Man : Plusieurs quartiers sous les eaux, d’importants dégâts matériels

La forte pluie qui s’est abattue sur la ville de Man dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 septembre a laissé d’énormes séquelles dans plusieurs quartiers. Ce jeudi matin, nous nous sommes rendus sur les lieux sinistrés pour constater l’ampleur des dégâts. C’est par le quartier Doyagouiné 1 que nous avons entamé notre visite. Ce quartier est méconnaissable, avec plusieurs habitations englouties par les eaux. Certains riverains, pour sauver leur vie et celle de leurs enfants, ont dû se réfugier chez des voisins.
« Nous avons été réveillés par la forte pluie hier (mercredi 3 septembre). Dès lors, nous avons commencé à sauver quelques meubles et réveillé les enfants pour aller chez des voisins. Cela fait plus de dix ans que nous vivons la même situation. Quand il pleut fort, nous sommes obligés de quitter les lieux car nos maisons n’y échappent jamais. Cette situation dure depuis trop longtemps », témoigne dame Traoré, qui a trouvé refuge avec ses enfants chez un voisin depuis la nuit précédente.
Toujours à Doyagouiné 1, Makinde Yusuf, l’un des anciens du quartier, explique la persistance de ce problème. « Depuis l’indépendance, nous avons ce pont, pratiquement au goudron. Mais jamais de véritables travaux de rénovation n’ont été effectués. Quand il y a une forte pluie, c’est la catastrophe. Le trou par lequel l’eau devrait s’évacuer est bouché, ce qui provoque le retour d’eau vers nos habitations », déplore-t-il, tout en appelant les autorités à l’aide.
Non loin de là, le quartier Sari n’a pas non plus échappé au courroux des eaux. Plusieurs habitations ont été touchées. Meubles, appareils électroménagers et tout ce qui est sensible à l’eau ont été endommagés. Les quelque biens sauvés par certains riverains sont entreposés en attendant la décrue. Tia Emma, habitante du quartier, est encore sous le choc : « Nous sommes bouleversés par ce qui se passe. Quand l’eau du “Cô” sort de son lit et qu’elle coïncide avec une forte pluie, nous sommes obligés de chercher refuge ailleurs. À deux reprises, j’ai dû loger ma famille à l’hôtel, le temps que l’eau se retire. Tout cela est dû au pont bouché. Il faut absolument un drainage, sinon nous ne nous en sortirons jamais ».
Après le quartier Sari, nous avons fait un tour au cimetière de Man. L’accès est totalement bloqué par les eaux, rendant tout passage impossible. L’inondation a également touché les maisons et bureaux environnants, comme celui de l’association Asbl Kouady. Son responsable, Gbeuli Patern, est désespéré. « À chaque forte pluie, nous prions pour que l’eau n’envahisse pas nos locaux. Depuis hier, nous n’avons pas pu travailler. De la cour au bureau, tout est inondé. C’est une journée entière de travail perdue à cause de cette situation. Nous appelons vivement les autorités et les cadres de Man à se pencher sérieusement sur ce problème. Sans passage pour l’eau, nous, habitants et riverains, sommes les principales victimes », lance-t-il.
Nous nous sommes ensuite rendus dans un autre quartier important de la ville, Domoraud. Là encore, au niveau du pont reliant Domoraud à Dioulabougou, la voie est totalement obstruée, les eaux entrant jusque dans les cours. Dans ce même quartier, le secteur Salgbai est également sous les eaux. Plusieurs habitations sont submergées. Les riverains, certains en larmes, d’autres hagards et impuissants, lancent un appel à l’aide. « À ce rythme, nous serons contraints de quitter le quartier qui nous a vu naître, en laissant tout derrière nous. Mais où aller et avec quels moyens ? Nous sommes à bout de souffle. À chaque pluie, la rivière Domoraud sort de son lit et envahit nos maisons. Les dégâts sont énormes, et à chaque fois, nous devons tout reprendre de zéro. Nous sommes épuisés, il faut que cette situation trouve enfin une solution », supplie dame Doumbia.
De l’autre côté de la ville, le quartier Kennedy, l’un des plus populaires de Man, n’a pas été épargné. L’eau en provenance de Gloglouin a débordé, envahissant plusieurs maisons et coupant totalement la voie. Dans tous ces quartiers sinistrés, on dénombre d’importants dégâts matériels et plusieurs centaines de personnes sans abri. Heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée. Joint par téléphone, le 5e adjoint au maire, chargé des routes, actuellement en déplacement, a assuré que des mesures urgentes sont en cours pour pallier rapidement cette situation. En attendant, les populations sinistrées s’en remettent à Dieu, car la saison des pluies est encore loin d’être terminée.
Junior Oulai (Correspondant)