Liberté de manifester : Quand la Côte d'Ivoire tourne la page de la répression

Liberté de manifester : Quand la Côte d'Ivoire tourne la page de la répression
La Côte d'Ivoire sous Alassane Ouattara est redevenu un état des droits de l'homme

Le samedi 14 juin, le PDCI-RDA et ses alliés au sein de la plateforme Cap-Côte d’Ivoire ont battu le pavé pour exiger la réintégration du président Tidjane Thiam sur la liste électorale, après sa radiation. Munis de pancartes et scandant des slogans en soutien à leur leader, les manifestants sont partis de l’espace Sococé à Cocody, pour rallier le siège de la Commission électorale indépendante (CEI), situé au carrefour Duncan, aux Deux-Plateaux. Le tout s’est déroulé sous la supervision des forces de l’ordre. Au-delà de la revendication politique, cette marche pacifique illustre la vitalité démocratique actuelle du pays. Elle marque une rupture nette avec les pratiques répressives du passé. En effet, il fut un temps – sous les régimes précédents du PDCI et du FPI – où manifester relevait de la témérité. Les rassemblements étaient régulièrement interdits ou violemment dispersés, parfois au prix de vies humaines. L’histoire se souvient notamment de la marche du RDR, le 27 octobre 1999, organisée pour dénoncer la caporalisation des médias publics. Comme celle du PDCI ce 14 juin, elle visait la remise d’une pétition – en l’occurrence à la RTI. Mais elle fut brutalement réprimée, et les dirigeants du RDR emprisonnés. Sous le régime de Laurent Gbagbo, la répression n’a pas faibli. En 2010, à Divo, le président d’alors exhortait même les forces de l’ordre à agir sans ménagement : « Matez tous ceux qui sèment le désordre, et après on réfléchira. Matez, matez tous ceux qui sont contre la République », avait-il lancé à la CRS. Aujourd’hui, la situation a changé. Sous l’actuel régime du RHDP, la liberté d’expression s’exerce dans les faits. L’opposition peut manifester, circuler librement à travers le pays, et exprimer ses revendications, souvent même avec un encadrement policier. La marche du 14 juin apparaît ainsi comme le symbole d’une Côte d’Ivoire où le droit de manifester est devenu une réalité concrète, et non un simple slogan.

 

Rahoul Sainfort