissent jouer les uns avec les autres, le plus facilement, le plus rapidement possible aussi. Parce qu'on n'a pas beaucoup de temps pour préparer les matchs.

Il y a aussi un élément supplémentaire qui rentre en ligne de compte, c'est que sur le deuxième match, on va jouer sur un terrain synthétique. On a des joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats qui n'ont plus l'habitude de jouer sur des terrains synthétiques. Il faudra aussi tenir compte de cet élément quand on fera l'équipe.

 

L’appel de Faé aux journalistes

 

De la même manière dont on a besoin des supporters, on a aussi besoin des journalistes. Vous êtes aussi importants dans la chaîne. Vous avez aussi votre rôle à jouer. C'est vrai qu’on peut accepter les critiques quand les choses ne fonctionnent pas, après on aimerait qu'on ait un peu plus de solidarité entre vous et nous. Surtout quand les choses marchent. Ne soyez pas toujours en train de chercher la petite bête, essayer de nous donner de la force, de nous encourager aussi parce que de notre côté, on fait toujours tout notre possible pour que pour que la Côte d'Ivoire gagne.

Parfois, on a quand même le sentiment que certains ne jouent pas le jeu avec nous. Mais on n'est pas en guerre, on est tous Ivoiriens, on a tous envie que la Côte d'Ivoire gagne. Et si on veut que la Côte d'Ivoire gagne, il faut qu'on avance ensemble main dans la main. Comme je dis, aujourd'hui on a la chance d'avoir de beaux stades, des belles infrastructures. On a la chance de depuis la CAN d'avoir de bonnes ambiances quand on joue à domicile. Donc, il faut jouer votre rôle, aidez-nous aussi, soyez avec nous, soyez derrière nous et puis je pense que la Côte d'Ivoire continuera à avancer, à grandir.

Propos recueillis par OUATTARA GAOUSSOU