PDCI :Ignorer la loi n’est pas une défense recevable

PDCI :Ignorer la loi n’est pas une défense recevable

Dimanche 27 juillet, sur le plateau d’Afo Média, le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, a créé la surprise. Interpellé par le journaliste Alain Foka sur sa compréhension de l’article 48 du code de la nationalité ivoirienne — celui-là même qui énonce qu’un citoyen ivoirien ayant volontairement acquis une nationalité étrangère perd automatiquement la sienne —, l’ancien patron du Crédit Suisse a répondu, avec un aplomb désarmant : « Je ne le connais pas. Je ne connais pas la Constitution ivoirienne, je ne connais pas le code de la nationalité ivoirienne par cœur. » Avant de qualifier cet article d’« aberration ». Une déclaration grave. Pas tant pour son ignorance — encore que —, mais pour ce qu’elle révèle de l’approche d’un homme qui aspire à la magistrature suprême sans maîtriser les fondements légaux de la République. Car nul n’est censé ignorer la loi. À plus forte raison lorsqu’on prétend la faire respecter, l’incarner, voire la réformer. Et dans cette République, la loi ne date pas d’hier. L’article 48 du code de la nationalité ivoirienne existe depuis 1961, à une époque où le PDCI régnait sans partage sous la houlette du Président Félix Houphouët-Boigny. Le dénoncer aujourd’hui comme une absurdité revient à jeter un discrédit sur l’architecture juridique bâtie par le fondateur du parti lui-même. Plus préoccupant encore : cette posture semble vouloir faire passer la méconnaissance pour un argument, l’ignorance pour une ligne de défense, comme si le fait de ne pas savoir exonérait de toute responsabilité. Mais le droit est clair : nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. En d’autres termes, celui qui s’est volontairement placé en infraction ne saurait en tirer bénéfice. Or, en acceptant une nationalité étrangère, sans se soucier des implications constitutionnelles, Tidjane Thiam a franchi une ligne que la loi, souveraine, encadre avec rigueur. Cet épisode pose une question plus large, essentielle à quelques mois de la présidentielle : la Côte d’Ivoire peut-elle confier son destin à un homme qui découvre la Constitution à mesure qu’il avance vers le pouvoir ? Si la réponse est juridique, elle est aussi morale. La présidence n’est pas une aventure hasardeuse, encore moins un concours d’oubli. Elle suppose une rigueur, une connaissance intime des textes et une fidélité aux principes républicains. Pas une défiance feinte ni une désinvolture médiatique. Ce pays a trop souffert de violations de la loi pour tolérer que certains veuillent la relativiser quand elle ne les arrange pas. À ceux qui aspirent à gouverner, il faut rappeler qu’avant de promettre un futur, il convient de respecter l’héritage juridique et institutionnel qui fonde notre vivre-ensemble. Ce n’est pas une option. C’est un impératif.

 

Rahoul Sainfort