Man - Présidentielle 2025 : Des ex-combattants appellent à des élections sans violence

À quelques semaines de l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre 2025, la Côte d’Ivoire retient son souffle. Dans un climat marqué par des tensions politiques et sociales, une voix forte et inattendue s’est élevée depuis Man, au cœur de la région des montagnes. Ce 3 septembre 2025, ceux qui, hier, portaient les armes, ont choisi de s’adresser à la nation. Ils se font désormais appeler Ambassadeurs de la Paix de Côte d’Ivoire (APCI), une organisation qui prône la réconciliation et la non-violence.
Autour du thème : « Élection présidentielle 2025 sans effusion de sang, ni morts », ces hommes, autrefois acteurs des heures sombres du pays, ont livré un message fort : transformer la colère en dialogue, la haine en fraternité, et les balles en bulletins de vote.
D’entrée de jeu, Koné Yanourga, président régional de l’APCI dans le Gbêkê et porte-parole du mouvement, a livré un témoignage bouleversant : « Nous qui vous parlons aujourd’hui avons autrefois tenu des armes. Nos mains, qui tiennent aujourd’hui ce micro, ont autrefois porté le poids du conflit. Nous avons connu la rage, la division et l’illusion que la violence pouvait être une solution. Aujourd’hui, nous sommes la preuve vivante que le changement est possible. Nous avons choisi la paix, non par oubli, mais par sagesse. Parce que nous avons compris que le vrai courage ne réside pas dans la destruction, mais dans la construction. »
Ces mots ont profondément marqué l’assistance. Dans un silence empreint de gravité, l’ex-combattant devenu bâtisseur de paix a rappelé le prix de la guerre et la nécessité de tout faire pour éviter que le pays ne sombre à nouveau dans la violence.
Face aux enjeux de cette présidentielle, les Ambassadeurs de la Paix ont lancé un appel solennel aux différents acteurs. Aux leaders politiques, ils demandent de privilégier le débat d’idées plutôt que les discours de haine et de division. À la jeunesse, ils recommandent d’« investir les bureaux de vote, pas les champs de bataille », car leur avenir ne doit pas être sacrifié sur l’autel des ambitions politiques. Aux citoyens, ils appellent à la vigilance et au refus des provocations, en privilégiant le dialogue au sein des communautés.
« Notre passé nous sert d’avertissement. Il nous rappelle brutalement ce que nous risquons de perdre : la stabilité, l’unité et des vies humaines. Notre avenir, nous le voulons serein, où les bulletins de vote auront définitivement remplacé les balles. »
Pour donner plus de force à leur engagement, l’APCI a annoncé une tournée nationale. Cette mission les conduira à rencontrer tous les partis politiques, leurs leaders et les structures locales, afin de prêcher la paix, la tolérance et la cohésion sociale dans chaque région du pays.
À leurs côtés, Fahe Judicaël, coordinateur régional de la Coalition nationale pour le sursaut (CONASU), a insisté sur l’importance de la maturité politique : « La Côte d’Ivoire est au-dessus de tous. Nous allons porter ce message fort et le faire entendre à tous les acteurs, quel que soit leur bord politique. »
Dans une atmosphère chargée d’émotion, M. Tode Koula, président national de l’APCI, a clôturé la rencontre en rappelant l’objectif ultime de ce mouvement : éviter à la Côte d’Ivoire de revivre ses blessures du passé. Il a exhorté chaque citoyen, du simple électeur aux plus hauts responsables, à prendre ses responsabilités pour garantir une élection apaisée et crédible. À Man, ce jour-là, l’espoir a repris des couleurs. L’espoir qu’une élection présidentielle puisse se dérouler sans effusion de sang, ni morts, grâce à l’engagement de ceux qui ont connu la guerre et qui, aujourd’hui, se dressent en remparts pour la paix.
Junior Oulai (Correspondant)