Face aux lamentations des pays pauvres à la COP 29 - Sénateur Allomo : ‘’Nous devons nous remettre en cause’’

Face aux lamentations des pays pauvres à la COP 29 - Sénateur Allomo : ‘’Nous devons nous remettre en cause’’

Face aux lamentations des pays pauvres choqués par la faiblesse de l’enveloppe dégagée par les pays industrialisés pour la lutte contre le changement climatique dont ils sont, en grande partie, responsables, le sénateur Allomo Paulin tire la sonnette d’alarme et interpelle la conscience des nations sous-développées. Ci-après l’intégralité de sa déclaration.
‘’A la Cop 29 qui s’est tenue à Baku, en Azerbaïdjan, pendant plusieurs jours, les pays en développement attendaient au moins 1300 milliards de dollars pour faire face aux conséquences des changements climatiques et se préparer à changer de paradigmes pour que les activités de l’homme aient moins d’impact sur l’environnement. Las ! Ils n’ont pu obtenir que 300 milliards de dollars (1/4) qui leur seront alloués, chaque année, jusqu’à 2035, pour lutter contre le réchauffement de la planète. Trop peu, trop tard ? Sans doute. Parce que les enjeux sont énormes. Il s’agit rien moins que de la survie de l’humanité. Et que pourront changer 300 milliards de dollars là où les pays en développement attendaient quatre fois plus ? A Adjamé, on aurait dit que c’est de la ‘’foutaise’’. 
Le plus triste dans l’histoire, c’est que les pays les plus pollueurs se trouvent être les pays développés qui sont responsables des changements climatiques et ce sont eux qui refusent de mettre la main à la poche substantiellement pour ‘’réparer’’ le préjudice subi par la planète. Logiquement, ils devraient prendre le lead de la lutte contre les changements climatiques causés, entre autres, par la déforestation, l’exploitation du pétrole, des sols, etc. Or, les pays développés doivent justement leur développement au charbon, au pétrole et autres énergies fossiles. Toute chose qui a conduit, pour partie, à la destruction de la couche d’ozone due à l’augmentation des gaz à effet de serre qui est à la base des déréglementations climatiques (chaleur élevée, tempêtes ou cyclones récurrents, inondations, désertification, etc.). 
En clair, les pays développés demandent aux pays en voie de développement de tourner le dos à ce qui a favorisé leur développement afin de lutter contre les changements climatiques. Mais, en retour, qu’est-ce que les seconds ont reçu ? Des ‘’broutilles’’ lors de la Cop 29. Parce que 300 milliards de dollars, ce n’est rien pour tous ces pays qui attendaient cette grande rencontre avec beaucoup d’espoir et qui ont dû batailler dur pour avoir la somme souhaitée à l’effet de mener la lutte. Mais, au final, ils sont dépités. Désillusionnés ! 
Cependant, faut-il continuer à se plaindre ? Non ! Le temps est venu de passer aux actes et d’arrêter les complaintes qui ne nous mèneront nulle part. Les Africains et les autres doivent se remettre en cause pour une véritable prise de conscience capable de nous faire sortir de l’ornière. Ceci demande : 
1-De prendre conscience de notre position dans le nouveau monde. Qui nous sommes ?
2-Par quel moyen allons-nous sortir de cette situation
Nous ne sommes pas moins intelligents que les gens du Nord. Nous sommes simplement moins outillés par notre manque d’audace. 
En effet, le résultat de la COP 29 démontre clairement que le monde est divisé en deux blocs : celui des dominés que nous sommes et celui des dominants que sont les pays développés. Et la clé de leur domination est la détention de la technologie qui leur permet de transformer tout ce que la nature nous offre. L’acquisition de cette science passe obligatoirement par la formation, et la formation s’acquiert évidemment dans les écoles. C’est pourquoi tous nos gouvernants doivent privilégier le développement des écoles pour former les futures élites qui maitriseront la technologie pour transformer nos matières premières. Le tout, dans un environnement de paix
3-Nous devons prendre conscience que l’union fait la force. Loin des micro Etats qui produisent des micro idées. C’est le cela que les outils comme la CEDEAO et autres sont nécessaires.    
Pour prendre le cas de la Côte d’Ivoire, le président Houphouët-Boigny nous a montré la voie lorsqu’il a décidé ‘’d’ivoiriser’’ l’administration ivoirienne. Il a mis en place un vaste programme de formation de la jeunesse ivoirienne en passant par ce qu’on a appelé ‘’l’aventure 46’’ mais, qui a résulté d’une prise de conscience de la part de ce grand homme. A savoir que le développement de la Côte d’Ivoire ne pouvait être assuré que par des Ivoiriens. Et, progressivement, s’est mise en place une élite, une intelligentsia ‘’made in Côte d’Ivoire’’ qui a pris la place des coopérants français, togolais, béninois et tutti quanti. L’autre cas patent a été la création de grandes écoles comme l’ENSTP, l’INSET, l’IAB regroupés aujourd’hui à l’INAHP, à Yamoussoukro. Des écoles qui ont produit de hauts cadres de la technologie dont, entre autres, Robert Beugré Mambé, Patrick Achi, Ahoua Don Mello, Amédé Kouakou. En plus, le président Houphouët-Boigny a impulsé le développement informatique. A l’époque, le slogan était ‘’l’avenir appartient à la science et la technologie’’. Quelle vision ! C’est cela que le président Alassane Ouattara s’évertue à perpétuer à travers tous les dispositifs mis en place, visant à encourager l’excellence dans tous les domaines. On parle de plus en plus de champions nationaux et de startups. 
Imaginons un peu si nous, Africains, qui avons les matières premières qui ont développé les Américains, les Européens, nous nous approprions la technologie, ce serait une véritable révolution qui serait en marche. Assurément. Alors, il ne reste plus qu’une chose et une seule, former nos enfants, les jeter dans le grand bain pour qu’ils apprivoisent et domptent la technique et la technologie qui ont propulsé les pays développés dans les ‘’hautes sphères’’ du développement. Ce n’est pas de la magie. Parce qu’il ne faut pas se voiler la face, les autres ne nous donneront jamais suffisamment de moyens pour nous développer. Car, notre bonheur viendra de nous-mêmes et de personne d’autre. La Cop 29 en est l’illustration la plus achevée. 
Les pays pauvres sont donc prévenus. Ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Cela passe, faut-il le répéter, par une véritable remise en cause. Les ‘’Dragons d’Asie’’ (Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Hong Kong) nous montrent aussi la voie. Ils ont pu s’affranchir du rapport de dominants à dominés en apprivoisant la technologie. Les exemples sont légion. L’Afrique ne peut faire autrement pour son développement’’. 


Allomo Paulin
Sénateur