Législatives 2025 : PDCI-RDA, la descente aux enfers
Il n’y a l’ombre d’aucun doute. Le PDCI-RDA est en chute libre sur l’échiquier politique national. Les législatives du 27 décembre dernier confirment, avec acuité, cette tendance déclinante du plus vieux parti politique de Côte d’Ivoire. Au fil des ans, son poids électoral s’étiole, et tel un mastodonte aux pieds d’argile, le PDCI-RDA s’affaisse, et l’écroulement n’est pas plus une vue de l’esprit. Mais bien, une réalité qui point à l’horizon.
Le constat est implacable, et les chiffres le démontrent clairement : d’une soixantaine de députés lors de la législature 2021-2025, le parti de Tidjane Thiam - un président fantôme - n’en comptera, pour les cinq prochaines, qu’une trentaine dans l’hémicycle. Soit une régression spectaculaire d’environ 50%. Autrement dit, cette formation politique, qui a perdu de sa superbe depuis la mort d’Houphouët-Boigny, son fondateur, a perdu en ce laps de temps, quasiment la moitié de ses députés dans la chambre basse du Parlement. Tous ont été battus, sans ménagement. Soit, pour la plupart, par des candidats du RHDP; soit, par des indépendants dont certains sont totalement inconnus du grand public.
Et dans cette dégringolade, des barons du PDCI ont perdu totalement pied. Ainsi, dans le district autonome d’Abidjan, Aby Raoul (à Marcory) et Augustin Dia Houphouët Yohou ( à Yopougon) ont été terrassés. Le premier et son colistier, par le duo Tchagba Bougui Laurent - Yves Monney du RHDP, quand le second et la liste qu’il conduisait étaient défaits par la liste RHDP dont le fer de lance était le président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo.
Mais, c’est dans le pays profond, la chute libre du PDCI est très perceptible. A l’ouest du pays, ses bastions se sont écroulés comme un château de cartes, avec les déconvenues remarquées de Simon Doho, le président du groupe parlementaire PDCI, dans la circonscription 087 (Beoue-Zibiao, Blenimeouin, Dieouzon, Guinglo-Tahouake et Zeo, communes et sous-préfectures) où il a été défait par le jeune Mathurin Dehourou Bohouo; de Denis Kah Zion à Toulepleu commune et sous-préfecture, dominé par la ministre d’Etat Anne Désirée Ouloto; de Kouamé Kouassi Patrice et de son colistier à Yamoussoukro où ils ont mordu la poussière devant le tandem Augustin Thiam- Souleymane Diarrassouba du RHDP; ou encore du Pr Alphonse Djédjé Mady désillusionné à Nahio et Saïoua, communes et sous-préfectures... Sans oublier son revers prévisible à Dougroupalegnoa, Doukouyo, Gnagbodougnoa et Serihio, communes et sous-préfectures, Gagnoa, sous-préfecture où un indépendant, Moussa Konaté, a supplanté à la fois le candidat officiel du PDCI-RDA, Yao Kouamé René, et le Prof Maurice Kakou Guikahué, contraint d’être indépendant en raison du refus de son parti de lui accorder son investiture. Même si le PDCI a résisté à ce tsunami électoral dans quelques circonscriptions notamment dans la région de l’Iffou ( Daoukro, Ouellé, Prikro), il n’en demeure pas moins qu’il a considérablement dégringolé lors de ces législatives. De toute évidence, le PDCI-RDA, déjà en chute libre depuis quelques années, paie donc au prix fort la gouvernance cahoteuse de son premier responsable, Tidjane Thiam, coupé des réalités du pays, et qui, tel un pilote à la dérive, navigue à vue. Aujourd’hui, le PDCI n’existe plus, en termes d’élus, au nord du pays, et son territoire s’est considérablement effrité à l’ouest et à l’est du pays. Son seul bastion - auquel il s’accroche désespérément à l’image d’un naufragé agrippé à un radeau - n’est plus que le centre de la Côte d’Ivoire, dans l’Iffou, quelques localités du Bélier, du Gbêkê (Béoumi) et du N’zi (Bocanda). Une zone de confort - manifestement son dernier retranchement - où il se confine désormais, tout en n’ayant aucune certitude de la contrôler encore dans quelques années, face à l’expansion fulgurante du RHDP et l’émergence de cadres sans étiquette politique.
Quand la session parlementaire ouvrira ses portes, en janvier, le drapeau vert sera noyé dans une marée orange qui nappe, petit à petit, l’Assemblée nationale. Signe évident, si besoin en est, d’un déclin inéluctable du PDCI. Qui, à cette allure, risque de devenir un parti politique sans réelle épaisseur dans le paysage politique national.
Y. Sangaré
