Indiscipline aux législatives : le coût caché d’un mauvais jeu
Dr Kalilou Coulibaly, analyste politique, donne dans cette contribution son point de vue sur les candidatures indépendantes aux élections locales.
L’indiscipline observée lors des législatives n’est pas un simple accident militant. C’est un échec de coordination, au sens strict de la théorie des jeux.
Trop d’acteurs ont joué des stratégies individuelles dominantes candidatures dissidentes, calculs locaux, démonstrations de force dans un jeu qui exigeait une stratégie collective. Le résultat est connu : gains privés immédiats, perte collective différée.
Dans un parti de gouvernement comme le RHDP, une élection ne se joue pas contre ses propres militants. Ce n’est pas un jeu à somme nulle, mais un jeu répété, où chaque acte d’indiscipline produit des effets durables.
Tout acte d’indiscipline renchérit le coût de l’action collective : arbitrages internes plus sévères, sanctions symboliques, climat de suspicion et affaiblissement du discours national.
Ainsi, l’indiscipline n’a pas seulement entraîné une perte de sièges. Elle a surtout érosé la confiance et l’image du chef, la ressource centrale de l’organisation politique du parti.
Le candidat optimal futur : minimiser les coûts, maximiser l’unité
Dans ce contexte, le candidat optimal futur n’est ni le plus bruyant ni le plus pressé. C’est celui qui minimise les coûts de coordination et maximise la crédibilité de l’engagement collectif. En théorie des jeux, on parlerait d’un équilibre de coordination : un profil capable d’aligner les attentes des barons, des élus locaux, de l’appareil et des partenaires externes sans déclencher de stratégies de défection.
Ce profil présente quatre caractéristiques clés :
1. Prévisibilité : il réduit l’incertitude stratégique, donc les candidatures parallèles.
2. Neutralité relative : il n’ouvre pas de fronts internes inutiles.
3. Capacité d’arbitrage : il distribue des gains différés (positions, influence) plutôt que des promesses immédiates intenables.
4. Crédibilité institutionnelle : il rassure l’État, l’économie et l’international.
Ce n’est pas un héros. C’est un coordonnateur. Dans un parti de masse, le charisme divise quand la coordination rassure.
Pourquoi l’objectif RHDP doit primer sur l’enjeu individuel
L’erreur des législatives fut de confondre enjeu local et objectif national. Or, dans un jeu hiérarchisé, l’objectif visant l’unité et la continuité doit dominer l’enjeu pour un siège, une revanche, une visibilité.
Quand l’enjeu prend le pas sur l’objectif, le jeu devient non coopératif, et chacun perd à moyen terme même le gagnant apparent.
Le RHDP est bâti sur une logique d’agrégation. Sa force historique tient à la discipline rationnelle, incarnée par Alassane Ouattara : faire primer la stabilité sur l’ego, l’objectif sur l’instant. Abandonner cette hiérarchie, c’est transformer une machine de victoire en collection de calculs courts.
Leçon finale
Après l’indiscipline, la leçon est simple et sévère : le prochain leader doit être un point focal, pas un point de fracture. Celui qui garantit l’unité n’est pas celui qui gagne seul, mais celui qui empêche les autres de perdre ensemble. En politique comme en théorie des jeux, la meilleure victoire est celle qui rend la l’independant inutile.
Dr Kalilou Coulibaly, sciences de gestion. Analyste politique
